Comment faire face aux obsessions pures ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Escaño Hidalgo
Le trouble obsessionnel compulsif est une catégorie diagnostique réservée aux cas dans lesquels le patient manifeste des obsessions pures et des compulsions. Dans certains cas moins répandus, ces patients peuvent venir à la clinique avec des symptômes uniquement basés sur des obsessions.
C’est ce qu’on appelle le TOC pur ou les obsessions pures. Les obsessions peuvent se définir comme des pensées, des impulsions ou des images récurrentes et persistantes qui sont ressenties, à un moment donné du trouble, comme intrusives ou indésirables. Et qui, chez la plupart des sujets, provoquent de l’anxiété ou un inconfort important.
La personne qui souffre d’obsessions, en raison de l’inconfort intense qu’elles génèrent, essaie par tous les moyens d’ignorer ou de supprimer ces pensées, impulsions ou images. Ou de les neutraliser avec une autre pensée ou un autre acte, c’est-à-dire en forçant.
Les compulsions conduisent généralement à un soulagement à très court terme. L’anxiété ou la tension découlant des obsessions se renforce négativement par un comportement compulsif.
Cette contrainte maintient le problème et finit par devenir chronique. Car le patient apprend que c’est le seul moyen disponible pour se débarrasser de l’anxiété et des pensées désagréables qui habitent son esprit.
Les contraintes ne sont généralement pas liées de manière réaliste au fait que ce qui est redouté ne se produit pas ou est clairement excessif. Par exemple, une patiente peut croire que si elle tapote trois fois la porte en sortant et en entrant dans sa maison, son mari n’aura pas d’accident de la route sur le chemin du travail.
Les patients qui ne manifestent pas ce type de symptômes, c’est-à-dire qui n’ont pas recours à des compulsions pour atténuer leur inconfort, sont plus complexes. Le traitement des obsessions pures est plus difficile, mais des techniques psychologiques sont actuellement disponibles pour y remédier.
La clé est l’accoutumance
Le fait que les obsessions se renforcent de manière négative lors de la pratique de la contrainte conduit à l’impossibilité de s’habituer à l’anxiété ou à la peur qu’elles génèrent.
Par conséquent, cela alimente les obsessions. Et en les nourrissant progressivement, elles grossissent. De même, dans les troubles obsessionnels purs, le traitement est basé sur l’habituation. Pour que cela se produise, il est essentiel de procéder à une exposition aux obsessions elles-mêmes.
Régulièrement, l’exposition est aversive pour les patients. L’exposition avec prévention de la réponse peut entraîner un rejet important et même l’arrêt du traitement. C’est l’un de ses inconvénients. Cependant, à ce jour, les preuves empiriques nous montrent que ce sont les traitements qui rapportent le plus de succès thérapeutique chez la majorité des patients qui parviennent à les compléter.
Afin de préserver cet inconvénient, il est essentiel de s’adapter à la capacité du patient à tolérer l’anxiété. Et à respecter la fenêtre thérapeutique qui permet l’habituation, mais sans devenir trop terrifiante.
Le but, enfin, est que la personne s’expose à ses pensées ou à ses images. De telle sorte que, volontairement, elle doive les sortir et les regarder. La formation à l’accoutumance découle de la recherche de Salkowskis et Westbrock.
Elle se réalise généralement sur une bande audio. Le patient enregistre ses obsessions pures et les écoute à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il s’y habitue. La prévisibilité des stimuli auxquels le sujet est exposé est le facteur clé du traitement. Grâce à l’enregistrement, le patient peut prédire ce qu’il entendra. Contrairement à ce qui se passe avec des obsessions pures qui ne sont pas imprévisibles.
En plus de l’enregistrement audio, on peut avoir recours à d’autres stratégies pour présenter des pensées de façon prévisible. Evoquer délibérément des pensées en les racontant en séance ou en les écrivant et en les relisant jusqu’à ce que l’anxiété disparaisse.
Il est nécessaire d’expliquer en détail au patient comment fonctionne l’anxiété et comment l’habituation suit une courbe. Dans laquelle elle augmente d’abord, mais à un moment donné, elle commence à décliner. La psychoéducation facilite l’adhésion au traitement et favorise la relation thérapeutique.
La courbe d’anxiété des obsessions pures
La courbe caractéristique de l’anxiété a une forme de “U inversé”. Comme nous l’avons déjà souligné, lorsqu’une personne est exposée à ses peurs (soit à travers des images, en direct ou dans le cas d’un trouble obsessionnel compulsif pur par enregistrement ou par écrit), elle éprouve une augmentation substantielle de l’anxiété.
Ce moment est essentiel car le patient pense qu’il est pire, il se sent beaucoup plus anxieux. Mais cette méchante montée se termine. Physiologiquement et inévitablement, la montée de l’anxiété a une limite.
Lorsque cet inconfort atteint son maximum et si le patient n’effectue aucun rituel, comportement de sécurité ou tout autre type d’évitement, l’anxiété diminuera progressivement. Pourquoi cela se produit-il ? Premièrement, au niveau émotionnel, l’anxiété ou toute autre émotion augmente de façon linéaire. Ce n’est pas le schéma caractéristique. Il n’y a eu aucun cas où l’émotion monte au point de tuer qui que ce soit. Bien au contraire.
D’un autre côté, le simple fait de prendre conscience que nos cognitions sont biaisées ou irréalistes nous permet de les modifier par des méthodes beaucoup plus modérées, avec lesquelles l’anxiété commence à perdre les ancrages qu’elle cultivait.
En fin de compte, l’essentiel est d’empêcher le patient qui va s’exposer à ses obsessions ou à tout autre stimulus qui lui cause de l’anxiété de savoir que rester et persévérer est la clé du succès. En fait, de courtes expositions peuvent produire un effet iatrogène. Par lequel le patient non seulement ne surmonte pas sa peur, mais l’augmente.
Tolérer l’anxiété, malgré l’inconfort qui peut dériver d’une exposition, est le moyen crucial pour vaincre ces coups de fouet mentaux appelés obsessions pures.
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