César Borgia : biographie du Prince de Machiavel
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
César Borgia est l’une de ces figures de l’Histoire qui peut nous fasciner ou, au contraire, nous rebuter. Un enfant élevé pour servir le pouvoir de son père ambitieux, le pape Alexandre VI, tout comme sa sœur, Lucrèce. Son histoire est fascinante et, en même temps, terriblement cruelle.
Sa vie est le reflet d’une famille entourée d’intrigues. Une saga plongée jusqu’à l’os dans la corruption, l’assassinat et l’usurpation de pouvoir à tout prix. Tel était l’environnement et l’éducation qui ont eu une influence sur César Borgia.
Il ne fait aucun doute qu’il était un élève brillant, puisque tout cet investissement macabre a portéses fruits. César Borgia est entré dans l’Histoire comme symbole de l’immoralité, de la conspiration et de la cruauté sans limites.
Son père a su façonner à la perfection ce fils illégitime qui a servi de source d’inspiration au personnage du Le Prince de Nicolas Machiavel. Ce dernier a également donné son nom à un trait de personnalité rusée, manipulatrice et sans scrupules.
Dans cet article, nous faisons un bref rappel de sa vie. Nous nous intéressons à l’oeuvre de Machiavel pour finalement comprendre comment et pourquoi les histoires de trahisons, de crimes et d’empoisonnements affectent la psychologie.
Les premières années de César Borgia
Fils illégitime d’un cardinal d’origine valencienne, Rodrigo Borja sera plus tard érigé comme le pape Alexandre VI. Une fonction qu’il obtiendra grâce au népotisme et à la corruption.
L’enfance de César Borgia a été une leçon constante d’intrigues, de manipulations, d’alliances et de conspirations.
Certains de ses biographes racontent les manières de son père pour garantir la loyauté de ses enfants à la famille. Par exemple, le père avait pour habitude de forcer les premières relations sexuelles de ses fils avec leur sœur, Lucrèce.
Il défendait ainsi une pratique incestueuse en argumentant que la première relation sexuelle était celle qui déterminait l’appartenance et qu’elle forgerait des liens difficiles à rompre.
C’est dans ce contexte digne d’un roman que s’est déroulée l’adolescence de César et de sa sœur, Lucrèce. Ce fait a certainement créé un lien étrange entre eux, qui finirait, d’une certaine manière par exercer une influence sur leur propre destruction.
À seulement seize ans, il est nommé évêque de Pampelune (une ville du nord de l’Espagne). Et à vingt ans, il devient archevêque de Valence (Espagne) pour, peu de temps après, devenir cardinal.
Mais César Borgia ne va pas être relégué au milieu ecclésiastique. Il était fait pour la politique et les armes. Il finira par abandonner le poste de cardinal après l’assassinat de son frère aîné, probablement commis par César Borgia lui-même.
La vie adulte de César Borgia
Peu de temps après la mort de son frère, il réunit une armée de mercenaires dans laquelle se trouvait un certain Léonard de Vinci, l’un de ses ingénieurs. César avançait avec son armée sur les états italiens, en accroissant son pouvoir et en étendant la domination de son père. L’objectif était d’unifier l’Italie sous la direction de la famille Borgia.
Ses stratégies passaient par l’épée ou la fraude. Il était aussi habile pour donner la mort que pour conquérir ses amis et signer des alliances. Il assassinait quiconque qui se mettait sur son chemin. En outre, il inventait de nouvelles lois pour son bénéfice insolent.
Il a su se faire aimer et se faire haïr à la fois. Il couvrait souvent son visage avec un masque. Cela renforçait ce halo de mystère dont il aimait s’entourer. On pense qu’il utilisait cette pratique, en réalité, pour dissimuler les traces sur son visage laissées par plusieurs infections sexuellement transmissibles.
À la chute de son père, mort empoisonné, César Borgia est emprisonné à Castilnovo par Gonzalo Fernandez de Cordoba, le Grand Capitaine. Ce dernier le transporte en Espagne et le fait emprisonner au Château de La Mota à Valladolid.
Mais César Borgia réussit à s’échapper de la prison et fuit en Navarre. Ce lieu le conduira à la mort à la suite de blessures de combat. Ses restes sont enterrés à Viana.
Nicolas Machiavel et Léonard de Vinci
Le Prince de Nicolas Machiavel est pour beaucoup inspiré de la figure de César Borgia. Dans cette oeuvre, Machiavel idéalise cette figure historique et l’utilise comme exemple pour l’idéal de l’exercice de la politique. Un exercice qui, selon Machiavel, n’a pas à répondre à la morale et ne doit répondre qu’aux lois du pouvoir.
Et il semble que César Borgia n’a pas seulement été le modèle de Machiavel. On dit que Léonard de Vinci s’est inspiré du physique attractif de César Borgia pour peindre la figure de ses Christ. Même Michel-Ange, jaloux des portraits que peignait De Vinci, a utilisé les mêmes caractéristiques physiques pour récréer le Christ.
Le machiavélisme et la triade noire de la personnalité
En psychologie, le machiavélisme est un terme qui fait référence à un trait de la personnalité. Ce terme renvoie à des personnes qui utilisent les autres pour parvenir à leurs fins. Et pour cela, ils n’ont aucun problème à manipuler et à exploiter les autres à leur guise.
La personnalité machiavélique est donc une personnalité manipulatrice et stratège. Elle se différencie des narcissiques ou des psychopathes qui sont des personnes plus fuyantes et plus cognitives qu’émotionnelles.
Néanmoins, comme dans la plupart des œuvres des grands penseurs, il ya plusieurs interprétations pour Le Prince. La version avancée ici est la plus répandue, mais ce n’est pas la seule lecture possible.
Plusieurs chercheurs ont interprété l’oeuvre de Machiavel. Certains y ont vu des traits qui vont au-delà de la lecture traditionnelle. C’est pour cette raison que cette œuvre est une lecture complexe et intéressante. Elle se prête à plus d’une lecture. Bien sûr, la figure de César Borgia idéalisée est facilement identifiable. Cependant, il est intéressant de lire l’oeuvre avec attention et essayer de l’analyser.
Narcissisme, psychopathie et machiavélisme sont des termes qui, parfois, sont confondus en raison de leurs traits relativement similaires. Ce sont les trois types de personnalité qui conforment la “triade noire”.
C’est un concept psychologique qui englobe un ensemble de traits qui agissent sur le même axe : égocentrisme, manque d’empathie et égoïsme. Une bonne manière de comprendre ce qu’est le machiavélisme est de consulter directement l’oeuvre qui lui en a donné le nom.
Au-delà du Prince, il est certain que la figure de César Borgia est réellement fascinante. Se plonger dans son histoire suppose d’ouvrir les portes vers des mondes obscurs et secrets qui, loin d’appartenir à la fiction, font partie de l’Histoire. Haï et admiré, nous pouvons dire que César Borgia ne laisse personne indifférent.
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