Thérapie interpersonnelle et d'aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) : qu'est-ce que c'est ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Vivre avec un trouble bipolaire, c’est vivre dans un espace de grande instabilité, de souffrance et de frustration. Il y a des jours où la personne est incapable d’accomplir les tâches prévues. Parfois, elles trouve à peine l’énergie nécessaire pour sortir du lit. À d’autres moments, cependant, elle a l’impression qu’elle peut conquérir le monde et gagner n’importe quelle bataille.
La sphère la plus touchée dans ce type de conditions cliniques est la sphère sociale et relationnelle. Lorsque ces gens sont soumis à une phase dépressive, ils évitent tout contact et toute responsabilité. La vie devient un poids pour eux, ainsi que cet esprit dans lequel le mépris de soi et même le désir de disparaître à jamais font leur apparition. Ce sont des réalités très dures.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 2 à 3 % de la population générale souffre d’un type de trouble bipolaire. Une stratégie thérapeutique très efficace pour son traitement est celle développée par le Dr Ellen Frank, de l’Université de Pittsburgh, au début de ce siècle. C’est une approche aussi intéressante qu’efficace qui mérite d’être connue.
La thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) facilite la prise en charge et la régulation par le patient de ses schémas sociaux et biologiques.
Thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) : définition et objectifs
La thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) vise à amener les gens à réguler leur humeur à travers leurs routines biologiques et sociales. Cette définition, au sens large, peut nous sembler quelque peu singulière. Cependant, pour comprendre le but de ce modèle, il est nécessaire de rappeler le noyau central des troubles de l’humeur.
Les personnes souffrant de trouble cyclothymique, de dépression, d’anxiété ou de trouble bipolaire présentent des modes de vie dérégulés et des difficultés à intégrer des routines saines. Par exemple, une étude du Dr Ellen Frank a montré que sa modalité thérapeutique était bénéfique pour les patients en leur donnant des lignes directrices pour réguler leurs habitudes sociales.
Le rythme social et interpersonnel dans cette thérapie fait référence à la nécessité de promouvoir des routines biologiques et relationnelles plus ajustées, constantes et saines chez les patients souffrant de troubles de l’humeur. Avec cela, une plus grande stabilité émotionnelle est facilitée, ainsi qu’une meilleure qualité de vie dans tous les domaines.
Quels sont les objectifs de la thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux ?
L’objectif principal de la thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) est de prévenir et de mieux réguler les troubles de l’humeur et du comportement. C’est un modèle qui habilite la personne par de nouvelles connaissances et stratégies pour qu’elle adopte par elle-même des habitudes plus régulières et bénéfiques.
De même, il est important de préciser que, dans le cas du trouble bipolaire, cette thérapie n’exclut pas un traitement médicamenteux. Voyons ci-dessous quels sont ses objectifs :
- Améliorer les habitudes de repos et d’alimentation.
- La thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) facilite la gestion et la prévention du stress dans les relations sociales.
- Permettre au patient d’atteindre ses objectifs quotidiens et ses objectifs vitaux.
- Aider la personne à connaître les facteurs qui affectent sa déstabilisation de l’humeur.
- Guérir et faire face à d’éventuels événements traumatisants du passé.
La thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) suppose qu’il existe toujours des déclencheurs externes qui activent les symptômes des troubles de l’humeur. Assumer de nouvelles habitudes et routines (rythmes sociaux) améliore la qualité de vie.
Quelles sont ses caractéristiques ?
Le modèle thérapeutique actuel se compose de trois phases bien définies. Le Dr Ellen Frank définit les lignes directrices de l’approche dans ses travaux de recherche publiés en 2000. Nous les analysons.
Première étape : compréhension
Lors de cette première étape d’évaluation, le thérapeute tentera de comprendre les phases ou les épisodes du changement d’humeur du patient. Pour ce faire, il collectera des informations par le biais d’entretiens, de comptes rendus médicaux, etc.
- Dans cette phase, on informe le patient que ses changements d’humeur ne sont pas de sa responsabilité. Il est important de le libérer de sa culpabilité.
- Ses habitudes de vie et ses routines dysfonctionnelles seront identifiées : habitudes de sommeil, alimentation, travail.
- De même, les schémas relationnels de la personne et la manière dont cela affecte son état émotionnel seront analysés.
- On analysera les styles de communication, les compétences sociales, etc.
Étape intermédiaire : conception de nouveaux rythmes sociaux
Dans la deuxième étape de la thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS), on conçoit un formulaire dans lequel on établit une série de directives sur le rythme social que la personne doit respecter. C’est-à-dire qu’on établit de nouvelles habitudes et routines à la fois dans les domaines biologique et relationnel.
Parallèlement, le thérapeute forme la personne à une série de stratégies de base qui amélioreront sa qualité de vie. Voici les axes sur lesquels repose cette seconde phase :
- De nouvelles habitudes de sommeil à respecter.
- Améliorer les habitudes alimentaires.
- Respecter les consignes de médication.
- Habitudes sportives et vie active.
- Appliquer les stratégies de communication que le patient apprend en thérapie pour améliorer ses relations.
- Appliquer les techniques de gestion du stress qui sont travaillées en thérapie.
- Savoir réagir lorsque le découragement, la frustration, la colère ou les pensées négatives apparaissent.
Ces principes définissent généralement le formulaire qui est conçu pour chaque patient. À chaque séance, ces formulaires sont revus, travaillés et mis à jour si nécessaire.
Étape finale : clôture de la thérapie et stratégies d’entretien
Le but ultime de la thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) est que la personne intègre les habitudes et les stratégies qui lui permettent de stabiliser son état d’esprit. Une vie marquée par des routines et des techniques pour gérer les moments difficiles permet à un patient de sortir progressivement de la thérapie.
La dernière étape de ce processus consiste à espacer les consultations. En moyenne, cette approche nécessite environ 16 séances au cours desquelles la personne percevra progressivement comment, au fil des semaines, elle contrôle mieux sa vie. Cependant, il convient de noter que l’arrêt du traitement ne signifie pas l’abandon des traitements pharmacologiques, indispensables dans de nombreux cas.
Le modèle thérapeutique actuel est très efficace chez les patients atteints de troubles bipolaires. De même, des avantages intéressants ont également été observés dans d’autres problèmes de santé mentale tels que le trouble dépressif récurrent (dysthymie). Cette thérapie favorise une meilleure compréhension de votre condition et optimise également votre hygiène de vie au maximum. Il s’agit d’une ressource clinique très bénéfique.
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