Beaucoup de conflits non résolus finissent par s'enkyster
Les conflits apparaissent lorsqu’il existe un désaccord ou une opposition en termes de valeurs, de croyances ou d’intérêts entre deux personnes ou plus. L’absence d’accord n’est pas le conflit lui-même, mais sa cause. Le conflit en tant que tel survient lorsque ce désaccord nous amène à prendre des mesures pour éliminer, neutraliser ou minimiser l’adversaire.
Parfois, la confrontation se produit verbalement. L’objectif ici est de persuader ou d’imposer ses propres raisons à l’autre. À d’autres moments, les conflits donnent lieu à des actions directes. Celles-ci peuvent prendre la forme de violence primaire ou déguisée. Dans tous les cas, le but est toujours le même : que l’une des deux positions vainque et annule l’autre .
Cependant, il existe des circonstances dans lesquelles aucune des deux parties n’arrive à vaincre l’autre. Dans de telles hypothèses, il existe trois chemins. Le premier est de “tourner la page”, en ignorant la contradiction et en renforçant tout ce qui fait l’objet d’un accord ; une variante de ceci serait de résoudre le problème en établissant de nouveaux accords qui s’appuieraient sur un part de chaque position.
La deuxième voie consiste à poser une limite et rechercher la distance : le conflit met un terme définitif à un lien. La troisième voie consiste à persister dans le désaccord et à le maintenir, malgré tout. C’est dans ce dernier cas que le conflit finit par s’enkyster.
Les conflits enkystés
Nous parlons de conflits enkystés lorsqu’il se produit une situation où aucune des parties impliquées dans la querelle ne parvient à vaincre l’autre. Il existe, pour ainsi dire, un équilibre des forces. Cependant, au lieu de considérer que la confrontation est terminée, voyant que personne ne peut gagner, la contradiction est perpétuée. Nous apprenons à maintenir cette situation, sans la résoudre ni y mettre fin.
Ce types de scénarios n’apparaît que lorsque, en parallèle au conflit, existe des liens forts unissant les parties. Dans le cas contraire, chacune des parties impliquée s’éloignerait simplement du problème ou prendrait des mesures décisives pour éloigner l’autre personne.
D’un autre côté, il existe tout un contexte d’accords, de valeurs, de croyances et d’intérêts communs dans les conflits enkystés. Par ailleurs, il existe également un aspect ou un élément dans lequel se trouve une confrontation acharnée. Ce types de conflits sont très fréquents au sein des couples, entre amis proches ou parents.
Il est clair que là où nous trouvons des êtres humains, nous trouvons des conflits. En effet, beaucoup de ces derniers sont insolubles. Malgré cela, nous apprenons à les surmonter. Nous savons qu’un tel n’est pas d’accord avec nous sur tel sujet, mais au lieu d’alimenter la différence, nous minimisons l’importance de cette contradiction. Il s’agit d’un moyen adaptatif et sain de faire face à de telles difficultés. Ce qui n’est pas sain, en revanche, est d’alimenter le désaccord et de l’amener systématiquement à la limite.
Existe-t-il une solution aux conflits enkystés ?
Il existe toujours une solution aux conflits humains. Parfois, il suffit d’un peu de bonne volonté. Sans cette dernière, même les plus petits désaccords finissent par grignoter une relation. Ce qui se passe avec les conflits enkystés, est justement que les parties impliquées valorisent davantage le fait de ne pas céder à la recherche d’une solution. Ils considèrent la possibilité de ne pas s’imposer face à l’autre comme une défaite importante.
Un groupe de chercheurs des universités de Tel-Aviv, Jérusalem et Herzliya, a découvert plusieurs aspects intéressants. L’un d’eux est que lorsque quelqu’un est viscéralement impliqué dans un ou plusieurs conflits avec une autre personne, il considère les arguments de cette dernière comme des menaces. En d’autres termes, il lui semble que donner un minimum de crédit à l’autre reviendrait à agir contre lui-même. Il craint que cela finisse par l’affaiblir ou le désavouer.
Sur cette base, les chercheur-se-s ont réalisé un test. Iels présentèrent une série de vidéos à un groupe de fanatiques religieux-ses israélien-ne-s. Le contenu de ces dernières était lié à leurs croyances. Le matériel donnait tout son crédit à leurs croyances sur les Palestinien-ne-s, mais poussait également celles-ci à l’extrême. Par exemple, la disparition totale des musulman-e-s, leur complète dégradation et leur lapidation dans tous les pays du monde. De cette manière, les croyances des sujets objet de l’étude n’étaient pas contredites, mais étaient au contraire portées à leur expression maximale .
Le résultat fut que celleux qui visionnèrent ces vidéos furent alors davantage disposé-e-s à réévaluer leurs croyances. En d’autres termes, iels ouvrirent une place à l’autocritique. La chose la plus remarquable est qu’il fut vérifié plus tard que ce changement d’attitude perdurait dans le temps. Il s’agit de ce que nous appelons la “pensée paradoxale”, laquelle consiste en la capacité d’admettre que deux positions opposées peuvent coexister. Pensez-vous que cela pourrait s’appliquer à votre vie personnelle ?
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