Les accros à l'adrénaline : une vie sur le fil du rasoir
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Mieux connue dans le domaine médical sous le nom d’épinéphrine, cette hormone est cruciale pour notre corps. Outre le fait de favoriser nos performances et l’activation physiologique, si elle est sécrétée en excès, elle peut produire des effets secondaires graves. Parmi eux, la dérive vers des comportements addictifs. C’est précisément ce dont souffrent les accros à l’adrénaline.
Ces personnes sont immergées dans une aventure constante. Dans une euphorie qui leur fait éprouver un désir intense de trouver des événements qui les amènent à la limite. La quantité d’adrénaline qui coule dans leurs veines les conduit à effectuer toutes sortes de comportements audacieux qui sont souvent imprudents, insatiables et mettent leur vie en danger.
Les fonctions de l’adrénaline
Cette substance chimique est produite dans les glandes surrénales lorsque nous sommes confrontés à des situations de stress, d’excitation ou de nervosité. Elle stimule le cœur et augmente la respiration. La fréquence cardiaque s’en trouve dès lors accélérée, de sorte que le sang est oxygéné plus rapidement et apporte davantage d’oxygène et de nutriments à toutes les parties du corps.
Elle arrête en outre le mouvement intestinal, dilate les pupilles pour aiguiser notre vision et consomme du glucose dans nos réserves afin que nos muscles réagissent rapidement. Elle augmente également la pression artérielle, de sorte que les vaisseaux sanguins fondamentaux s’élargissent, tandis que les vaisseaux sanguins secondaires se rétrécissent. Il s’agit de la raison pour laquelle nous sommes pâles dans ce type de circonstances. Les veines du visage, des mains ou des oreilles disposent d’un flux sanguin beaucoup moins important car elles ne sont alors pas si fondamentales.
La limite entre l’euphorie et la dépendance
Comment nous sentons-nous après être monté sur des montagnes russes ? Avant d’y monter, nerveux assurément. Mais lorsque nous descendons (si nous n’avons pas le vertige), nous avons un sentiment d’euphorie vraiment agréable. Il en est de même lorsque nous passons la nuit à danser en bonne compagnie, après avoir fait un effort physique pour lequel nous sommes très motivé ou lorsque nous apprécions une relation sexuelle avec notre partenaire.
Comme nous pouvons le constater, l’adrénaline présente de multiples avantages qui facilitent notre adaptation à l’environnement et nous préparent à faire face à une situation exceptionnelle de la meilleure façon possible. Mais les sensations agréables peuvent être vraiment dangereuses dans la mesure où la sécrétion d’adrénaline génère des effets chimiques dans le corps qui sont très similaires à ceux d’un orgasme.
La production d’épinéphrine stimule la libération de dopamine, substance qui induit un sentiment généralisé de bien-être. Par conséquent, le désir de ressentir cela conduit certaines personnes à constamment adopter des comportements excitants et à devenir de véritables accros à l’adrénaline. Dès lors, cette hormone se transforme en dépendance lorsque la personne a besoin de l’éprouver continuellement et régulièrement.
Les formes de cette dépendance
Les formes que la dépendance à l’adrénaline peut adopter sont très variées. La seule chose qu’elles ont en commun est de faire en sorte que le cerveau cherche constamment les limites de l’impossible. Outre les sports extrêmes, les personnes peuvent également éprouver ce sentiment d’euphorie en réalisant des choses interdites, illégales ou illicites. Par exemple, voler au supermarché, partir sans payer d’un restaurant et d’un café, ou déranger et nuire à d’autres passants.
Une autre façon d’être accro à l’adrénaline est de faire l’expérience du risque. Par exemple, tout laisser pour l’ultime moment : paiement de factures, remise de rapports, contrôles médicaux, procédures économiques … Il s’agit d’une forme de rébellion insatiable qui garde notre corps alerte.
Il s’agit par ailleurs de comportements dangereux qui mettent la vie en danger. Le saut de base, le “wingsuit” (costume avec des ailes) ou le “puenting” (saut à l’élastique) sont des modalités de sport extrême qui peuvent mettre un terme à notre vie en quelques secondes. En réalité, le saut de base est le plus dangereux au monde vu que son taux de mortalité est de 1 sur 2 300. Il peut être recommandé de l’essayer, mais le pratiquer de manière assidue pourrait masquer une dépendance.
Les symptômes de dépendance à l’adrénaline
L’extrême envie d’expérimenter les sensations générées autour de la sécrétion d’épinéphrine se manifeste dans une série de comportements et d’émotions :
- Recherche incessante d’adrénaline. Le besoin de ressentir ce sentiment de plaisir et d’euphorie est incontrôlable et dispose de sources de motivations quotidiennes.
- Le manque de bien-être constant perturbe, bouleverse ou frustre.
- Des comportements qui mettent en péril la vie ou celle d’autres personnes de l’entourage (sports extrêmes, conduite à grande vitesse, blesser les autres …).
- Détérioration des relations sociales.
- Impact sur l’environnement professionnel (absentéisme, mauvais rendement …).
Selon la psychologie traditionnelle, nous essayons de combler un vide interne lorsque nous sommes accro à une substance. Ainsi, nous parvenons à calmer ce besoin grâce à cette injection d’énergie supplémentaire. Mais ce calme est superficiel et momentané. La dépendance à l’adrénaline augmente et, en fin de compte, la personne qui en est accro nécessite sa sécrétion en permanence.
Maintenant, si ce que nous recherchons en mettant notre vie en danger est de faire face à une frustration ou de “se sentir vivant”, il conviendrait davantage de recourir au conseil d’un spécialiste. La meilleure chose à faire pour ce type d’habitudes est de faire un traitement psychothérapeutique. Ainsi, au lieu de faire face à des situations de stress constant, nous compléterons la douleur à travers sa compréhension.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.