Star Wars : la recherche de l'équilibre
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Lorsque le premier film Star Wars est sorti en salle, personne n’imaginait ce que cela signifiait vraiment pour l’histoire du cinéma. Ni que cette saga parvienne, en 2018, à captiver de nouveaux adeptes, conquérant de nouvelles générations de fans et récoltant de nombreuses récompenses. Mais c’est le cas. Star Wars compte aujourd’hui des légions de fans de tous les âges et de tous les endroits du monde.
Star Wars a marqué un avant et un après dans l’histoire du cinéma. Il changea ce dernier. Considérer cette saga comme la meilleure de l’histoire du cinéma dépendra des goûts de chacun. Nous pouvons néanmoins dire qu’elle a changé la manière de comprendre le cinéma. Par ailleurs, si nous décidons de passer en revue toute la saga, nous observons immédiatement un certains nombre d’erreurs de continuité. Nous pardonnons ces erreurs et les comprenons comme le résultat du passage du temps, et du fait que l’idée originale n’était pas ample que le résultat final.
Star Wars constitua le boom du cinéma de masse, de la science-fiction, de l’utilisation d’effets spéciaux à une époque où les techniques étaient encore très rudimentaires. Le directeur Brian de Palma le comparera même avec de la malbouffe. Il avait peut-être en partie. Cela n’enlève cependant rien au fait qu’il nous ravit, nous fascine et nous conduit vers les salles de cinéma chaque fois qu’un nouvel épisode apparaît. Star Wars a en outre réussi à donner d’authentiques leçons de marketing. Il a transformé l’acte d’aller au cinéma en un véritable événement social et de masse. Sans parler de l’univers élargi qui va bien au-delà des limites de l’écran : romans, bandes dessinées, jeux, séries, etc.
Star Wars constitue le début du cinéma moderne, d’une nouvelle ère. Mais au-delà de tout ce qu’il suppose pour l’histoire du cinéma, le film laisse également d’importantes leçons philosophique. C’est précisément ce sur quoi je vais me concentrer dans cet article. Je ne vais pas parler d’un film en particulier ni de l’une des trilogies. je ne reviendrai pas sur les personnages, les intrigues ou les scènes. Je me pencherai donc, ne serait-ce qu’un peu, du fond de la saga, de la philosophie sur laquelle elle a été construite.
La force
Qu’est-ce que la force ? Voici la première chose que nous devrions nous demander pour comprendre ce fond dont nous parlions. La force est définie comme un champ d’énergie omniprésent qui relie tous les êtres de la galaxie. Cette idée d’une énergie qui relie tout, d’une entité ou d’un pouvoir omniprésent qui gouverne le monde, peut ne pas sembler nouvelle. Elle ne l’est pas en réalité. En effet, depuis le début de l’humanité, nous avons essayé d’expliquer le monde et tout ce qui s’y passe. Pourquoi les plantes poussent-elles ? Pourquoi pleut-il ? Ou pourquoi existons-nous ? Il s’agit là de quelques-unes des questions qui ont été soulevées.
Les mythes, la philosophie, la science et aussi les religions ont été créés pour donner une explication au monde. Comme dans le monde réel, cette fiction doit être crédible. Il convenait donc d’expliquer ce monde qui nous était présenté. Plus philosophique et spirituelle dans sa trilogie originale , plus scientifique dans la préquelle, l’explication réside dans la force.
La force est très similaire à certaines des explications données par les présocratiques, mais également à la philosophie bouddhiste, à Platon ou au stoïcisme. Les philosophes grecs cherchaient un début, une origine ou une source, quelque chose pouvant expliquer la vie, l’univers.
“Mon allié est la Force et un allié puissant est, de la vie elle est le créateur, grandir la fait, son énergie nous entoure tous et nous unit, êtres lumineux nous sommes, pas cette matière brute.”
L‘idée de l’arche, le commencement et la source de tout, naît de cette idée. Pour certains philosophes tels que Thalès de Milet, cette arche est l’eau. Pour d’autres comme Aristote, l’arche n’a besoin de rien pour exister. Il s’agit de quelque chose que nous ne pouvons pas percevoir, qui fait que tout le reste existe. À ce stade, nous pourrions dire que la force est l’arche de cet univers de science-fiction.
En outre, il existe des personnes plus sensibles que d’autres. Ces personnes sont donc capables de percevoir cette force et de se connecter avec de manière très spirituelle. De sorte que l’Ordre Jedi apparaît. Il s’agit du mouvement idéologique ou religieux que suivent certaines personnes dont la sensibilité à la force est très forte. La vie de ces Jedis se concentrera sur la découverte et la connaissance de la force. Sur la recherche de la paix et l’harmonie de tous les êtres également. Il s’agit d’un chemin totalement spirituel qui nous rappelle certains courants philosophiques ainsi que quelques ordres religieux.
La force est la base de ce monde fictif et l’arche le principe de l’unification. Mais la force n’est pas seulement cela, elle au-delà. Les Jedis doivent vivre en harmonie avec la force et acquérir la connaissance. Mais cette force possède également un côté obscure, un côté sinistre qui peut s’avérer très tentant.
Le bien et le mal dans Star Wars
L’histoire de la philosophie est remplie de théories et d’arguments qui parlent de surmonter les tentations, d’atteindre le bien et comment y parvenir. La même chose se produit dans les religions et, comme nous pouvions l’espérer, dans Star Wars. La force a deux côtés : un sombre et un lumineux. Les deux sont présents. Le yin et le yang, le bien et le mal, le ciel et l’ enfer, la raison contre la passion, la lumière et l’obscurité. Des contraires qui ne peuvent exister sans l’autre. Une dualité éternelle.
Les Jedi suivent le chemin du côté lumineux. Ils doivent rechercher la tranquillité, la stabilité ou, comme le diraient les Grecs, l’ataraxie. Les Sith sont leur contraire. Ils se laissent emporter par le côté obscur. Le côté obscur est défini comme la partie de la force liée à la peur et à la haine. Nous pouvons associer l’ataraxie Jedi à la philosophie stoïcienne. Cette dernière s’éloigne en effet du plaisir et des passions, recherche la connaissance, mais accepte tout tel qu’il est.
“La peur engendre la colère, la colère engendre la haine, la haine engendre à la souffrance et à la souffrance mène au côté obscur.”
L’éthique stoïcienne conduit à un état d’acceptation. Nous n’avons pas de contrôle sur ce qui se passe et nous ne pouvons pas le modifier. Nous l’acceptons donc sans en être perturbés. Les Jedis ont une attitude semblable. Mais ce n’est pas facile. En effet, comment accepter la mort d’un être cher sans être affecté ? Certains personnages n’y parviendront pas, comme Anakin Skywalker qui, vaincu par la peur, tombera du côté obscur.
Le mal peut être très tentant, notamment lorsque la souffrance est présente. Maître Yoda, sorte de Platon de cet univers, définit très bien cela. Il nous fait réfléchir chaque fois qu’il présente un argument à travers ses orations non grammaticales. Surmonter les tentations, rechercher l’équilibre, réaliser le bien … Tout cela peut sembler très aristotélicien, mais nous pouvons également l’associer à certaines religions, comme le christianisme.
Les sith se laissent emporter par les passions, rompent avec le platonisme. Mais sont- ils vraiment mauvais ? Il semble que le bien puisse davantage être un point de vue, comme nous le voyons dans le personnage d’Anakin / Darth Vader et sa conversion au côté obscure. Il s’agit d’un personnage qui, comme Nietzsche, se situe au delà du bien et du mal.
Star Wars est devenue une saga incontournable que nous identifions rapidement par sa bande-son, ses sabres laser et ses trilogies inoubliables (notamment l’originale). Mais il s’agit également d’un exemple de combinaison du cinéma et de la philosophie, laquelle nous amène à réfléchir à travers un monde de science-fiction.
“Que la force soit avec toi.”
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