Trop d'exercice peut parfois nuire à la santé mentale
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
L’exercice et la santé mentale sont deux facteurs directement liés à votre état. De nombreuses études affirment que l’exercice physique peut aider les gens à faire face aux problèmes de santé mentale. Et de ce fait, à améliorer leur bien-être. D’autre part, une étude récente confirme une hypothèse qui devrait servir d’avertissement. Trop d’exercice peut nuire à la santé mentale.
A ce jour, l’étude de type observationnel est la plus importante du genre au monde. Elle a révélé que les personnes qui font de l’exercice signalent moins de problèmes de santé mentale que les personnes qui n’en font pas. Environ 1,5 jour de moins par mois en moyenne.
L’étude a également affirmé que les sports d’équipe s’associent aux réductions les plus importantes allant dans le même sens. Des sports tels que : le cyclisme, l’aérobie et la gymnastique. Des chercheurs de l’Université Yale à New Haven, Connecticut, USA, ont mené l’étude.
Ils ont essentiellement mené cette étude dans le but de mieux comprendre comment l’exercice physique affecte la santé mentale d’une personne. De plus, ces chercheurs ont également tenté de déterminer quels types d’exercices sont les plus efficaces. Quand il s’agit d’obtenir un stimulant émotionnel. On leur a, par ailleurs, demandé dans quelle mesure trop d’exercice pourrait-il nuire. Un article contenant ces résultats et d’autres a été publié dans The Lancet Psychiatry.
“L’exercice est associé à une charge de santé mentale moins lourde pour les gens. Sans tenir compte de l’âge. De la race. Du sexe. Du revenu familial. Et du niveau de scolarité “, affirme Adam Chekroud, auteur principal de l’étude. Chekroud explique également : “[…] les détails à propos de la distribution de l’exercice, tels que le type, la durée et la fréquence, ont joué un rôle important dans cette association. Nous l’utilisons maintenant pour essayer de personnaliser les recommandations en matière d’exercice. Et, encore, lier les gens à un régime d’exercice particulier. Ce dernier les aidera à améliorer leur santé mentale.”
Relation entre l’exercice et la santé mentale
Plus d’exercice n’a pas toujours été ce qu’il y a de mieux. L’étude a révélé que le fait de faire de l’exercice pendant 45 minutes entre trois à cinq fois par semaine était associé aux plus grands bienfaits. Il faut aussi souligner que cette étude comprenait tous les types d’activité physique. Depuis la garde d’enfants, les travaux ménagers, la tonte des pelouses et la pêche jusqu’au cyclisme, la gymnastique, la course et le ski.
Nous savons que l’exercice physique diminue le risque de maladies cardiovasculaires, et du coup la menace que représentent les accidents vasculaires cérébraux et le diabète. Par conséquent, le taux de mortalité baisse aussi. Pourtant, son lien avec la santé mentale n’est pas tout à fait clair. La recherche décrite sur l’effet de l’exercice sur la santé mentale a des résultats contradictoires.
Certaines données suggèrent que l’exercice physique peut améliorer la santé mentale. La relation peut, par ailleurs, aller dans les deux sens. Par exemple, l’inactivité peut être un symptôme et une contribution à une mauvaise santé mentale. Cependant, le fait d’être actif peut être un signe contribuant à la résilience. Les auteurs soulignent que leur étude ne peut guère établir la cause. Et encore moins déterminer l’effet.
Dans le cadre de l’étude, les auteurs ont utilisé des données provenant de 1,2 million d’adultes des 50 États américains qui ont participé à l’enquête Behavioral Risk Factor Surveillance System en 2011, 2013 et 2015. Par ailleurs, cette étude comprenait des données démographiques. Ainsi que des informations sur la santé physique, la santé mentale et les comportements en matière de santé. L’étude n’a pas plus considéré les troubles mentaux que la dépression.
On a demandé aux participants d’estimer combien de jours sur les 30 derniers jours ils avaient l’impression que leur esprit ne fonctionnait pas bien (stress, dépression et autres problèmes émotionnels).
On leur a également demandé à quelle fréquence ils avaient fait de l’exercice au cours des 30 derniers jours en dehors de leur travail habituel. Combien de fois par semaine ou par mois ils avaient fait cet exercice et pendant combien de temps. Tous les résultats ont été ajustés en fonction de l’âge, de la race, du sexe, de l’état matrimonial. En tenant compte également du revenu, du niveau de scolarité, de la situation d’emploi, de l’indice de masse corporelle. Ainsi que de la santé physique auto-déclarée et du diagnostic antérieur de dépression.
En moyenne, les participants ont connu 3,4 jours de mauvaise santé mentale par mois. Comparativement aux personnes qui ont déclaré ne pas faire d’exercice. Les personnes qui ont fait de l’exercice ont déclaré 1,5 jour de moins par mois de mauvaise santé mentale. Autrement dit, une réduction de 43,2 %. En d’autres termes, 2 jours pour les personnes qui ont fait de l’exercice contre 3,4 jours pour celles qui n’en ont pas fait.
La réduction du nombre de jours de mauvaise santé mentale était plus élevée chez les personnes ayant déjà reçu un diagnostic de dépression. On a associé l’exercice à 3,75 jours de mauvaise santé mentale de moins en comparaison aux personnes ne faisant pas d’exercice. On peut donc noter une réduction de 34,5 %. Ce qui signifie 7,1 jours pour les personnes qui faisaient de l’exercice contre 10,9 jours pour celles qui n’en faisaient pas.
En tout, on a enregistré et regroupé 75 types d’exercices en huit catégories. Dans cette catégorie, on retrouve les exercices aérobiques et gymnastiques, le cyclisme, le vélo d’appartement. Ainsi que des sports d’équipe, des activités récréatives, course et jogging, marche et sports d’hiver ou nautiques.
On a, de ce fait, associé tous les types d’exercice à une meilleure santé mentale. Par contre, on a pu observer que les associations les plus fortes pour tous les participants résident dans les sports d’équipe. Notamment dans le cyclisme, l’exercice aérobique et la gymnastique. Ce qui explique la réduction des jours de mauvaise santé mentale de 22,3 %, 21,6 % et 20,1 %, respectivement. On a même associé l’accomplissement des tâches ménagères à une amélioration. En conséquence, une réduction des jours de mauvaise santé mentale d’environ 10 %. Soit environ une demi-journée de moins chaque mois.
L’association entre l’exercice et l’amélioration de la santé mentale était plus importante que celle de la santé mentale avec d’autres facteurs sociaux ou démographiques. D’où une réduction de 43,2 % de la mauvaise santé mentale. Par exemple, les personnes ayant fait des études universitaires ont connu une réduction de 17,8 % du nombre de jours de santé mentale par rapport aux personnes sans instruction. Les personnes ayant un IMC normal ont connu une réduction de 4 % par rapport aux personnes obèses. En outre, les personnes dont le revenu est supérieur à 50 000 $ ont déclaré une réduction de 17 % par rapport à celles qui gagnent moins.
Exercice et santé mentale : un binôme pas toujours gagnant
La fréquence et la durée de l’exercice physique ont également été un facteur important. Les personnes qui faisaient de l’exercice trois à cinq fois par semaine ont déclaré avoir une meilleure santé mentale que celles qui en faisaient moins ou s’exercaient plus par semaine. Ce qui est associé à environ 2,3 jours de moins de mauvaise santé mentale comparativement aux personnes qui en faisaient deux fois par mois.
Par ailleurs, on a associé le fait de faire de l’exercice pendant 30 à 60 minutes à la plus forte réduction du nombre de jours de mauvaise santé mentale. Ce qui révèle environ 2,1 jours de moins de mauvaise santé mentale. En les comparant avec les personnes qui ne faisaient pas d’exercice. De petites réductions étaient encore observées chez les personnes qui faisaient de l’exercice plus de 90 minutes par jour. Par contre, l’exercice de plus de trois heures par jour était associé à une santé mentale perçue comme pire que le manque d’exercice.
Les auteurs soulignent que les personnes qui font beaucoup d’exercices physiques peuvent avoir des caractéristiques obsessionnelles. Ce qui, en réalité, pourrait les exposer à un risque accru de mauvaise santé mentale.
Remarques finales
Les chercheurs affirment que la constatation selon laquelle ils associent les sports d’équipe à la plus faible charge de santé mentale peut indiquer que les activités sociales favorisent la résilience. Ces activité tendent également à diminuer la dépression en réduisant l’isolement social. Ce qui donne aux sports sociaux un avantage sur les autres types de sports.
L’étude a utilisé l’auto-évaluation des gens au niveau de leur santé mentale et de leur pratique d’un exercice physique. A cet égard, nous parlons de santé mentale perçue plutôt que de santé mentale objective. De plus, on n’a interrogé les participants que sur leur principale forme d’exercice. Mais toute réflexion faite, il pourrait y avoir beaucoup de variance incontrôlée si nous considérons les personnes qui font plus d’un exercice.
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