5 erreurs du thérapeute à éviter à tout prix
Les facteurs ayant une influence sur le développement et les résultats d’une psychothérapie sont nombreux. Les erreurs du thérapeute en font partie.
Il existe une idée reçue très largement répandue : le fonctionnement d’une thérapie repose sur les épaules de celui qui a besoin d’aide. En revanche, prendre cette idée au pied de la lettre peut être une grave erreur. En effet, de nombreuses variables entrent en jeu dans la réussite d’une thérapie. Et parmi ces variables, certaines sont hors de contrôle du patient.
Les facteurs qui motivent les modifications thérapeutiques sont nombreux. Le soutien social et la force du moi de l’individu (c’est-à-dire le champ extra-thérapeutique), les techniques concrètes employées en thérapie, l’effet placebo ou les attentes et la relation thérapeutique (dans le cadre de laquelle les erreurs du thérapeute peuvent jouer un rôle très important) sont les exemples principaux.
Tout comme ce qui touche au champ extra-thérapeutique, la relation thérapeutique existant entre le psychologue et le patient est un facteur très important dans l’atteinte d’une quelconque évolution.
Pour cette raison, il est essentiel de présenter certaines erreurs du thérapeute allant à l’encontre de l’alliance thérapeutique. C’est un facteur qui a une influence d’environ 40% sur le changement expérimenté par le patient en psychothérapie (Corbella et Botella, 2004).
Les erreurs du thérapeute : 5 exemples
Résoudre le problème avant même de l’avoir compris
C’est l’une des erreurs du thérapeute les plus communes. Certains types de thérapies, tels que la psychanalyse, recherchent une compréhension très importante des problématique du patient et investissent beaucoup de temps et d’effort à la compréhension de la narration. Pour autant, ce n’est pas le cas de toutes les thérapies.
Beaucoup d’entre elles sont insérées dans des contextes où le nombre de session le plus réduit et rapproché dans le temps est synonyme de qualité. Plus vite la thérapie sera conclue, meilleur sera le thérapeute.
En suivant cette logique, nous nous confrontons aux imperfections des psychologues. Certaines peuvent tenter d’agir avec uniquement des pièces superficielles d’information. Ils vont donc répondre aux problématiques et intervenir sans évaluer d’autres aires qui, a priori, sont sans importance.
Lorsqu’un patient arrive avec une baisse morale associée à de mauvaises notes par exemple, nous menons une évaluation et nous planifions une intervention. Mais en évaluant son perfectionnisme ainsi que ses raisonnements irrationnels dont il doit se séparer et en appliquant des techniques de gestion émotionnelle pour faire face à ses situations, nous pouvons omettre de considérer certains facteurs importants.
Le patient peut par exemple souffrir d’un trouble du comportement alimentaire que nous n’avons pas évalué car le sujet de l’alimentation n’est à aucun moment apparu comme problématique. Nous avons aussi très bien pu penser, lorsque le patient nous a évoqué des modifications de son comportement alimentaire, que celles-ci étaient le résultat des mauvaises notes.
Ainsi, une intervention qui n’est pas précédée par une bonne évaluation sera condamnée à l’échec. Prendre le temps nécessaire à l’évaluation du cas n’est pas grave. Il ne faut donc pas se laisser entraîner par l’angoisse de ne pas proposer d’intervention rapide.
Avoir des comportements inappropriés : une des erreurs du thérapeute les plus importantes
Au-delà de ce que l’on peut imaginer d’un point de vue culturel, les interventions verbales et non-verbales du thérapeute en session doivent avoir une certaine valeur fonctionnelle. L’humour, la loquacité, la satire, les blagues sont très utiles et peuvent permettre la mise en place d’une alliance thérapeutique très profonde, mais on recommande de prendre certaines précautions.
Ce type d’interventions doit être appliqué dans un but précis, pour confronter le patient, calmer son anxiété, ridiculiser ou exposer des idées afin de stimuler l’insight, etc.
Le rire d’un thérapeute doit également être contrôlé et employé pour renforcer les interventions du patient. Il est nécessaire d’examiner le contenu des blagues car l’objectif est généralement de ridiculiser un aspect concret.
De quel aspect s’agit-il ? En quoi est-il lié à la problématique du patient ? Et surtout, faut-il féliciter le patient d’avoir fait cette blague à ce sujet ? Si nous parlons avec quelqu’un d’incapable de prendre les choses au sérieux, avec des problèmes de gestion de la colère, et qui d’un coup plaisante avec le thérapeute qui se met à rire, l’idée est de renforcer le manque d’importance des accès de colère.
On peut extrapoler ceci au contrôle du rire du thérapeute lorsqu’il veut réduire son anxiété. Si le thérapeute n’est pas sûr de lui ou si le patient est en difficulté par exemple… Le thérapeute éclate de rire pour se calmer mais il transmet un message indiquant “Cela m’a fait rire“. Un tel comportement peut dérouter le patient, qui ne se sentira alors pas à l’aise ni à même de développer une alliance thérapeutique.
Pousser le patient à l’échec
Les modifications spectaculaires atteintes en une période de temps restreinte ne correspondent pas à la norme. Cependant, lorsque ce n’est pas possible, l’enthousiasme ou la hâte du thérapeute peut précipiter la thérapie dans cette direction. On peut donc augmenter le réseau social de l’individu, le pousser à vivre de nouvelles expériences, à mener des actions qui semblent a priori bénéfiques…
Oublier ou traiter rapidement des aspects qui semblent anodins (lorsqu’ils ne le sont pas pour notre patient) correspond à l’une des erreurs du thérapeute les plus communes. En poussant notre patient à augmenter son réseau en parlant aux autres, nous l’encourageons peut-être à faire une chose pour laquelle il n’est pas prêt. Ces rencontres peuvent mal tourner, le patient peut manquer de compétences pour maintenir des conversations à certains niveaux ou être incapable de contrôler son anxiété dans certains environnements.
Le manque de résultat n’est bien souvent pas dû au patient mais plutôt à la responsabilité du thérapeute. En thérapie, le procédé doit être intelligent et adapté en temps. Il faut user de toutes les tâches et recommandations en s’assurant qu’elles soient bien en accord avec les besoins de notre patient. Il est essentiel de considérer son rythme.
Tenter d’être ami avec le patient
Le thérapeute n’a pas fait des années d’études en psychothérapie pour devenir quelqu’un qui écoute et donne des conseils. De nombreux cliniciens sont donc d’accord pour dire que le psychothérapeute ne doit en aucun cas être ami du patient. Cette relation n’est pas adéquate pour une relation thérapeutique. Elle rend difficile les confrontations, les tâches en thérapies deviennent optionnelles, le patient peut s’énerver vis-à-vis des attentes du thérapeute en tant qu’ami… C’est une erreur qu’il faut absolument éviter de commettre.
Pour cette raison, il est recommandé d’éviter de réaliser des actions concrètes qui pourraient pousser le patient à penser que le thérapeute est plus qu’un professionnel. Il ne faut pas faire de réflexions concernant le physique de l’individu (à moins que cela ne soit nécessaire dans son traitement thérapeutique), ne pas lui prêter d’argent, ne pas lui dire ce qu’il devrait ou ne devrait pas faire, et bien entendu voir le patient en dehors de ses séances de thérapie.
Avoir de mauvaises approches des interventions
Plusieurs types d’intervention peuvent pousser le patient à s’éloigner, à déformer les messages reçus oui à se sentir inutile. Si les patients se sentent ainsi et que cette sensation se maintient au cours de la thérapie, celle-ci a de grandes chances d’être inefficace. Il ne faut pas oublier les effets iatrogéniques de la thérapie pour le patient. Cela signifie que le thérapeute ne critique pas et ne culpabilise pas le patient. C’est certainement quelque chose que l’entourage a déjà fait et le rôle du thérapeute n’est pas d’intégrer cet entourage.
Il est normal que le thérapeute ne critique pas de manière directe. Cependant, le patient peut se sentir jugé lorsque l’on fait preuve d’impatience. Lorsque nous lui affirmons qu’il n’a pas envie de changer. Ou lorsque nous lui disons que son comportement est déficitaire.
Parfois, nous nous positionnerons et cela ne sera pas grave. Parfois être aussi explicite, c’est risqué et contreproductif. Embrasser les paroles du patient et tenter de comprendre ce qu’il dit en se plongeant dans ses émotions est bien plus bénéfique que de lui affirmer qu’il a tort.
Enfin, il est recommandé d’éviter certaines phrases poussant le patient à être sur la défensive. Par exemple, “Se plaindre ne changera pas les choses“, “Vous êtes sur la défensive” ou “Vous avez pitié de vous-même“. Il faut se concentrer sur les difficultés du patient et non pas sur la correction de ses valeurs. La thérapie sera ainsi beaucoup moins ardue. Prendre soin de l’alliance thérapeutique est un objectif très important dans ce domaine. Ainsi, les émotions telles que l’enthousiasme, l’ignorance ou l’égo ne provoqueront pas l’éloignement du patient.
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- Coberlla, S. y Botella, L. (2004). Investigación en psicoterapia. Procesos, resultados y factores comunes. Madrid: Visión Net.
- Pipes, R. y Davenport, D. (2004). Introducción a la Psicoterapia. El saber clínico compartido. Bilbao: Desclée de Brower.
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