Une dépression non soignée a des effets neurodégénératifs
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Une dépression non soignée, à savoir celle qui devient chronique et qui accompagne le patient pendant des années telle une ombre qui assombrit toute chose, finit par laisser une trace dans le cerveau. De récentes études montrent que l’altération provoquée par cet état psychologique influe sur des structures du cerveau. La dépression affecte alors notre capacité pour prendre des décisions, résoudre des problèmes, ou encore réfléchir…
Une neuroinflammation, un moindre apport d’oxygène dans le cerveau, des changements au niveau de la production de neurotransmetteurs… Certains troubles tels que la dépression majeure peuvent diminuer la fonctionnalité de nombreuses structures cérébrales jusqu’à donner lieu à un processus neurodégénératif. En ce qui concerne la dépression, ces changements commenceront à être évidents chez les patients qui traînent ce problème psychologique pendant au moins 9-12 mois.
Maintenant que nous savons tout cela, les questions qui nous viennent à l’esprit sont alors les suivantes… Pourquoi ne soignons-nous pas nos dépressions ? Que fait une personne qui ne se fait pas aider par un professionnel de la santé pour soigner sa souffrance ? Il convient de souligner qu’il n’y a pas une seule et unique réponse à ces questions. En réalité, nous ne parvenons pas toujours à délimiter avec exactitude la complexité de ce trouble de l’humeur.
Certains patients pensent qu’ils n’iront jamais mieux. Leur propre maladie agit comme un bouclier qui les empêche de demander de l’aide. D’autres patients résistent au traitement. D’autres encore se font de fausses idées sur la thérapie psychologique. Ces personnes n’ont pas confiance en la thérapie ; pire encore, elles n’osent pas reconnaître qu’elles ont un problème.
Par ailleurs, nous ne pouvons pas non plus ignorer le fait que certains patients manquent de ressources ainsi que de soutien social. Cohabiter avec un trouble psychologique non soigné est malheureusement commun. Les effets de cette réalité sont souvent considérables.
Dépression et effet neurodégénératif
Nous savons presque tous très bien ce qu’est une dépression, soit parce que cela nous a concerné ou concerne directement, soit parce que nous connaissons quelqu’un qui transite dans cet univers si épuisant à tous les niveaux. Nous connaissons alors les effets de la maladie sur l’humeur, l’implication physique, et même l’implication sociale. Mais une grande partie de la population ignore que la dépression peut avoir des effets négatifs sur notre cerveau.
Une étude intéressante menée par le docteur Victor H. Perry, professeur de neuropathologie à l’Université de Southampton au Royaume-Uni, montre les effets de la dépression sur le cerveau. Cette étude montre qu’une personne qui souffre d’une dépression majeure courent un risque plus important de traîner la maladie pendant une longue période de temps. Les rechutes sont fréquentes. Certains patients luttent contre ce problème depuis des décennies.
Une dépression non soignée ou celle qui persiste a un effet neurodégénératif. Voyons cela plus en détail dans la suite de cet article.
Plusieurs zones du cerveau qui changent de taille ? L’une des conséquences d’une dépression non soignée
L’étude menée par la docteure Dilara Yuüksel de l’Université d’Istanbulmet en évidence l’altération provoquée par la dépression majeure au niveau cérébral au bout de trois ans de non-traitement (ou de non-réaction au traitement).
La conséquence la plus frappante est la réduction de taille de certaines zones du cerveau, à savoir le cortex frontal, le thalamus, l’hippocampe et l’amygdale. Ces zones sont directement liées à notre mémoire, au traitement de nos émotions et aux fonction exécutives (résolutions de problèmes, attention, planification, capacité de réponse à l’environnement).
L’accumulation de protéine C réactive est une des conséquences d’une dépression non soignée
Une dépression non soignée produit un effet biologique : la neuroinflammation. Le docteur Jeff Meyer du centre de santé mentale de l’Université de Toronto au Canada a mené une recherche à laquelle 80 personnes ont participé sur une période de dix ans. La moitié d’entre elles souffraient de dépression majeure, laquelle n’avait jamais été traitée.
L’objectif de cette étude était de découvrir l’effet de la dépression sur le cerveau. La première observation fut la suivante : il y a une plus grande accumulation de protéine C réactive dans les zones du cerveau citées précédemment. Ce type de protéine produit un effet inflammatoire. Cette observation nous ouvre à la possibilité de tester un autre type de traitement médicamenteux pour ce cas de figure particulier.
Moins d’oxygène se dirige vers le cerveau
Cet effet est sans aucun doute frappant. Certains travaux comme celui réalisé par le docteur Tomohiko Shibata de l’Université de Tokyo nous montre que les troubles de l’humeur, tels que la dépression, se traduit par une hypoxie légère. Cela veut dire qu’un état psychologique qui se prolonge dans le temps entraîne une moindre oxygénation cérébrale.
Les conséquences du manque d’oxygénation sont les suivantes : une plus grande fatigue, confusion, problèmes de concentration, migraines… L’effet est évident. C’est pourquoi on utilise déjà des chambres à oxygène hyperbare pour soulager les symptômes.
Comme vous l’aurez sans doute compris, la dépression majeure peut considérablement nuire à notre santé cérébrale. Le propre impact de la maladie finit par modifier la fonctionnalité du cerveau, aggravant ainsi le mal-être des patients auquel s’ajoutent les problèmes cognitifs et une plus grande résistance aux traitements.
Au cours de ces dernières années, de nouvelles techniques sont apparues. On a vu, par exemple, que la stimulation magnétique transcranienne (non électroconvulsive) améliore considérablement le bien-être des patients. Les impulsions magnétiques dirigées vers les zones problématiques améliorent la biochimie et la connectivité. Selon les experts, c’est comme “redémarrer” le cerveau. Nous espérons bientôt découvrir de nouvelles avancées prometteuses.
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- Dilara Yüksel, Jennifer. Engelen, Verena. Schuster (2018) Longitudinal brain volume changes in major depressive disorder
Journal of Neural Transmission. 67 (4), 357–364. DOI https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00702-018-1919-8 - Perry, Victor (2018) Microglia and major depression. Nature Reviews Neuroscience, vol. 17, número 8 (2016) pp. 497-511 DOI:https://doi.org/10.1016/S2215-0366(18)30087-7
- Shibata, T., Yamagata, H., Uchida, S., Otsuki, K., Hobara, T., Higuchi, F., … Watanabe, Y. (2013). The alteration of hypoxia inducible factor-1 (HIF-1) and its target genes in mood disorder patients. Progress in Neuro-Psychopharmacology and Biological Psychiatry, 43, 222–229. https://doi.org/10.1016/j.pnpbp.2013.01.003
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