Se connecter avec les autres : un défi pour les nouvelles formes de communication
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La technologie est, en termes de communication, l’une des meilleures représentations de la dualité qui réside généralement dans chacun de nos actes. D‘une part elle nous facilite certaines expériences, et d’autre part elle génère a un sérieux danger : celui de nous éloigner de ces dernières. Dès lors, se connecter devient chaque fois plus facile et en même temps plus difficile.
Les réseaux sociaux, par exemple, nous permettent de nous rapprocher de celleux qui se trouvent loin de nous : nous pouvons être en contact avec des personnes situées à des milliers de kilomètres en un clin d’oeil. En outre, nous pouvons obtenir des informations sur les endroits que ces personnes visitent habituellement, savoir ce qu’elles aiment, quels sont leurs passe-temps ou comment évolue leur cercle social.
Le danger de cette immense quantité de possibilités apparaît lorsque ce qui se passe derrière les écrans agit comme un substitut, et non comme un complément, aux modes de communication plus traditionnels. En effet, se connecter avec d’autres personnes est bien plus que le fait de donner un “j’aime”, discuter en face-à-face implique une énorme quantité de nuances qui se perdent lorsque nous utilisons ” Whatsapp” par exemple, d’autant que les photos ont rarement le pouvoir de refléter une réalité complète, ou du moins, aussi complète que celle que nous pouvons découvrir de nos propre yeux en direct.
Nous risquons de devenir dépendants des réseaux sociaux, d’oublier de communiquer avec les personnes à travers des regards et des gestes, d’oublier le langage non verbal que nous interprétons lorsque nous avons l’opportunité de le “lire”, d’apparaître sur des photos alors que nous ne souhaitons pas laisser transparaître ce que nous ressentons. Le secret sera de savoir tirer le meilleur parti des nouvelles technologies sans perdre ou laisser de côté tout ce que ces dernières ne pourront nous apporter.
Se connecter par nécessité ou par plaisir
Nous définissons notre ligne de conduite lorsque nous ressentons le besoin publier notre quotidien sur les réseaux sociaux ; lorsque une expérience cesse d’être valide dès lors qu’elle n’apparaît pluas comme “publiée” dans lesdits médias. Lorsqu’il n’est plus suffisant de vivre et d’apprécier un instant, mais que nous nécessitons que d’autres connaissent et participent à ce que nous vivons.
Loin de refléter la réalité, une étude menée par des chercheur-e-s des universités du Wisconsin, de Haverford, du Northwestern et de Toronto a constaté que les couples qui faisaient le plus de publications sur les réseaux sociaux étaient les plus malheureux.
En général, nous pouvons dire que les personnes qui ont le plus besoin de l’extérieur (“j’aime” quant aux contacts, les visites de votre profil, etc.) sont également celles qui présentent le plus de carences dans leur monde intérieur. Une personne disposant d’une bonne estime d’elle-même ne ressentira pas le besoin que d’autres approuvent ses photos ou ses voyages, son couple ou ses ami-e-s, mais utiliseront les réseaux sociaux simplement pour se connecter de temps à autres et se rapprocher de certaines personnes, jamais par nécessité.
N’oublions pas que parler ou converser implique beaucoup plus que de garder les yeux rivés sur un écran ou d’écrire plusieurs messages. Regarder des photos n’est pas regarder des paysages ; nous restons sur notre faim. Donner un “j’aime” ne signifie pas exprimer une opinion complète, mais simplement signaler notre présence et indiquer que suivons la personne.
La caméra dans notre mémoire est bien meilleure que celle de notre téléphone
La véritable essence de notre vie quotidienne est gravée dans notre mémoire, c’est pourquoi il serait préjudiciable de permettre, du fait de l’avoir immortalisée par une photo, qu’une expérience laisse en nous moins de traces que qu’une empreinte numérique. Un simple moment peut revêtir une inspiration émotionnelle que nous ne pourrons percevoir si la seule chose que nous utilisons pour regarder est la caméra.
Sans perdre la possibilité de se connecter avec nos amis instantanément ou en la sacrifiant dans certaines occasions (il ne nous arrivera rien si nous laissons notre téléphone de côté), il conviendrait de prendre le temps d’aller boire un café, de maintenir un contexte commun, de voyager et d’avoir l’opportunité de s’ouvrir, de faire un clin d’oeil, de se tenir la main, dès lors que nous avons les moyens et le désir de le faire.
Il est vrai que nous ne sommes pas les seul-e-s dans ce cas. Il semble que la plupart des personnes aient pris position en faveur de la communication numérique contre la communication en face-à-face, faisant que la possibilité de rester pendant un certain temps en compagnie d’une personne relève pratiquement du miracle. Par conséquent, si nous ne voulons pas perdre leur trace, nous n’avons d’autre choix que d’aller à l’endroit où elles passent la plupart de leur temps : le monde numérique.
Ne perdons toutefois pas de vue que le réel se cache derrière, qu’il existe une vie derrière chaque profil, que nous sommes plus qu’une simple image ou un contact, que chaque personne est un monde qui est mal représenté dans les réseaux sociaux. Donc, se connecter avec quelqu’un est plus que d’être “en ligne” au même moment, si vous vous décidez à le découvrir et à quitter votre écran vous réaliserez tout ce que la réalité cache et vous réserve.
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