Le processus de rechute de l'alcoolisme

La rechute de l'alcoolisme est un phénomène dont la fréquence est relativement élevée. Les dépendances, et l'alcoolisme entre autres, sont souvent des habitudes très complexes à abandonner définitivement. Parfois, un léger rapprochement de l'objet de l'addiction peut déclencher de nouveau l'habitude toxique. Découvrez ici le processus qui mène à une telle situation.
Le processus de rechute de l'alcoolisme
Andrés Navarro Romance

Rédigé et vérifié par Psychologue Andrés Navarro Romance.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

L’alcoolisme est l’une des addictions les plus fréquentes dans la société et son taux de rechute est élevé. C’est pourquoi, une grande partie du traitement vise à la prévenir. Selon une étude menée par l’Unité d’Alcoologie de la Clinique de Barcelone, 40 % des patients n’ont pas rechuté 10 ans après le début du traitement.

Même si la rechute dans l’alcoolisme est une réalité fréquente, il est important de savoir qu’il s’agit d’un processus relativement normal et, surtout, qui peut être surmonté. Par ailleurs, il existe de nombreux facteurs susceptibles de générer une rechute.

En effet, une personne qui souffre d’alcoolisme rechute généralement plus d’une fois jusqu’à ce qu’elle soit capable de se défaire définitivement de cette habitude. En règle générale, parvenir à une sobriété à long terme exige un effort personnel élevé, des erreurs ainsi qu’un dépassement de soi.

“Une rechute de l’alcoolisme pourrait se définir comme un retour à la recherche et à la consommation compulsive d’alcool après une période de sobriété relativement longue.”

Voici quelques réalités liées à l’alcoolisme et à la rechute :

  • Reprise des habitudes comportementales peu saines qui caractérisaient la période de dépendance antérieure.
  • Les conséquences négatives de ces habitudes ne mettent pas longtemps à se manifester.
  • Diminution et abandon des activités liées à la désintoxication ou à la réhabilitation.
  • Un épisode isolé de consommation d’alcool ne devrait pas, en soi, être considéré comme une rechute. Dans la pratique clinique, il est généralement considéré comme une négligence.
  • Il est tout à fait possible de faire un écart et de ne pas rechuter. Toutefois, il est également possible de rechuter sans avoir fait d’écart auparavant.
Une femme qui souffre de mal-être.

La rechute de l’alcoolisme et ses composantes émotionnelles

Dans le domaine de la psychologie clinique, on accepte que les rechutes soient étroitement liées à l’expérience d’émotions négatives et des conflits interpersonnelles. Cependant, il arrive que la rechute dans l’abus d’alcool aille de pair avec des émotions positives. Par exemple, le fait de se sentir bien dans sa peau, ou d’éprouver un certain esprit festif.

Parfois, l’exposition à des situations ou des contextes dans lesquels l’alcool a été consommé dans le passé peut être un puissant déclencheur de l’addiction. Par conséquent, il est donc essentiel d’identifier ces déclencheurs, ces signaux, qui indiquent un danger, afin de mettre en place des stratégies adéquates pour y faire face.

Les signes avant-coureurs

La rechute peut surgir à n’importe quel moment du processus de récupération. En effet, au sein de la population générale, les personnes les plus exposées au risque de rechute sont celles qui sont plongées dans un processus de désaccoutumance. On peut affirmer que les situations les plus sensibles à cet égard sont les suivantes:

  • Être dans les phases initiales d’un processus de réhabilitation après une addiction.
  • Se trouver dans le sillage immédiat d’un évènement traumatique.
  • Traverser des épisodes de transition vitale.

“La plupart des personnes qui ont vécu une dépendance à l’alcool et dont l’intention est de ne pas rechuter ont besoin de prendre activement certaines mesures préventives, pratiquement à vie.”

Par ailleurs, il faut mentionner que les proches, amis, ou partenaire de la personne dépendante à l’alcool, apprécient généralement les bienfaits de l’abandon de cette habitude. Toutefois, même si la personne prend des mesures pour mener une vie plus saine, le risque de rechute reste très présent.

Si la rechute survient, le déclin est généralement rapidement évident. De plus, les proches, les amis et les professionnels de santé doivent surveiller les signes avant-coureurs. Ce sont les suivants :

  • Diminution de l’optimisme
  • Augmentation du mal-être général
  • Tendance à inventer des excuses
  • Négligence dans les soins personnels
  • La personne parle souvent de son manque d’alcool
  • Comportement secret
  • Habitudes alimentaires malsaines
  • Tendance à l’isolement social
  • Fréquentation de personnes dépendantes à l’alcool
  • Signes d’anxiété et/ou de dépression
  • Non respect des rendez-vous ou des séances thérapeutiques programmées

Les étapes de la rechute dans l’alcoolisme

Voici trois étapes consécutives qui peuvent mener à la rechute. Les deux premières comportent généralement moins de risques, car elles n’impliquent qu’un certain éloignement de la tendance au rétablissement. La troisième et la dernière implique presque toujours une rechute complète.

Rechute émotionnelle

Elle se caractérise, au niveau psychologique, par une certaine suppression des émotions et la tendance à l’isolement interpersonnel. Il est également assez typique que la personne blâme les autres pour ses difficultés à mener à bien un processus de réhabilitation.

Rechute mentale

Cette étape est associée à des sentiments d’abstinence ainsi qu’à un fort besoin de reprendre l’habitude. La personne a tendance à penser de manière quasi obsessionnelle aux éléments déclencheurs de la consommation d’alcool. Voire même à mentir ou planifier consciemment la rechute.

Rechute physique

Elle implique de souffrir de plus d’un faux pas. Puis de chuter, de nouveau, dans l’obsession de consommer de l’alcool et dans le désir compulsif d’en abuser.

Une femme avec un verre d'alcool.

Quelles sont les causes ?

Il est largement admis dans le domaine scientifique qu’il existe des caractéristiques génétiques, et donc héréditaires, qui peuvent prédisposer un individu à développer des dépendances. Dans ce cas, chaque consommation abusive peut donner lieu à des adaptations cérébrales spécifiques qui amènent le cerveau à demander une consommation permanente.

En général, les rechutes se produisent à cause d’un lieu, d’une personne ou d’un objet qui rappelle l’alcool au patient. Lorsque le cerveau traite ce souvenir, il a tendance à développer des envies d’alcool. Parmi les déclencheurs courants, citons les suivants :

  • Stress
  • L’odeur de l’alcool
  • Problèmes financiers
  • Interaction avec des personnes qui boivent
  • Être en présence de boissons alcoolisées
  • La perte d’un être cher
  • Se trouver dans un lieu où il y a de l’alcool
  • Avoir subi des violences physiques ou psychologiques

“Les personnes qui ont trop confiance en leurs capacités à ne pas sombrer dans l’alcoolisme peuvent présenter un risque légèrement accru de rechuter.”

En cas de signes de rechute ou d’une potentielle rechute, notre recommandation est de demander de l’aide aux services appropriés dès que possible. Par ailleurs, si c’est un proche ou une personne de la famille qui montre ces signes, il est important de rester vigilant et de demander conseil au professionnel spécifique ou à un service compétent.


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  • Reina Galán, F. (2018). Preguntas y respuestas sobre el alcohol y el alcoholismo. Sevilla, España: Ed. Punto Rojo Libros, S.L.

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