Une méta-analyse scientifique met en doute la pleine conscience

La pleine conscience est essentiellement une technique de relaxation qui vise à diminuer le stress. Cependant, beaucoup la promeuvent comme une panacée spirituelle. Une méta-analyse scientifique révèle qu'elle comprend de sérieuses limites.
Une méta-analyse scientifique met en doute la pleine conscience
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 13 avril, 2021

La pleine conscience ou mindfulness est très populaire en Occident ces dernières années. Cependant, une méta-analyse scientifique a remis en question les avantages que beaucoup lui attribuent.

L’enjeu est frappant, car cette approche est considérée comme valable, non seulement dans de nombreux textes mais aussi dans la pratique quotidienne des psychologues et autres professionnels.

La pleine conscience est une sorte d’adaptation de la méditation transcendantale qui vient du bouddhisme et de l’hindouisme. On a commencé à en parler dans les années 1970, lorsque le Dr Jon Kabat-Zinn a créé une technique appelée MBSR (Mindfulness-based stress reduction – Réduction du stress basée sur la pleine conscience).

Le mot mindfulness est un terme anglais archaïque qui signifie “attention”. Il a été compris comme “pleine conscience”, car il se réfère à ce principe de la philosophie Zen. Cependant, son créateur ne s’est jamais défini comme un bouddhiste ou comme un pratiquant des traditions orientales. On pourrait dire que la pleine conscience en est une interprétation particulière.

“…les conclusions de nos recherches sont loin de valider de nombreuses affirmations populaires que font souvent les méditants et certains psychologues.”

-Miguel Farías et collaborateurs-

La méta-analyse de la tradition.

Pleine conscience et traditions orientales

Les religions telles que le bouddhisme, l’hindouisme ou des pratiques telles que le zen ont une tradition millénaire. Ce qui s’est le plus démarqué en Occident, c’est la pratique de la méditation. Elle est très différente de celle pratiquée dans la pleine conscience.

Ces pratiques ont une signification étroitement liée aux croyances religieuses et sacrées de ceux qui les pratiquent dans le contexte dans lequel ils sont nées. La pleine conscience, en revanche, n’est qu’une technique.

La raison pour laquelle de nombreuses personnes se tournent vers cette pratique est le but de réduire le stress. Le créateur de la pleine conscience l’a défini comme une technique permettant de réduire le stress.

Cependant, cette pratique a pris des formes multiples et s’est mêlée à d’innombrables autres techniques et croyances, donnant lieu à une énorme variété de pratiques. Ce qui est commun sous toutes ses formes, c’est cette recherche de “paix intérieure” chez les personnes anxieuses.

La pleine conscience remise en question

Des milliers de personnes dans le monde affirment avoir connu une grande réduction du stress et une “croissance spirituelle” liée à la pleine conscience. Un groupe de neuroscientifiques de Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni a alors mené une méta-analyse sur la question. Les résultats ont été publiés dans des rapports scientifiques.

Une méta-analyse est une enquête sur les études disponibles. Cela signifie que toutes les publications de recherche sur le sujet sont étudiées, que leur validité est évaluée et que leurs conclusions sont examinées. Il s’agit en fin de compte d’un grand rapport sur les trouvailles faites ; il s’agit de déterminer des conclusions claires sur tout le matériel disponible.

La méta-analyse sur la pleine conscience a révélé que de nombreuses études à cet égard étaient gravement défectueuses. Le plus récurrent était le fait que le chercheur à l’origine de l’étude y était partie prenante. Bon nombre de ces enquêtes ont en effet été effectuées par les instructeurs eux-mêmes. De plus, plusieurs études ne partaient pas d’un nombre représentatif de cas.

La méta-analyse de la technique.

Les limites de la technique selon la méta-analyse

Un autre des défauts détectés est que bon nombre de ces enquêtes ont comparé un groupe de personnes qui pratiquaient la pleine conscience avec un groupe qui ne la pratiquait pas. Il aurait été approprié d’offrir une alternative de relaxation à ce dernier groupe pour contraster les résultats, chose qui n’a pas été faite dans plusieurs de ces études.

Les chercheurs de la méta-analyse ont finalement conclu que la pleine conscience n’offre pas les avantages que beaucoup lui attribuent. Elle ne permet pas de faire preuve de plus d’empathie ou de compassion et d’être plus spirituel. Les neuroscientifiques ont même déclaré qu’elle n’apportait pas plus de bien-être que l’exercice physique ou une psychothérapie.

Parmi les auteurs de la méta-analyse figure Miguel Farías de l’Université Conventry. Ce dernier a souligné que la pleine conscience est loin du bouddhisme pratiqué en Orient et que, dans l’hémisphère occidental, elle a été abordée comme une sorte de gymnastique mentale. Pour la même raison, elle n’a pas la portée de la méditation transcendantale classique.

Ainsi, ce qui est dérangeant dans cette situation, c’est qu’il existe des milliers de publications qui exaltent les bienfaits de la pleine conscience. Or, cette méta-analyse fournit des conclusions rigoureuses qui contredisent ces textes. Cependant, cette pratique a été adoptée par de nombreuses personnes et la croyance sur ses prétendus bienfaits prime face aux preuves scientifiques.


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