Savez-vous comment nous générons des attentes sociales et comment elles nous affectent ?

Savez-vous comment nous générons des attentes sociales et comment elles nous affectent ?
Alejandro Sanfeliciano

Rédigé et vérifié par Psychologue Alejandro Sanfeliciano.

Dernière mise à jour : 04 janvier, 2023

Nous traitons quotidiennement avec de nombreuses personnes, parmi lesquelles certaines sont bien connues et d’autres non. Nous disposons d’un concept de la personnalité de chacune d’elles, déduit à travers les interactions que nous avons eu avec ces personnes. Cela nous conduit à générer une série d’attentes sociales eu égard au comportement de chacune d’entre elles.

La psychologie sociale s’est largement préoccupée de l’étude des attentes. Grâce à cela, nous savons que ces dernières sont étroitement liées aux impressions que nous avons des autres. Par conséquent, approfondissons dans un premier temps le thème de la perception sociale.

Perception sociale

L’être humain, privé à la naissance des ressources nécessaires pour être indépendant, a besoin de relations sociales complexes. C’est pourquoi notre cerveau est préparé pour percevoir notre environnement social et pour l’évaluer. Un élément très important pour contrôler nos relations est de savoir comment sont les personnes qui composent notre environnement social. Et c’est ici que la perception sociale entre en jeu.

Un modèle simple et intéressant pour expliquer ce phénomène est le  modèle de perception sociale de  Fiske. Selon ce modèle, juste après avoir rencontré une personne, nous la faisons entrer dans une catégorie. Et cette personne restera dans cette catégorie, à moins que nous n’approfondissions la relation et que nous découvrions quelque chose nous invitant à l’en changer.

Par ailleurs, si cela nous intéresse, nous vérifierons si son comportement s’adapte à cette catégorie ; et si cela n’est pas le cas, nous adapterons ou changerons la catégorie jusqu’à ce que cette personne soit catégorisée ou conceptualisée.

deux hommes ayant des attentes sociales

Il s’agit là d’un processus très important dans la mesure où sans lui le travail de gestion de nos relations serait beaucoup plus compliqué. Néanmoins, il est important de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un processus rapide et utile, mais non précis. Les personnes présentent des personnalités complexes étroitement liées avec le contexte, élément que nous pouvons difficilement inclure dans les catégories. Cependant, ce petit “raccourci mental” nous est utile pour savoir comment traiter les personnes de notre entourage.

Une fois que nous aurons catégorisé notre environnement social et que nous aurons formé nos propres concepts de chacune des personnes le composant, nous commencerons à générer des attentes. Quelles sont exactement les attentes ?

Les attentes sociales

Les attentes sociales sont les idées que nous avons de la façon dont une personne de notre environnement social va se comporter dans le futur ou dans une situation donnée. Ces attentes apparaissent lorsque nous générons une impression sur une personne, associée à l’image que nous créons. Cela nous aide à imaginer comment nous devons nous comporter et à prédire le comportement de ladite personne.

Ce comportement de générer des attentes sur nos relations remplit une fonction adaptative. Il est assez simple de deviner laquelle : dans un environnement artificiel, basé sur des sociétés complexes comme celles dans lesquelles la plupart d’entre nous vivons, anticiper le comportement des autres nous permet d’adapter nos comportements et donc de bénéficier grandement des interactions sociales. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un processus précis, être capable d’anticiper et parfois de se tromper, est préférable au fait de ne jamais le faire et de ne jamais y parvenir.

Il est important de savoir que ces attentes sociales ou le comportement des autres affectent grandement notre propre comportement. Nous ne traitons pas tout le monde de la même manière, et nous ne traitons pas la même personne de la même manière en fonction des situations. Cela peut être observé dans de nombreuses situations quotidiennes.

En outre, nous  essaierons de faire en sorte que les autres répondent à nos attentes, soit en les forçant indirectement, soit en modifiant notre perception de ce que font les autres. De plus, ce processus ne fonctionne pas seulement dans ce sens : étant également conscient-e-s des attentes que nous générons chez les autres, nous ajusterons aussi notre comportement pour satisfaire les idées de ces derniers.

Une simple réflexion

Notre vie est remplie d’attentes sociales, tant envers les autres que des autres à notre sujet  Dès lors, pour faciliter nos relations nous avons tendance à nous conformer à ces attentes vu que rompre avec ces dernières peut laisser place à de l’incertitude, et donc à de l’anxiété. Nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes en présence d’un processus qui n’est pas précis, et que ces attentes ne seront dès lors pas toujours remplies.

L’erreur lors de l’attribution d’une attente conduit à trois situations : (a) la personne faisant l’objet de l’attente change de comportement pour s’y adapter, (b) la personne qui génère l’attente change sa perception pour croire qu’elle s’adapte à ses attentes, (c) la corrélation entre l’attente et le comportement est rompue, et est nous assumons avoir commis une erreur.

 

deux femmes ayant des attentes sociales

Bien que les deux premières options évitent les conflits sociaux et parviennent au début à maintenir une relation, elles peuvent également entraîner des problèmes majeurs à long terme. Cela est dû au fait que dans la première option, la personne change son comportement pour en satisfaire une autre, ce qui conduit l’autre à générer une idée erronée de ce qu’elle est vraiment. Et dans le cas de la seconde option, la personne qui génère l’attente se trompe elle-même inconsciemment sur comment est l’autre personne.

La troisième option est celle qui provoque une plus grande anxiété, en raison du manque de contrôle sur ce qui s’est passé. Malgré cela, si la relation dépasse ou assume cette anxiété, une relation plus stable s’en trouvera établie. Il est possible que dans des relations momentanées (par exemple, un voisin), les deux premières options soient adaptées  puisqu’il n’existe pas de relation à long terme ou de lien étroit entre les personnes. Il serait toutefois d’une grande négligence de nous comporter de la sorte dans nos relations les plus profondes.

Maintenant, comment pensez-vous que vous vous comportez par rapport à vos attentes ? Et comment aimeriez-vous vous comporter ?



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