Anxiété flottante : le vide où vivent toutes mes peurs et mes incertitudes

Anxiété flottante : le vide où vivent toutes mes peurs et mes incertitudes

Dernière mise à jour : 29 août, 2017

Je ne crains rien en particulier, mais en réalité…tout me fait peur. Car l’anxiété flottante, c’est ça ; c’est l’incertitude qui guette et qui m’attrape, qui m’empêche de respirer et qui m’ôte mon envie de sortir de chez moi. C’est comme vivre seul-e dans une pièce sans fenêtres, c’est comme habituer de manière perpétuelle dans la coquille de mes inquiétudes, dans la pelote asphyxiante de mon désespoir irrémédiable…

Comme l’a dit Virginia Woolf dans ses journaux, la vie est un rêve, mais c’est le réveil qui nous tue. C’est comme si d’une certaine manière, arrivait un moment ponctuel dans notre vie où il fallait “se réveiller”, ouvrir les yeux face aux responsabilités, aux charges, au mouvement imparable de nos villes, à ce son parfois désaccordé des relations humaines… Ainsi, presque sans nous en rendre compte, on perçoit que tout ce mouvement non seulement nous dépasse, mais nous rapetisse.


“La peur est toujours disposée à voir les choses pire que ce qu’elles le sont.”

– Tito Livio –


Se réveiller et découvrir que parfois la vie fait mal et est difficile est quelque chose qu’expérimentent des milliers de personnes, sans aucun doute. Cependant, il y a quelque chose de bien plus complexe que vivent quotidiennement des milliers d’hommes et de femmes. Il d’agit d’une peur diffuse et sans forme, d’être attrapé-e dans un schéma comportemental d’inquiétude excessive et récurrente sur presque tout, sur presque chaque événement.

Ainsi, ce scénario émotionnel où ne grandit que l’incertitude chronique et le stress constant, donne forme à une manifestation clinique que l’on connaît sous le nom de “anxiété libre flottante” et qui à son tour fait partie du Trouble d’Anxiété Généralisée (TAG). Il faut également dire que nous sommes face à une réalité aussi usée que complexe, puisque contrairement à d’autres troubles, l’inquiétude et les réactions ne se concentrent pas sur une série d’aspects ponctuels, mais concerne tout.

Le Trouble d’Anxiété Généralisée pourrait se résumer en une phrase aussi simple que contondante : “je pense toujours à quelque chose de mal qui pourrait m’arriver”.

L’anxiété flottante : la peur irrationnelle, la peur non adaptative

Adrien a 35 ans, et après 10 ans de relation, sa compagne vient de le quitter. Elle est tombée amoureuse de quelqu’un d’autre, et même si, en apparence, notre protagoniste semble aller bien, son entourage le plus proche perçoit certains aspects notables. S’il est vrai qu’Adrien a toujours été un peu anxieux, depuis la rupture, il est excessivement obsédé par différentes choses, l’une d’elles étant la santé de ses parents : il craint que ces derniers ne tombent malades et ne meurent.

De plus, ses collègues de travail ont également remarqué certains détails. Adrien est architecte, et depuis un certain temps, il a commencé à être obsédé par l’idée de faire une erreur. Il est excessivement inquiet à l’idée de bien faire son travail et que quelque chose de mal n’arrive sous sa responsabilité. Il craint aussi de ne pas pouvoir payer son hypothèque, d’où le fait qu’il anticipe déjà quelles issues il devrait considérer de prendre si une telle chose se produisait. Cependant, rien de tout cela n’est jamais arrivé.

Si on a pris l’exemple de cet homme imaginaire, c’est pour une raison très concrète. On estime que le Trouble d’Anxiété Généralisée, et en essence, cette peur flottante qui imprègne presque chaque aspect de la vie de ces patient-e-s, affecte en grande partie les femmes. Cependant, les informations nous disent aussi quelque chose de très important : presque 60% des personnes affectées ne reçoivent pas de traitement ou n’osent pas se faire aider, la plupart de ces personnes étant des hommes.

 Pourquoi tout m’inquiète ? Pourquoi je vis dans cet abîme d’incertitudes et d’angoisses ?

Pour comprendre un peu mieux ce trouble, et en essence, cette manifestation clinique qu’est l’anxiété flottante, on doit comprendre d’abord quelle fonction a la peur dans notre vie : se préparer à réagir face à une menace “réelle”, est un mécanisme adaptatif affiné et exceptionnel qui nous permet de survivre. Cependant, qu’arrive-t-il quand cette peur expérimentée n’a rien d’une menace réelle ?

Et plus encore… Que se passe-t-il si arrive un moment où cette crainte, cette angoisse imprègne chaque point de notre vie ? Ce qui arrivera, c’est que l’on restera échoué-e dans une dimension parallèle digne du pire cauchemar. Car il n’y a rien de pire que de vivre dans la peur.

De possibles causes

Beaucoup de scientifiques et neuro-psychiatres le savent bien : le TAG est un syndrome différent des autres. Ainsi, selon les chercheur-e-s de la faculté de Médecine de l’Université de Stanford, cette anxiété flottante est due à un dysfonctionnement dans différentes parties du cerveau, l’une d’entre elles étant l’amygdale.

N’oublions pas que l’amygdale, cette petite structure de la taille d’une amande, mesure nos émotions, notre mémoire et notre perception de la peur. A un moment donné, et pour des raisons que l’on ignore, les circuits qui conforment cette région cérébrale affinée s’altèrent, et avec eux, l’ordre et l’équilibre de notre vie.

Comment traiter le Trouble d’Anxiété Généralisée ?

Comme cela arrive toujours dans le traitement de l’anxiété, deux approches sont nécessaires au moment d’aborder cette condition clinique. La médication, pour sa part, réduit les symptômes et pose à son tour les conditions nécessaires pour que la psychothérapie soit bien plus efficace.


“La catastrophe qui t’inquiète tant résulte souvent moins horrible dans la réalité que ce qu’elle a pu l’être dans ton imagination.”

– Wayne W. Dyer –


Généralement, on utilise des médicaments basés sur l’inhibition sélective de la re-capture de sérotonine. Cependant, dans de nombreux cas, est également nécessaire l’administration de certains anti-dépresseurs (n’oublions pas que chaque patient-e est unique et que sa réalité personnelle exigera un traitement exclusif).

D’un autre côté, la thérapie cognitivo-comportementale et toutes ces thérapies basées sur la gestion du stress sont très efficaces pour réduire ces inquiétudes excessives provoquées par l’anxiété flottante. Grâce à elles, on apprendra des stratégies d’affrontement efficaces et on développera des comportements plus sains.

Pour conclure, il faut également signaler qu’il est important de s’intéresser à d’autres aspects de notre vie : avoir une alimentation équilibrée et pratiquer un sport ou une technique de méditation quelle qu’elle soit sont aussi des outils complémentaires pouvant nous permettre de dominer la peur et de focaliser un peu mieux notre attention sur ce qui est important, sur ce qui est essentiel, et ainsi d’apprendre à penser de manière correcte pour mieux vivre.

 

Images d’Agnès Cecile


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