Logo image
Logo image

Thérapies systémiques : origines, principes et écoles

8 minutes
Thérapies systémiques : origines, principes et écoles
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Les thérapies systémiques puisent leur origine dans la thérapie familiale, même si en réalité, la famille ne doit pas nécessairement être le centre de l’attention afin que le regard soit systémique. De ce point de vue, ce qui prime, c’est la relation, ou autrement dit le processus d’interaction entre les personnes et pas tant l’observation de l’individu isolé.

C’est le biologiste et philosophe autrichien Ludwig Von Bertalanffy qui, en 1968, a formulé la Théorie Générale des Systèmes. Il a utilisé le concept de système comme “un complexe d’éléments en interaction” pour plus tard l’appliquer au domaine thérapeutique jusqu’à devenir le modèle prédominant dans les études de famille et les relations.

Or, la perspective systémique se nourrit aussi d’apports venus d’autres disciplines, et plus particulièrement du domaine théorique. Parmi ces disciplines, on trouve la cybernétique, les développements pragmatiques de la communication ou encore la psychothérapie familiale. Cette intégration de perspectives différentes a permis le développement d’un large domaine d’application qui regroupe les traitements individuels mais aussi de groupes, de couples et évidemment de familles (Hoffman, 1987).

Le point commun entre ces différentes approches, c’est le concept de système, à partir duquel on déduit que le tout est plus grand que la somme des parties. En d’autres termes, du point de vue de l’approche systémique, on met l’emphase sur les propriétés du tout qui résultent de l’interaction des différents éléments du système. Cela veut dire en termes généraux que l’important, c’est la relation qui surgit de l’interaction entre les gens.

Ainsi, les psychologues systémiques considèrent l’idée générale suivante : un système, quel qu’il soit, familial, de couple ou social, est composé par un ou plusieurs éléments liés entre eux de telle manière qu’un changement dans l’état donnera lieu à un autre du système ; ainsi, on peut donc en arriver à connaître des aspects fondamentaux de la pathologie individuelle d’un des membres du système.

Antécédents des Thérapies Systémiques

Les antécédents les plus mis en avant des thérapies systémiques, nous pouvons les trouver dans la psychanalyse. Nous pouvons ici citer comme exemple la “mère schizogène” de Frieda Fromm-Reichmann, la “mère perverse” de Rosen ou le recours aux entretiens familiaux de Bell.

Même ainsi, les débuts les plus clairs de cette thérapie ont surgi avec l’anthropologue Gregory Bateson et son équipe de vétérans dans le “Administration Hospital de Palo Alto”. Bateson s’est uni à d’autres chercheurs tels que Jackson, Haley et Weakland pour analyser le système communicationnel des familles schizophrènes.

Some figure

Gregory Bateson

Une des théories les plus intéressantes qui a surgi à partir de ces recherches a été la théorie du double lien ; cette théorie explique comment la contradiction entre deux ou plus de deux messages peut mener au délire pour échapper à la réalité. Puisque la contradiction implique de recevoir deux ordres simultanés impossibles à satisfaire, puisque la réalisation de l’un implique de désobéir à l’autre. Par exemple, on pourrait ici penser à une mère qui dit “je t’aime” à sa fille, tout en lui signifiant dans sa gestuelle un rejet, ou bien à des propos tels que “Sois plus spontané” ou “Ne sois pas obéissant”.

Parallèlement, en 1962, Jackson et Ackerman ont fondé la revue Family Process, et Bertalanffy a formulé la Théorie Générale des Systèmes, cette dernière étant l’ultime théorie qui développe une série de facteurs communs à toutes les thérapies systémiques.

Aspects communs des thérapies systémiques

Même si les thérapies systémiques sont très larges et qu’elles englobent, comme nous l’avons dit précédemment, un grand groupe de disciplines, il existe une série d’aspects communs à toutes ces thérapies. Le plus important est le concept de système que nous avons déjà mentionné comme “un ensemble d’objets ou d’éléments qui se lient entre eux”.

Dans sa Théorie Générale des Systèmes, Bertalanffy a aussi mis en évidence le concept d’interaction, présupposant ainsi qu’un système implique une interdépendance entre les parties ou, dans le cas des thérapies systémiques, des personnes impliquées dans la relation.

De plus, dans le cadre de la Théorie Générale des Systèmes, on défend l’idée que chacune des parties qui forment un système peut être considérée comme un sous-système. Ainsi, la famille peut être le système, et la relation entre mère et fille, le sous-système.

Il est aussi important de différencier les systèmes ouverts des systèmes fermés, même s’il existe un critère unifié entre les chercheurs pour la différenciation de ces derniers. Si on se fie à la conceptualisation de Bertalanffy, un système fermé est celui dans le cadre duquel aucun type d’échange n’est réalisé, alors qu’un système ouvert se trouve en constant échange avec le milieu ou avec d’autres systèmes.

Par exemple, les systèmes de famille fermés ne maintiennent aucun type d’échange avec leur entourage. L’état final dépend des conditions initiales dudit système et il existe un appauvrissement d’énergie progressif dans l’union et le système familial.

Some figure

A partir de cette observation, d’auteurs tels que Watzlawick, Beavin et Jackson de l’école de Palo Alto et de la dérivation de l’étude d’autres concepts de la Théorie Générale des Systèmes surgit “La théorie de la communication humaine”. Cette théorie apporte des aspects et des idées communes à tous les modèles systémiques telles que :

  • Il est impossible de ne pas communiquer : cette théorie part du principe que toute conduite est communication, même le silence. De plus, elle considère qu’il se peut dans certaines situations que le “symptôme” soit la forme de communication.
  • Les mécanismes des systèmes s’auto-régulent via les feedbacks.
  • Il existe deux niveaux de communication : le niveau digital, ou de contenu, et le niveau analogique ou relationnel. S’il y a une incongruence entre les deux niveaux, apparaissent les messages paradoxaux.
  • L’interaction est conditionnée par les ponctuations qu’introduisent les participants. Cela veut dire qu’en fonction de la version que l’on construit de ce que l’on voit et de ce que l’on expérimente, on marque la relation avec les autres personnes et inversement. Si bien que le manque d’accord par rapport à la manière de ponctuer les faits est la cause de nombreux conflits dans les relations.
  • Il existe un système de règles que le thérapeute systémique doit connaître : les règles reconnues, les règles symétriques, les règles secrètes et les méta-règles.

Même ainsi, chaque école systémique compte de plus sur une série de particularités. Découvrons-en certaines d’entre elles plus en détails.

Ecole internationale du MRI : Watzlawick, Wakland et Fisch

Cette école systémique s’identifie comme la deuxième génération de chercheurs de Palo Alto (Watzlawick, Weakland & Fisch, 1974 ; Fisch, Weakland & Segal, 1982).

Certaines des règles de cette école sont :

  • Les solutions tentées sont celles qui maintiennent les problèmes ; autrement dit, ce que la personne met en œuvre pour remédier à ce qui est arrivé ne fait parfois que maintenir le problème.
  • Les interventions sont vouées à identifier les circuits qui interviennent dans la relation et les solutions tentées. L’objectif consiste à modifier les règles d’interaction, ce que l’on connaît sous le nom de Changement 2, puisque les solutions tentées et qui ont échoué sont le Changement 1.
  • Une des stratégies utilisées sont les interventions paradoxales, ce qui consiste autrement dit à interdire des tâches ou à communiquer des idées très éloignées du système commun, mais en accord avec la marque référentielle du système. Pour cela, on “parle le langage du patient” et on “charge l’interdiction de suggestion”.
Some figure

Paul Watzlawick

Ecole structurelle et stratégique : Minuchin et Haley

Minuchin et Haley sont les principaux représentants de cette école. Pour eux, il est indispensable d’analyser la structure du système pour connaître le type de relations qu’entretiennent leurs membres et ainsi appliquer le traitement.

Tous deux envisagent que les familles s’organisent autour d’alliances et de coalitions. Par exemple, une alliance se définit par la proximité de deux membres en contraste avec un troisième plus distant, alors qu’une coalition consiste en l’union de deux membres contre un troisième. Les coalitions de différentes générations sont dénommées triangles pervers (la mère et l’enfant contre le père, par exemple).

Depuis cette perspective, le thérapeute a recours à toute une série de techniques visant à modifier la structure familiale, défiant ainsi les définitions de la famille et réalisant une redéfinition positive du symptôme. On parie aussi sur la prescription de tâches à certains membres de la famille, le déséquilibre – où le thérapeute s’allie à un sous-système – pour provoquer une restructuration des limites ou les interventions paradoxales de Haley.

Ecole systémique de Milan : Selvini-Palazzoli, la psychose dans la famille

Cette école est née grâce aux travaux de Mara Selvini-Palazzoli et son équipe, qui se sont concentrés sur des troubles tels que l’anorexie ou les troubles psychotiques, surgissant généralement dans des familles de transaction rigide.

L’école systémique de Milan accorde une attention toute particulière à des informations recueillies depuis le moment de dérivation et du premier contact. A partir de là, ils construisent une hypothèse de travail qu’ils vont contraster dans le développement de la première session. Ils travaillent surtout sur les significations de la famille en relation avec le symptôme et du patient identifié dans le but de trouver des consensus, ou non.

Une des interventions mise au jour par cette école est une prescription invariable, un programme spécifique visant à travailler avec les familles psychotiques qui consiste à confier la même tâche à toute la famille, tentant de s’allier aux parents via un secret, qui favorise la séparation des sous-systèmes, surtout celui formé par les enfants.

Les thérapies systémiques offrent une autre perspective des problèmes et des difficultés. Une autre perspective qui récompense la relation au-delà de l’individu comme élément principal du travail pour aider les gens et améliorer leur vie. Un chemin curieux et intéressant qui gagne de plus en plus d’importance dans le domaine thérapeutique.

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Baecker, D. (2017). Teorías sistémicas de la comunicación. Revista Mad, (37), 1-20.
  • Beyebach, M. (2016). La Terapia Sistémica Breve como práctica integradora. Manual práctico de terapia sistémica breve. Santiago, Chile: Mediterráneo, 29-67.
  • Martínez, F. E. G. (2015). Terapia sistémica breve. RIL editores.
  • Zegarra, D. V., & Jesús, Á. P. (2015). Terapia familiar sistémica: una aproximación a la teoría y la práctica clínica. Interacciones: Revista de Avances en Psicología1(1), 45-55.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.