Alfred Binet : comment mesurer l'intelligence ?

Alfred Binet a joué un rôle fondamental dans le développement de la psychologie expérimentale en France. Il a apporté d'importantes contributions à la mesure de l'intelligence. Savez-vous comment ont surgi les tests d'intelligence utilisés actuellement ?
Alfred Binet : comment mesurer l'intelligence ?
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Écrit par Camila Thomas

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Alfred Binet était un psychologue français, célèbre pour avoir développé le premier test d’intelligence, largement utilisé à l’heure actuelle. Le test est apparu suite à une demande du gouvernement français qui souhaitait développer un instrument permettant d’identifier les écoliers ayant besoin d’heures de rattrapage.

Avec son collaborateur Theodore Simon, Binet a créé l’échelle d’intelligence Binet-Simon. Plus tard, Lewis Terman a examiné ladite échelle et a standardisé le test avec des sujets provenant d’un échantillon américain. Le test était alors connu sous le nom suivant : l’échelle d’intelligence de Stanford-Binet.

Nous nous pencherons dans un premier temps sur la vie d’Alfred Binet. Puis nous approfondirons davantage les clés de ses tests d’intelligence et de leurs apports.

Un puzzle.

Enfance et jeunesse

Binet est né à Nice. Il est l’unique enfant d’un mariage entre un médecin et une artiste. Il n’est pas, dans sa jeunesse, un élève exceptionnel ni très prometteur, mais a un certain talent et une grande envie de travailler. Diplômé du Lycée Louis-le-Grand, il étudie le droit et obtient une licence en jurisprudence.

Grâce à la richesse de sa famille, il ne lui est pas nécessaire de pratiquer le droit. Il passe donc son temps à lire des ouvrages sur la psychologie à la Bibliothèque nationale de France, un établissement très formel. En 1880, Binet publie un article sur la psychologie, lequel a fait l’objet de vives critiques pour plagiat.

Le thème du magnétisme animal, également connu sous le nom d’hypnose, retient l’attention de Binet pendant un certain temps. Il publie donc de nombreux articles sur le magnétisme.

Ses articles détaillent comment les aimants peuvent changer les émotions, influencer les perceptions et produire toutes sortes d’effets. Binet est rapidement frappé par la honte lorsqu’il a été démontré que ses découvertes étaient frauduleuses, produit d’une méthodologie expérimentale déficiente.

Changement de cap

Deux ans plus tard, il commence à travailler à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris, où ses méthodes de formation scientifique se consolident. Binet devient l’élève de Jean Martin Charcot, auprès de qui il reste jusqu’en 1891.

Binet accepte sans réserve et défend avec véhémence les méthodes de Charcot et ses doctrines sur le transfert hypnotique et la polarisation. Il est par la suite contraint d’accepter les contre-attaques de Delboeuf, de l’école de Nancy.

Ce fait provoque une division entre l’élève et le maître. Cependant, l’acceptation de ses erreurs de jugement tempère ses méthodes ultérieures.

Binet étudie également Hippolyte Taine, Théodule Armand Ribot et John Stuart Mill. Puis en 1884, il épouse Laure Balbiani, la fille d’Edouard-Gérard Balbiani, embryologiste au Collège de France. Le couple a deux filles.

En 1887, Binet est récompensé par l’Académie française des sciences morales et politiques. Il travaille avec son beau-père, qui donne des conférences sur l’héritage. Il écrit également sur le libre arbitre et le déterminisme, et étudie la psychologie judiciaire.

En 1890, Binet interrompt sa connexion avec l’hôpital de la Salpêtrière. Il entreprend par la suite une étude des processus cognitifs et utilise ses filles comme sujets.

Fait intéressant, bien que la différence d’âge entre les filles aient rendu les différences de développement assez claires, Binet n’a jamais songé à approfondir cette question. Cette théorie a donc dû attendre l’arrivée de Jean Piaget.

Collaboration avec Beaunis et la Sorbonne

En 1891, Binet rencontre le Dr Henri Beaunis et lui demande un emploi à la Sorbonne. Malgré de vives disputes entre eux au sujet de l’hypnose, Beaunis accepte, peut-être parce que le riche Binet n’a pas besoin de salaire.

En 1892, il est nommé directeur adjoint du laboratoire de psychologie physiologique créé à la Sorbonne en 1889 et dirigé par Henri Beaunis. Cette même année, il obtient un doctorat en sciences naturelles. Sa thèse portait sur la corrélation entre la physiologie et le comportement des insectes.

En 1895, Binet et Beaunis fondent la première revue française de psychologieL’Année psychologique, toujours active aujourd’hui. La même année, il succède à Beaunis à la tête du Laboratoire, désormais rattaché à l’École Pratique des Hautes Études, où il travaille jusqu’à sa mort en 1911.

Un cerveau.

Le test d’intelligence de Binet

Binet est impressionné par la tentative du psychologue anglais Sir Francis Galton (1822-1911) qui consiste à enregistrer les différences individuelles au moyen de tests standardisés. Il adapte la méthode de Galton pour étudier d’éminents écrivains, artistes, mathématiciens et joueurs d’échecs.

Ce faisant, il complète les tests par des observations sur le type de corps, l’écriture et d’autres caractéristiques. En 1903, il termine un travail remarquable : L’étude expérimentale de l’intelligence.

Cette recherche décrit les caractéristiques mentales de ses deux filles. Pour y parvenir, il a développé l’étude systématique de deux types de personnalité contrastée.

Ses expériences ont démontré l’impossibilité de traduire le raisonnement en termes sensoriels. Elles ont également prouvé que l’unité et l’activité de pensée étaient indépendantes des images. Des scientifiques comme RS Woodworth et K.Bühler ont obtenu des résultats similaires en 1907.

En ce qui concerne l’évaluation de l’intelligence, Binet a reconnu qu’un test d’intelligence ne pouvait fournir qu’un échantillon de tous les comportements intelligents d’un individu. De sorte que Binet a déclaré qu’un test d’intelligence ne définissait pas un individu.

De plus, Binet a indiqué que le but d’un test d’intelligence était de classer et non de mesurer. La notion de quotient intellectuel a été proposée par le psychologue allemand William Stern, et rejetée avec véhémence par Binet. Son principal argument était que la nature de l’intelligence est trop complexe pour être capturée en un seul chiffre.

Les contributions d’Alfred Binet à la psychologie

Alfred Binet est souvent cité aujourd’hui comme l’un des psychologues les plus influents de l’histoire. Alors que son échelle d’intelligence sert de base aux tests d’intelligence modernes, Binet lui-même ne pensait pas que son test mesurait un degré d’intelligence permanent ou inné.

“L’intelligence est la capacité de prendre et de maintenir une certaine direction, de s’adapter à de nouvelles situations et d’avoir la capacité de critiquer ses propres actions.”

-Alfred Binet-

Selon Binet, le score d’un individu à un test d’intelligence peut varier dans le temps. Il considérait également que des facteurs tels que la motivation et d’autres variables peuvent jouer un rôle dans les résultats des tests. Il ne fait par ailleurs aucun doute que ses recherches ont énormément contribué aux études ultérieures et ont ouvert le champ de la psychologie.


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  • Binet, A., & González-Llana, F. (1913). Las ideas modernas acerca de los niños. Librería Gutenberg de José Ruiz.
  • Binet, A. (1983). La inteligencia: su medida y educación. Infancia y Aprendizaje, 6(22), 115-120.
  • Voyat, G. (1983). El auténtico mundo de Alfred Binet. Infancia y Aprendizaje, 6(22), 109-114.

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