Comment éviter qu'une préoccupation ne devienne une obsession
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Comment éviter qu’une préoccupation ne devienne une obsession ? Il y a des moments où certaines idées affectent notre vie quotidienne, tel le pivert qui frappe le tronc d’un arbre encore et encore. Nous ne parvenons pas arrêter de penser à certaines choses. Nous leur donnons valeur et présence dans l’esprit d’une manière orageuse sans pouvoir l’éviter, sans pouvoir éviter ce flux de pensées.
Ce serait si simple de parvenir à faire ce que l’on nous conseille: “bon arrête de penser à ça et c’est tout”, ou mieux encore ” ne donne pas d’importance à ce qui te préoccupe”. Or, le cerveau est comme une usine qui ne se repose jamais. Il suffit qu’on dise « je ne vais pas penser à un éléphant rose » pour que, comme nous le savons bien, on le visualise.
Alors comment désactiver ces processus psychologiques épuisants ? Il existe des techniques très efficaces pour juguler les préoccupations pathologiques.
Nous vivons dans une société qui utilise la préoccupation obsessionnelle comme mécanisme d’adaptation à tout problème. Cependant, la clé n’est pas de “s’inquiéter beaucoup”, mais de penser correctement.
Des clés pour éviter qu’une préoccupation ne devienne une obsession
Un dicton suédois dit que la préoccupation a le pouvoir de projeter de grandes ombres sur de petits objets. C’est certain. Cependant, comment ne pas se préoccuper si l’on vit dans une réalité exigeante et pleine d’ incertitudes ? La réalité est que nous avons le droit de nous inquiéter, mais nous devons le faire correctement, c’est-à-dire diriger tout cet effort mental pour résoudre ce qui nous ôte notre calme.
Comme dirait Viktor Frankl, lorsque nous sommes confrontés à une situation défavorable, il est de notre devoir d’y faire face et de la transformer. Si ce n’est pas possible, l’étape suivante consiste à l’accepter. Quelque chose d’aussi logique et évident ne peut se réaliser que par une approche calme, réaliste et centrée. S’il s’agit de quelque chose d’indicible à réaliser, c’est pour plusieurs raisons.
Des articles de recherche, tels que ceux réalisés au King’s College de Londres et à l’Université d’Australie occidentale, recueillent des données qui soutiennent l’idée qu’une grande partie de nos préoccupations sont basées sur des biais cognitifs. De nombreuses personnes pensent qu’en s’inquiétant elles ont ou montrent qu’elles ont un plus grand contrôle. Si elles cessent de le faire et se détendent, elles craignent d’être surprises par l’inattendu.
Il est temps de modifier ces idées, ces préjugés. Voyons comment éviter qu’une préoccupation ne devienne une obsession.
1. Comprendre comment fonctionne le mécanisme d’inquiétude
La préoccupation répond à un objectif : augmenter notre activation pour pouvoir agir face aux menaces qui nous entourent. Le but ultime est d’agir et pour cela il faut élaborer des solutions. Cependant, au lieu d’agir ou d’accepter une réalité concrète, nous amplifions encore plus les menaces stressantes.
Nous le faisons par la rumination, une sorte d’inquiétude persistante et répétitive qui, au lieu de chercher des réponses aux problèmes, pose davantage de questions. La rumination élève les émotions de valence négative et le mal-être. De sorte que nous tombons de plus en plus dans les dédales de l’anxiété.
Pour éviter qu’une préoccupation ne devienne une obsession, il convient de garder à l’esprit que nous stagnerons en alimentant la rumination, sans possibilité de résoudre le problème.
L’inquiétude, la rumination et l’obsession sont le résultat d’une boucle de rétroaction cérébrale orchestrée entre l’amygdale et le cortex préfrontal.
2. Accepter la pensée obsessionnelle, mais jouer son jeu
Il faut être clair là-dessus. Des phrases comme « je ne vais plus y penser » ou « ce sera la dernière fois que je m’arrêterai pour y penser » seront peu utiles. En effet, l’esprit revient toujours, comme le chiot qui court chercher sa balle pour jouer encore et encore. Les pensées sont automatiques et il n’est pas facile de les contrôler.
De sorte que le plus approprié est de les laisser, d’accepter qu’elles soient là. Des chercheurs de l’Université de Hambourg indiquent dans une étude que nous devrions voir ces pensées obsessionnelles comme des phénomènes mentaux qui vont et viennent. Elles sont comme le courant d’une rivière qui coule. Le plus important n’est pas de leur donner de l’importance ou de les renforcer. Si elles sont là, laissez-les partir comme elles sont arrivées.
3. Ne pas se juger, être compatissant envers soi-même
Le discours intérieur négatif qui nous juge et nous critique est comme le moteur qui alimente l’usine à préoccupations. Ce n’est pas la bonne chose à faire. Si nous voulons éviter qu’une préoccupation ne devienne une obsession, soyons gentils et compatissants envers nous-mêmes. Nous avons traversé beaucoup de choses dans cette vie, cela ne fait aucun doute.
Confions en notre expérience pour relever les défis qui se présentent à nous. Au lieu de nous inquiéter, prenons soin de ce qui nous préoccupe en entreprenant des changements, en pensant à de nouvelles formules pour résoudre les problèmes.
4. Faire des changements dans notre routine pour contrecarrer notre obsession
Si vous craignez de perdre votre emploi, commencez à chercher de nouvelles options d’emploi. Si vous êtes préoccupé par ce que l’avenir peut vous apporter, concentrez-vous sur le fait de commencer de nouvelles choses dans le présent. Faites-vous de nouveaux amis, commencez à étudier, apprenez quelque chose de différent… Tout cela est positif.
Les petits changements quotidiens sont de nouveaux stimuli pour l’esprit, de sorte que nous parvenons à le retirer du centre de l’obsession et de la préoccupation.
5. Sortir de notre univers obsessionnel et exprimer ce que nous ressentons
Sortez de votre esprit pour vous immerger dans votre vie. Comment y parvenir ? Il y a des ponts qui relient une étape et une autre qui peuvent être vraiment cathartiques. L’art sous toutes ses formes et dimensions est un mécanisme idéal pour éviter qu’une préoccupation ne devienne une obsession.
Peindre, dessiner, sculpter, tisser, coudre, composer, écrire… Autant de possibilités à même de nous aider à apaiser l’esprit, à lui permettre de dépasser son labyrinthe de préoccupation pour apprécier la vie. Chacun doit trouver son support, sa toile personnelle.
N’oublions pas de partager du temps avec des personnes qui savent écouter. Parler de ce qui nous inquiète et laisser sortir ce que nous avons à l’intérieur est également nécessaire et sain. Arrêtons de vivre dans nos îlots de solitude mentale où seule l’angoisse grandit et connectons-nous avec ce qui nous entoure de manière active et pleine d’espoir…
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