Apprentissage latent : apprendre inconsciemment

L'apprentissage latent désigne ces situations pendant lesquelles nous intégrons de nouvelles connaissances juste par simple observation, sans qu'il y ait une motivation ou une volonté consciente.
Apprentissage latent : apprendre inconsciemment
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Avez-vous déjà eu le sentiment d’avoir appris quelque chose sans vous en rendre compte ?Il ne s’agit pas de la magie ou d’une espèce de sortilège cognitif. L’apprentissage latent définit les situations dans lesquelles nous assimilons inconsciemment des connaissances sans besoin de renforcement.

Il s’agit d’un processus que les animaux et les humains développent grâce à l’observation. Imaginons que nous fassions le même trajet en voiture pendant deux semaines avec un ami pour se rendre sur un nouveau lieu de travail. Plus tard, lorsque nous conduisons nous-mêmes, nous pouvons suivre le même itinéraire sans avoir besoin de GPS.

Pensons aussi à cet enfant qui passe ses premières années à observer les manières de ses parents lorsqu’ils mangent à table. Tôt ou tard, ce petit acquerra ces mêmes habitudes et ces mêmes gestes.

Il n’est toujours nécessaire que l’on nous dise comment faire les choses. Il n’est pas non plus nécessaire que l’on nous récompense ou nous motive à acquérir un certain comportement.

Souvent, nous intégrons des connaissances et des comportements du fait de simplement s’exposer à l’environnement qui nous entoure. Comprendre comment le cerveau apprend est un sujet plus qu’intéressant.

“Parfois, l’apprentissage ne devient apparent que lorsque nous avons besoin de l’utiliser. Chacun de nous possède un coffre caché de connaissances acquises dans notre environnement que nous n’appliquerons que le moment venu.”

Une mère et son fils.

Qu’est-ce que l’apprentissage latent ?

L’apprentissage latent définit la connaissance que l’inconscient acquiert sans besoin de récompenses externes.Ce qui est frappant dans cette compétence est que nous ne savons même pas que nous avons appris quelque chose jusqu’à ce que surgisse une demande spécifique pour mettre en exergue ladite connaissance.

Prenons un exemple. Nous avons vu nos parents préparer une recette pendant une grande partie de notre enfance et de notre adolescence. Un jour, alors que nous sommes seuls à la maison, nous préparons ce même plat à la perfection.

“L’apprentissage latent n’apparaît pas immédiatement, mais lorsque le sujet juge nécessaire d’appliquer les informations qu’il a acquises.”

À ce stade, certains pourraient penser : ne s’agit-il pas d’une sorte d’apprentissage social ? N’est-ce pas ainsi que nous intégrons de nouvelles informations et de nouveaux comportements, en nous limitant à voir (imiter) comment les autres le font ? En fait, il existe des nuances intéressantes qui le rendent unique. Approfondissons le sujet.

La personne n’a pas l’intention d’acquérir des connaissances

Ce concept a été inventé par Edward C. Tolman au début du 20e siècle. Il a développé cette théorie après avoir découvert dans son laboratoire comment les rats apprenaient à naviguer dans des labyrinthes complexes sans avoir besoin d’aucune récompense.

Il leur suffisait parfois de passer une seule journée dans un labyrinthe pour y revenir quelques semaines plus tard et le parcourir sans se tromper et sans avoir besoin de renfort. Cela pu ensuite être extrapolé au domaine humain pour démontrer une série de dimensions :

  • Souvent, les individus n’ont pas l’intention ou la volonté d’apprendre quelque chose. Nous nous limitons à interagir normalement dans nos médias quotidiens. On discute, on regarde la télé, les réseaux sociaux, on fait attention à ce qui nous entoure, à ce que font les uns et les autres.
  • Personne ne nous apprend des choses concrètes, mais le cerveau apprend des aspects très spécifiques. Ces apprentissages seront mis en pratique le moment venu, si nécessaire.

L’apprentissage latent chez les enfants

Nous savons déjà que l’apprentissage latent survient après la rétention de certaines données par le subconscient sans renforcement ni motivation. Cela est intéressant pour un fait évident : nous tenons presque toujours pour acquis que les enfants apprennent plus chaque fois qu’il y a une sorte de récompense.

Après qu’Edward C. Tolman a énoncé sa théorie, les recherches n’ont pas manqué pour comprendre comment cette compétence se manifestait chez les plus petits. Les travaux menés dans les années 1950 par le Dr Harold W. Stevenson ont montré que les enfants mettaient en évidence des apprentissages latents et que ceux-ci étaient d’autant plus importants au fur et à mesure qu’ils grandissaient.

Par conséquent, tout ce qu’ils voient, qu’ils entendent, qui les entourent et qui font partie de leur vie quotidienne est intégré dans leur esprit de manière silencieuse et involontaire. Ils peuvent à tout moment appliquer ce qu’ils ont appris inconsciemment, que ce soit bien ou mal.

Cerveau illuminé.

Nous n’avons pas besoin d’incitations pour apprendre, nous n’avons pas toujours besoin de dopamine

Nous parlons toujours des mécanismes de la dopamine lorsqu’il s’agit de comprendre comment le cerveau acquiert des connaissances. Ce neurotransmetteur orchestre la motivation à apprendre et, également, l’intégration de cette nouvelle information. Or, l’apprentissage latent suppose une curieuse exception.

Nous ne ressentons pas toujours de motivation lorsque nous acquérons des connaissances. Une augmentation de la dopamine n’est en outre pas nécessaire dans ce processus.

En effet, le cerveau est un organe social qui a besoin d’observer et d’intégrer des données pour survivre. Il le fait donc automatiquement, ce qui signifie qu’il enregistre toujours des données et des stimuli sans que nous nous en rendions compte.

Nous avons seulement besoin qu’une situation spécifique se produise pour mettre en pratique cette connaissance enfouie dont nous ignorions l’existence. Il ne s’agit pas de magie, mais de neurosciences.

L’apprentissage latent ne se produit toutefois pas dans certaines situations très spécifiques : lorsque nous buvons de l’alcool ou ressentons beaucoup de stress.Dans ces conditions, l’esprit n’est pas réceptif à traiter ce qui l’entoure.


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  •  Stevenson, Harold W. (1 January 1954). “Latent learning in children”. Journal of Experimental Psychology. 47 (1): 17–21. doi:10.1037/h0060086
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