Cerveau réactif : quand tout anticiper apporte de la souffrance

Les effets de l'anxiété sont souvent le résultat d'un esprit qui ne voit que les problèmes et ne sait pas comment les gérer. Un tel esprit peut être la conséquence d'un cerveau réactif qui possède des caractéristiques uniques.
Cerveau réactif : quand tout anticiper apporte de la souffrance
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Le cerveau réactif orchestre, facilite et active les mécanismes de l’anxiété. Cette façon de penser et de traiter l’information nous met en alerte en anticipant des risques qui souvent n’existent même pas. De même, ce type d’approche est ce qui fait que nos émotions nous submergent, que nous manquons d’initiative et même que nous sommes plus impulsifs.

Viktor Frankl a souligné avec une grande sagesse que lorsque nous ne pouvons pas changer une situation qui nous cause de la douleur ou de l’inconfort, nous pouvons changer notre attitude à l’égard du problème pour réduire la souffrance. Ce genre de stratégie et d’ingénierie mentale ne peut pas être mis en œuvre par quelqu’un avec un cerveau réactif.

Cette capacité à changer de regard sur la réalité est celle d’une personne proactive. Malgré le fait que le terme de proactivité ait été rattaché ces dernières années au domaine du leadership et de la psychologie du travail, ce concept émane de la santé et de l’équilibre psychologique. L

Chacun de nous a la capacité de passer de la réactivité à la proactivité pour gérer efficacement l’adversité. Approfondissons.

L'activité du cerveau réactif.

Un cerveau réactif, à quoi cela ressemble ?

Le cerveau réactif est lié à un type très particulier de traitement cognitif. C’est lui qui voit les changements comme des menaces et qui répond aux stimuli en anticipant de la pire façon : avec angoisse ou de manière impulsive.

Les neuroscientifiques ont passé des années à essayer de comprendre les bases neurologiques de l’anxiété. Ainsi que ce que nous appelons maintenant l’esprit hyper-réactif.

Certaines études, comme celle menée en 2018 par le Dr Alexander Olsen, professeur au département de psychologie de l’Université norvégienne des sciences et technologies, révèlent des faits intéressants qui méritent d’être connus. Voyons cela de plus près.

Penser de manière proactive et hyper-réactive, quelle est la différence ?

Le cerveau humain peut traiter l’information, raisonner et diriger notre comportement en fonction de deux mécanismes de base : la proactivité et l’hyper-réactivité. Quelle est la différence ?

  • Le système proactif part de l’intelligence fluide. Ce type de raisonnement est le résultat de notre capacité à résoudre des problèmes en utilisant la logique et en identifiant des modèles, en pensant de manière plus réfléchie.
  • Le système réactif du cerveau est plus impulsif et doit répondre rapidement aux stimuli environnementaux. Il le fait ainsi parce que, souvent, il part de la peur, de ce système d’alarme qui active l’amygdale et nous invite à réagir avant de penser.

Nous utilisons ces deux modes de pensée. Le système réactif nous est utile pour agir face aux risques et menaces dans l’environnement. L’approche proactive, quant à elle, nous permet de prendre de meilleures décisions et de gérer plus efficacement le stress quotidien.

Le problème survient lorsque nous nous limitons à utiliser cette première approche. Lorsque le cerveau réactif orchestre presque toutes les situations. C’est alors que nous dérivons dans un état d’anxiété constant.

Le cerveau réactif et la matière blanche

L’équipe du Dr Alexander Olsen a mené son étude en collaboration avec l’Université de Californie du Sud au Stevens Institute for Neuroimaging and Informatics. Le but était de voir quels mécanismes favorisent et façonnent le cerveau réactif. Ce que l’on peut voir à travers les IRM, c’est que la pensée fluide et proactive active la substance blanche.

En revanche, les personnes qui raisonnent de manière réactive avaient une densité plus faible de substance blanche dans le cerveau. Rappelez-vous, il s’agit de cette zone constituée d’un réseau large et complexe d’axones myélinisés, essentiels aux communications cérébrales. Elle est égalementessentielle à la connexion entre les hémisphères gauche et droit.

En substance, lorsque quelqu’un s’habitue à répondre à son environnement de manière réactive, il entre dans un état d’hypervigilance constante. Il ne perçoit que les menaces et anticipe davantage de problèmes. Ces situations ont un grand impact sur le cerveau, elles le modifient au point de désorganiser ce réseau qui compose la matière blanche.

Le cerveau réactif et proactif.

Comment passer de la réactivité à la proactivité ?

Le cerveau réactif ne peut pas être désactivé, tout comme nous ne pouvons pas éliminer complètement le raisonnement réactif de notre esprit. Cette manière de traiter le monde nous est parfois utile et nécessaire. Elle est utile quand il y a des menaces dans notre environnement.

L’idéal est que la réactivité soit activée à des occasions bien précises. Au-delà de ces situations, c’est l’état d’esprit proactif qui servira de médiateur à notre bien-être en réduisant les états d’anxiété. Comment le développer ou l’activer avec plus d’intensité ? Voici quelques stratégies :

  • Edward de Bono a défini la pensée proactive comme ce mécanisme par lequel on se limite à laisser les choses se produire. C’est devenir des agents actifs de notre réalité.
  • La gestion émotionnelle et le contrôle des impulsions sont essentiels et nécessaires dans tous les cas.
  • Nous devons développer un état d’esprit plus réfléchi, également ouvert à de nouvelles perspectives. La rigidité mentale conduit toujours à la réactivité et à la peur.
  • La pensée est également déterminée par notre attitude et par la façon dont nous affrontons les choses. Être positif, mais réaliste à la fois est une approche efficace.
  • Il faut aussi savoir tolérer la frustration et se faire confiance. Même si les choses vont mal, nous avons tous les ressources pour qu’elles aillent mieux.
  • L’exercice nous permet également d’oxygéner et de nourrir plus facilement cette zone importante du cerveau qu’est la substance blanche.

En somme, il est très facile de tomber dans la prison d’un cerveau réactif qui n’anticipe que les dangers et les menaces. Il est ainsi décisif de savoir concevoir des plans. Si quelque chose nous inquiète, concevons un plan pour relever ce défi. Soyons proactifs.


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    • Alexander Olsen, Emily L. Dennis, Kari Anne I. Evensen, Ingrid Marie Husby Hollund, Gro C.C. Løhaugen, Paul M. Thompson, Ann-Mari Brubakk, Live Eikenes, Asta K. Håberg. “Preterm Birth Leads to Hyper-Reactive Cognitive Control Processing and Poor White Matter Organization in Adulthood.” NeuroImage. Volume 167, 15 February 2018, Pages 419-428. DOI: 10.1016/j.neuroimage.2017.11.055
    • Martin Wohlwend, Alexander Olsen, Asta K. Håberg, and Helen S. Palmer. “Exercise intensity-dependent effects on Cognitive Control Function During and After Acute Treadmill Running in Young Healthy Adults.” Frontiers in Psychology (2017) DOI: 10.3389/fpsyg.2017.00406

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