5 façons dont votre esprit vous trompe lorsque votre cœur est brisé
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Un autre aspect du phénomène du cœur brisé qui doit nous intéresser, et qui a fait l’objet de nombreuses études dans le champ de la psychologie sociale, est le fait que nous avons tous bien plus peur des douleurs sociales ou émotionnelles, que des douleurs physiques. Lorsque nous pensons à l’éventualité de nous briser un os, nous n’appréhendons pas les choses aussi gravement que lorsque nous nous projetons dans une déception, dans un échec ou dans une rupture affective. Notre corps sait parfaitement comment réagir face à une blessure physique ou à une infection, ce qui n’est pas tout à fait le cas quand ce sont nos émotions qui sont en jeu.
Lorsque la relation entre le corps et l’esprit est brisée, nous pouvons rester paralysés pendant un certain temps. Les experts nous disent que notre cerveau interprète cette scission comme une brûlure. Pour le dire autrement, la douleur émotionnelle que nous pouvons ressentir est vécue par notre encéphale comme une blessure physique. Le problème étant qu’il ne peut appliquer les mêmes remèdes que lorsqu’il s’emploie à “réparer” un os brisé, par exemple. Voilà pourquoi notre cerveau va devenir, durant un certain laps de temps, la source d’émission de contradictions, de faux espoirs et de raisonnements illogiques.
Votre cerveau vous trompe quand votre cœur se brise
Votre cerveau vous trompe, sans le vouloir, car il ressent une profonde blessure, car il perd tous ses moyens quand le cœur est brisé. Face à cette situation, il ne sait pas comment réagir. Il ne sait pas gérer le rejet, le désamour, la perte d’une personne qui était pour nous un univers. Lorsque cela se produit, nous devenons totalement paralysés par le déclenchement d’un réseau de mécanismes de défense. Notre premier réflexe est de nier la réalité et, dans le même temps, notre cerveau déploie des mécanismes encore plus complexes et néfastes.
Notre cortex somatosensoriel secondaire et l’insula dorsale postérieure s’activent de manière très intense. Ces deux structures cérébrales sont liées à la douleur physique. Comme nous vous le disions précédemment, notre encéphale assimile bien souvent les souffrances affectives comme de véritables douleurs physiques. Tout cela a plusieurs conséquences pour nous : nous ne parvenons plus à penser clairement et nous nous trompons nous-mêmes. Nous allons voir, dans la suite de cet article, comment cela se produit.
Lorsque votre esprit vous trompe, il le fait sans le vouloir, car il est blessé.
1. Vous avez perdu la personne la plus importante de votre vie
La douleur émotionnelle provoque de l’angoisse, et l’angoisse nous amène à chercher des refuges, à nous blottir dans des recoins pour nous alimenter avec notre propre désespoir. Dans cette étape postérieure à la rupture, il est fréquent d’observer une idéalisation de la personne qui vient de nous quitter, et ce processus n’est pas sans conséquences : “J’ai perdu la personne la plus importante de ma vie, la seule qui parvenait à me rendre heureux“.
Votre cerveau vous trompe ; il est en train de vous séquestrer. La personne la plus importante de votre vie, c’est vous. Le partenaire qui vient de vous tourner le dos était une personne importante durant une étape de votre vie, c’est certain, mais cela s’arrête là.
2. J’ai fait quelque chose de mal, je dois lui dire que je peux changer
Comme nous vous le disions précédemment, la négation est la première étape du deuil. C’est bien évidemment un processus très difficile à gérer. Durant cette période, il est tout à fait classique que nous nous culpabilisions, que nous nous disions à nous-mêmes que nous avons failli, que nous avons encore les moyens de réparer la relation désormais brisée.
Nous tentons alors, de manière obsessionnelle, de convaincre l’autre personne qu’il faut tout recommencer à zéro, que c’est une possibilité à ne pas manquer : “Nous ne pouvons pas perdre tout ce que nous avons construit“. Encore une fois, votre esprit vous trompe, votre cœur vous fait mal et vos bonnes intentions, pour réelles qu’elles soient, ne sont que le fruit de votre aveuglement. L’autre personne ne vous aime plus et vous devez faire face à cette réalité pour en tirer des conséquences.
3. Je veux tout connaître et tout savoir de la personne qui me quitte
Nous vivons à l’ère de la communication immédiate, du renfort instantané, de l’incapacité à tolérer la frustration : “Comment accepter que la personne que j’aime ne m’écrive plus ? Comment comprendre qu’elle me bloque et qu’elle ne veuille plus rien savoir de moi ?“.
Notre esprit va alors inventer des milliers d’excuses pour expliquer son silence, ses refus ou le retard qu’elle peut mettre à nous répondre. C’est même pire : il va élaborer des milliers de stratégies pour écrire le message ultime, celui qui fera tout rentrer dans l’ordre. Ces dynamiques destructrices peuvent durer longtemps, du moins jusqu’à ce que notre dignité y mette fin. Ces moments sont nécessaires et nous devons les franchir. Ils aboutiront généralement sur un réflexe de survie émotionnelle : supprimer notre ex-partenaire de notre carnet d’adresses et de nos réseaux sociaux.
4. Ma vie ne sera jamais plus la même
Cette affirmation, aussi exacte soit-elle, ne doit pas pour autant générer des souffrances insupportables. Pour autant, il y a deux manières de la voir. Votre esprit vous susurre que si votre vie va changer, c’est pour le pire ; le bonheur ne réapparaitra jamais dans votre existence, car vous n’êtes pas digne d’amour et que vous ne rencontrerez personne capable de vous aimer de la sorte.
Ces pensées négatives constantes sont de véritables tortures pour celles et ceux qui les subissent. Il est absolument vrai que votre vie ne sera pas la même, mais vous ne devez pas entendre cette phrase comme un jugement de valeur. Elle sera différente, elle sera nouvelle et elle sera certainement meilleure. Mieux vaut être seul que mal accompagné, nous dit la sagesse populaire. Dès lors, pourquoi regretter de ne plus partager la vie de quelqu’un qui ne nous aime plus ?
5. Je dois absolument savoir pourquoi mon partenaire a cessé de m’aimer
Nous devons répondre objectivement à cette question une bonne fois pour toutes : peut-il y avoir une raison claire, objective et précise au phénomène du désamour ? Pas toujours. Nous pouvons nous désespérer autant que nous le voulons quand nous ne nous sentons plus aimés, nous pouvons devenir obsédés par cette question mais, bien souvent, l’amour s’éteint sans que personne ne sache véritablement pourquoi.
Il peut y avoir une autre personne, il peut y avoir un ensemble de petites choses qui phagocyte peu à peu l’amour. Mais, dans la plupart des cas, le désamour ne peut être expliqué avec des mots. Il ne nous reste plus qu’à accepter la décision de l’autre et à croire en son honnêteté. Après tout, notre partenaire a été assez courageux pour exprimer ce sentiment puissant qu’il ressent.
Pour conclure, nous devons prendre conscience que nous ne pouvons pas toujours faire confiance à notre esprit lorsque notre cœur est brisé. Pour autant, dans la plupart des cas, ces sensations et ces raisonnements font partie intégrante du processus de deuil. Accepter ce qui a pu se passer est le seul moyen de remettre de l’ordre dans le chaos. Petit à petit, nous allons devenir capables de reconstruire notre estime personnelle. Après cette étape, viendra la plus difficile des épreuves : soigner notre cœur.
Images de Jarek Puczel
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