Amour et dépendance addictive : caractéristiques comportementales
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Même si selon la culture, on le vit d’une manière ou d’une autre, nous avons tous expérimenté au moins une fois le phénomène amoureux. Le système neuronal lié au plaisir est fondamental au cours de cette expérience. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’amour est davantage lié au système neuronal de la motivation qu’à celui des émotions (1). Voyons, dans cet article, ce que l’amour et la dépendance addictive peuvent avoir en commun.
Les comportements qui se produisent dans un contexte de sentiment amoureux et dans une situation de dépendance addictive peuvent être expliqués grâce à la neurochimie du cerveau. Ainsi, l’amour est lié à certaines fonctions du système nerveux central. Cela implique certains noyaux et certains neurotransmetteurs. Ces derniers ont pour fonction de fonder un attachement au couple en vue de la reproduction et de la protection des enfants (2).
Amour et dépendance addictive : des phénomènes fréquents dans le cerveau
La chimie de l’amour romantique
Lorsque nous sommes attirés par une personne, généralement, la première chose qui se produit dans notre cerveau est une forme de désir sexuel. Ce processus est évidemment influencé par les hormones. En particulier les œstrogènes et les androgènes.
Très vite vient le temps de l’amour romantique. Ce processus peut être défini comme le processus de concentration sur le couple en vue de la reproduction. Il est ainsi nécessaire d’établir un lien affectif avec son partenaire (1). Au cours de cette phase, il se produit les mécanismes suivants :
- Une augmentation de la dopamine et de la norépinéphrine
- Une diminution de la sérotonine
Peu à peu, on entre dans une étape d’attachement au couple. Cela permet de prendre soin de sa progéniture. À ce stade, une importante union sentimentale se produit, ainsi qu’un sentiment de confort. Les neuropeptides suivants influencent ce type de comportement :
- l’ocytocine
- la vasopressine
Les comportements propres à une histoire d’amour
Voici quelques-uns des comportements que l’on peut observer à propos d’une personne qui tombe amoureuse (1) :
- Dépendance émotionnelle
- Peur du rejet
- Angoisse de séparation
- Empathie
- Réorganisation de ses priorités quotidiennes pour être à la disposition de l’être cher
- Désir sexuel pour cette personne
- Envie de tisser des liens affectifs
- Passion
Tous ces comportements peuvent être expliqués par la neurochimie. Voyons de plus près ce qu’il se passe :
- Lorsque le taux de dopamine augmente, l’attention augmente également. Cela entraîne une tendance à considérer l’être aimé comme unique. Cela peut causer :
- Euphorie
- Perte d’appétit et de sommeil
- Tremblements
- Palpitations
- Accélération du rythme respiratoire
- Anxiété
- Sautes d’humeur
- Panique
- Peur
- Désespoir en cas de rupture
Il apparaît que tous ces comportements peuvent également se produire dans le cadre d’une dépendance addictive à la drogue. Par exemple, une dépendance à la cocaïne ou aux amphétamines.
- Lorsque la norépinéphrine augmente, il y a une fixation sur les qualités de l’être aimé. Ce faisant, les défauts de ce dernier sont ignorés
- La diminution de la sérotonine génère des pensées obsessionnelles concernant la personne que l’on aime. Un phénomène que l’on retrouve aussi dans le cas de troubles obsessionnels
Le syndrome de sevrage : un point commun entre l’amour et la dépendance addictive à la cocaïne
Ainsi, ce syndrome est causée par deux types de dépendances (1) :
- Une dépendance physique : elle est engendrée par un état d’adaptation de l’organisme qui se traduit par la présence de transformations physiques lorsque l’administration de cocaïne prend fin
- Une dépendance psychique : elle provient d’un état de satisfaction et de bien-être provoqué par la consommation de cocaïne. Cela incite l’individu à répéter les prises de drogue afin de rester dans cet état et aussi pour éviter l’apparition des symptômes de sevrage
Les auteurs Glawin et Kleber (1986) ont établi trois phases dans le syndrome du sevrage à la cocaïne :
- Phase 1 : le crash. Cela dure entre 9 heures à 4 jours. C’est un état de grand découragement qui est caractérisé par de la dépression, de l’anhédonie, de l’insomnie, de l’irritabilité, de l’anxiété et un fort désir de consommer à nouveau
- Phase 2. : le sevrage. D’une durée de une à 10 semaines, le manque commence généralement 5 jours après la dernière consommation de cocaïne. Cette phase se caractérise là encore par de l’anhédonie, de la dysphorie, de l’anxiété, de l’irritabilité, une sensation d’ennui intense et de mal être
- Phase 3 : l’extinction. Sa durée est variable. L’état affectif de base du sujet se rétablit avec une réponse anhédonique normalisée
En conclusion
Cela vous semblera peut-être étonnant, mais le fait est que l’amour et la dépendance addictive à la cocaïne ont en commun un fort syndrome de sevrage. En effet, en cas de rupture, on constate souvent un syndrome aigu de manque par rapport à l’être aimé.
Ainsi, il semble que les étapes de l’amour puissent s’apparenter aux étapes d’une dépendance addictive. Il se trouve en effet que nos comportements en matière d’addiction et de relation amoureuse soient assez proches. Ils présentent en tout cas des bases neurochimiques similaires et des comportements comparables.
Le syndrome de sevrage présente donc de nombreuses ressemblances avec la perte d’un partenaire. Nous pouvons donc affirmer qu’il existe une base scientifique qui soutienne l’hypothèse selon laquelle l’amour constitue une forme de dépendance addictive.
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Maureira, F. (2009). Amor y adicción: comparación de las características neurales y conductuales. Revista Chilena de Neuropsicología, 4(2), 84-90.
- Fisher, H.; Aron, A.; Mashek, D.; Li, H. and Brown, L. (2002) The neural mechanisms of mate choice: a hypothesis. Neuroendocrinology Letters, 23: 92-97.
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Gawin, F. H., & Kleber, H. D. (1986). Abstinence symptomatology and psychiatric diagnosis in cocaine abusers: clinical observations. Archives of general psychiatry, 43(2), 107-113.
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