ASMR : plaisir et relaxation pour ceux qui en font l'expérience

Avez-vous déjà entendu parler du ASMR ?
ASMR : plaisir et relaxation pour ceux qui en font l'expérience
Andrés Navarro Romance

Rédigé et vérifié par Psychologue Andrés Navarro Romance.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Quand j’étais enfant, lorsque des personnes se trouvant près de moi réalisaient certaines actions qui s’accompagnaient de sons particuliers et d’une certaine répétitivité, je restais souvent immobile, presque en transe. Une agréable sensation de fourmillement éclatait alors dans ma tête, mais j’ignorais ce que c’était. Je savais juste que j’aimais beaucoup en faire l’expérience. Avec le temps, j’ai découvert que ce phénomène était connu sous le nom d’ASMR (Autonomous Sensoy Meridian Response).

Il s’agit d’une réponse sensorielle culminante autonome ou, pour le dire plus simplement, un orgasme cérébral. Approfondissons ce sujet. 

Le grand intérêt pour l’ASMR

Jusque là, je pensais ressentir quelque chose d’unique, qui m’appartenait. Une chose aussi inexplicable qu’irrésistible. Quand je demandais à mes amis “Il ne vous arrive jamais de rester comme ébahi et de ressentir quelque chose de très fort dans votre tête?”, ils ne me répondaient que par des moqueries. C’est pour cela que j’ai décidé de garder ce fait étrange pour moi.

Aujourd’hui, et en partie grâce à la capacité de diffusion et d’interconnectivité des réseaux sociaux, ce phénomène psychophysiologique -qui, à ma grande surprise et à mon grand soulagement, a cessé de “m’appartenir”- a acquis le nom d’ASMR ou orgasme cérébral.

ASMR

Les recherches

Sa découverte n’a fait que renforcer les études menées à son sujet et a suscité un immense intérêt public. De plus en plus de personnes cherchent des informations sur l’ASMR, même si l’on ne connaît pas encore ses origines. Car il n’y a rien de mieux que de trouver d’autres personnes avec qui l’on peut partager quelque chose, que ce soit une caractéristique, une activité ou, tout simplement, un certain intérêt pour un sujet concret.

Pour illustrer cet intérêt croissant, nous pouvons par exemple songer au grand nombre de vidéos de Youtube sur l’ASMR, de hashtags, de blogs, d’articles, d’associations, de podcasts, de reportages et même de recherches académiques. Comme nous pouvons le voir, ce que nous connaissons populairement sous le nom d’orgasme cérébral est une réalité indiscutable qui peut aussi bien susciter du plaisir que traiter l’anxiété, le mal de notre siècle.

Ainsi, selon les recherches qui ont été effectuées, l’ASMR est une propriété intrinsèque du cerveau de nombreuses personnes -mais pas de toutes- qui retrouvent en elle un moyen simple et thérapeutique pour se relaxer et faire l’expérience de sensations corporelles très agréables.

“L’ASMR ressemble à la relaxation profonde qu’une personne peut ressentir lorsqu’on lui fait un massage.”

-Prof. Craig Richard, Shenandoha University (Virginia)-

ASMR : origine et sens

ASMR est l’acronyme anglo-saxon employé pour désigner la réponse sensorielle autonome culminante (Autonomous Sensory Meridian Response, dans sa dénomination originelle).

Cette réponse est surtout provoquée par des stimulus visuels ou auditifs très spécifiques. La réception intentionnelle de l’attention fournie par une autre personne peut aussi fonctionner en tant qu’élément déclencheur. Ce fait est cependant beaucoup moins habituel.

Par ailleurs, si nous analysons un par un les composants de l’acronyme, nous pouvons définir les facteurs de base de ce phénomène :

  • Autonome : spontané, libre, avec ou sans contrôle de notre part
  • Sensorielle : phénomène relatif aux sens, à ce que l’on perçoit
  • Culminante : cela fait référence au point le plus élevé possible
  • Réponse : une expérience déclenchée par un agent interne ou externe

Un fourmillement inévitable et une relaxation qui se fait sans le moindre effort

Commençons par faire la différence entre le plaisir sexuel et ce type de plaisir. Celui qui nous concerne est décrit comme “un fourmillement qui commence dans la nuque et descend progressivement ou une vague de frissons qui émerge et descend chaque fois qu’un élément déclencheur fait son effet”.

Ainsi, dans un article publié dans le prestigieux The New Yorker, nous retrouvons une définition encore plus descriptive : “[L’ASMR] surgit du son tranquillisant d’une voix qui murmure ou du léger contact d’un vêtement; c’est à ce moment qu’une sensation de fourmillement naît dans le cuir chevelu et descend progressivement vers le cou, les épaules et les bras, accompagnée d’un profond état de calme, voire même d’euphorie”.

Les deux plaisirs (le plaisir sexuel et celui qui dérive de l’ASMR) sont différents, que ce soit au niveau de leur nature (structures et processus physiologiques impliqués), du résultat final (l’ASMR n’aboutit pas à un orgasme réel) ou de leur finalité (l’ASMR n’implique pas la satisfaction d’une pulsion sexuelle). En fait, on a pu vérifier que l’activation sexuelle et l’activation par ASMR s’excluent mutuellement.

Quelques exemples d’ASMR

Comprendre l’ASMR peut être difficile pour ceux qui n’en ont jamais fait l’expérience. Nous allons donc vous énumérer quelques exemples.

D’un point de vue perceptivo-sensoriel, certains décrivent la sensation produite comme quelque chose ressemblant à un “léger courant électrique” relaxant et plaisant.

En ce qui me concerne, la définition la plus juste serait “une expérience qui consisterait à se retrouver au milieu des bulles d’une coupe de champagne”. Une fois que l’ASMR se déclenche, il est évident que la personne ne veut pas sortir de cet état de “transe”.

Voici quelques exemples de facteurs susceptibles de déclencher cette réponse :

  • Ecouter des murmures ou une voix qui parle tout doucement
  • Ecouter des sons légers et répétitifs qui proviennent de tâches habituelles de la vie quotidienne, comme tourner les pages d’un livre
  • Observer attentivement quelqu’un qui réalise une tâche banale
  • Recevoir une attention personnalisée
  • Ecouter un bruit de mastication, observer comment on mord un aliment ou de quelle façon on boit un liquide. Ces petits actes doivent être bruyants
  • Ecouter des sons de petits coups. Plus concrètement, d’ongles tapant sur des superficies comme du plastique, du bois, du métal
  • Etc
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Applications cliniques de l’ASMR

L’emploi de la technique d’induction de l’ASMR en tant que mesure thérapeutique valide n’est reconnue par aucun organisme officiel. Par conséquent, on ne peut pas le recommander comme substitut d’une approche thérapeutique.

Cependant, de plus en plus de personnes s’appuient sur des approches basées sur l’ASMR pour traiter des problèmes spécifiques liés au spectre anxieux (anxiété généralisée, crises de panique, problèmes de concentration, pensée ruminante ou difficultés à trouver le sommeil, entre autres).

Ainsi, l’effet thérapeutique de l’ASMR ressemblerait à celui obtenu à partir de différentes techniques comme la méditation, le yoga ou le mindfulness. Le monde académique a d’ailleurs confirmé le bénéfice irréfutable de l’ASMR en termes de santé physique et mentale.

Selon des découvertes scientifiques, plusieurs paramètres qui déterminent un état psychologique de relaxation et de bien-être sont positivement influencés par le travail avec l’ASMR. C’est par exemple le cas de la tension artérielle, de la libération d’endorphines ou du rythme cardiaque.

Explications possibles

Nous ne bénéficions malheureusement pas de beaucoup de données objectives pour témoigner de l’origine et des mécanismes de ce phénomène. Il existe cependant une relation statistique entre des personnes enclines à l’ASMR et la probabilité de souffrir de misophonie (une gêne face à certains bruits, et plus particulièrement ceux provoqués par des personnes). On pense donc qu’une base génétique peut exister pour l’ASMR.

Dans certaines études qui se sont servies de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), on a pu observer que, chez les sujets qui affirmaient ressentir les “frissons” de l’ASMR, les aires cérébrales associées à des comportements sociaux d’attention ou de rapprochement interpersonnel (cortex médial préfrontal) et à des sensations de toucher (cortex somato-sensoriel secondaire) présentaient un degré d’activation inhabituel. Par ailleurs, cette activation était nettement supérieure à celle présentée par des sujets contrôle ou lorsque l’ASMR n’avait pas lieu.

Il faut bien avouer que ceux qui ont la chance de pouvoir profiter de ce mécanisme si naturel, simple, inné et contrôlable ne se demandent pas constamment d’où vient ce phénomène, ni pourquoi il existe. Le plus important est de pouvoir ressentir ce plaisir et cette relaxation.

 


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