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Qu'est-ce que la cognition sociale ?

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Qu'est-ce que la cognition sociale ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Qu’est-ce que la cognition sociale ? Ce n’est rien d’autre que l’étude de la façon dont nous traitons l’information (Adolphs, 1999). Dans ce processus, on inclut la manière dont nous codifions, stockons et récupérons l’information provenant de situations sociales.

Actuellement, la cognition sociale est le modèle et l’approche dominante dans la psychologie sociale. Elle vient donc s’opposer au comportementalisme pur, qui rejetait l’intervention de processus mentaux au moment d’expliquer le comportement (Skinner, 1974).

La cognition sociale fait référence à la façon dont nous pensons à propos des autres. Ainsi, ce serait un outil très puissant pour comprendre les relations sociales. À travers la cognition sociale, nous comprenons les émotions, les pensées, les intentions et les comportements sociaux des autres. Dans nos interactions sociales, savoir ce que les autres personnes pensent et ressentent peut supposer un énorme avantage pour mieux nous débrouiller dans ce contexte.

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Comment fonctionne la cognition sociale ?

En tant qu’êtres humains, nous ne nous rapprochons pas des situations en tant qu’observateurs naturels -même si, très souvent, nous essayons de faire comme si c’était le cas- mais nous apportons nos propres désirs et attentes. Ces attitudes vont avoir une influence sur ce que nous voyons et ce dont nous nous souvenons.

De cette façon, nos sens reçoivent une information qui est interprétée et analysée. Après cela, ces interprétations sont contrastées avec l’information que nous gardons en mémoire.

Cependant, cette description simple n’est pas réelle. Il existe d’autres facteurs, comme les émotions, qui conditionnent aussi le processus. Il faut bien avoir à l’esprit que les pensées influent sur les émotions mais que les émotions influent aussi sur les pensées (Damasio, 1994). Par exemple, quand nous sommes de bonne humeur, le monde est (ou semble être) un endroit plus joyeux. Quand nous nous sentons bien, nous avons tendance à percevoir le présent avec plus d’optimisme et nous regardons également de manière plus positive le passé et le futur.

Comment se développe la cognition sociale ?

La cognition sociale se développe lentement (Fiske et Taylor, 1991). Elle suit un processus d’essai et d’erreur basé sur l’observation. Les expériences directes et l’exploration guident l’apprentissage. Cependant, la connaissance sociale est très subjective. Les interprétations que nous pouvons faire d’un événement social peuvent être très différentes ou erronées.

Par ailleurs, même si nous bénéficions de structures mentales qui facilitent le traitement et l’organisation de l’information, ces structures si utiles peuvent aussi nous trahir. Le pire étant que, quand elles le font…

Ces structures ou schémas influent sur l’attention, la codification et la récupération d’information et peuvent faire apparaître la prophétie autoréalisatriceIl s’agit d’une prédiction qui, une fois réalisée, est la cause de son propre passage à la réalité (Merton, 1948).

En outre, la connaissance sociale est, en partie, indépendante des autres types de connaissance. Les personnes qui bénéficient d’habiletés intellectuelles supérieures pour la résolution de problèmes n’ont aucune raison d’avoir, en même temps, des habiletés supérieures pour la résolution de problèmes sociaux. Les facultés de résolution de problèmes peuvent s’apprendre ou s’enseigner, séparément des capacités intellectuelles. C’est pour cela que l’amélioration des intelligences, comme l’intelligence émotionnelle ou l’intelligence culturelle, est aussi importante.

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Se placer selon le point de vue des autres

L’un des modèles les plus utiles sur la cognition sociale est celui de Robert Selman. Selman a énoncé une théorie sur la faculté à se placer selon le point de vue social des autres.

Pour cet auteur, assumer la perspective sociale des autres est la capacité qui nous donne le pouvoir de nous comprendre nous-mêmes et de comprendre les autres en tant que sujets, nous permettant ainsi de réagir à partir de la perspective des autres. Selman (1977) propose cinq étapes de développement pour cette perspective sociale :

  • Etape 0: étape égocentrique indifférenciée (de 3 à 6 ans). Jusqu’à environ 6 ans, les enfants ne peuvent pas faire de distinction claire entre leur propre interprétation d’une situation sociale et le point de vue de l’autre. Ils ne peuvent pas non plus comprendre que leur propre conception peut ne pas être correcte.
  • Etape 1: étape de prise de perspective différentielle ou subjective, ou étape informativo-sociale (de 6 à 8 ans). Les enfants de cet âge développent la connaissance du fait que les autres personnes peuvent avoir une perspective différente. Cependant, les enfants n’ont qu’une faible compréhension des raisons qui se cachent derrière les points de vue des autres.
  • Etape 2: adoption d’une perspective auto-réflexive et prise de perspective réciproque (8 à 10 ans). Les pré-adolescents, à cette étape, adoptent la perspective d’un autre individu. Les pré-adolescents sont déjà capables de faire des différences à propos des points de vue des autres. Ils peuvent aussi réfléchir sur les motivations sous-jacentes à leur propre comportement à partir de la perspective de l’autre personne.
  • Etape 3: étape de prise de perspective mutuelle ou d’une troisième personne (10 à 12 ans). Les enfants peuvent voir leurs propres perspectives, celles de leurs compagnons, ainsi que celles d’une troisième personne neutre. En tant qu’observateurs à la troisième personne, ils peuvent se contempler eux-mêmes comme des objets.
  • Etape 4: étape de prise de perspective individuelle profonde et dans le système social (adolescence et âge adulte). Il y a deux caractéristiques qui distinguent les conceptions des adolescents d’autres personnes. Dans un premier temps, ils prennent conscience du fait que les motifs, les actions, les pensées et les sentiments sont créés par des facteurs psychologiques. Dans un second temps, ils commencent à comprendre le fait qu’une personnalité est un système de traits, de croyances, de valeurs et d’attitudes avec une propre histoire évolutive.
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Deux façons de voir la cognition sociale

Il existe, dans le champ de la psychologie, plusieurs façons de comprendre la cognition sociale. L’une des plus importantes met l’accent sur la dimension sociale de la connaissance. La connaissance, selon ce point de vue, aurait une origine socio-culturelle car elle est partagée par les groupes sociaux.

Le principal responsable de cette idée est Moscovici (1988) qui parlait des “représentations sociales”. Il s’agit d’idées, de pensées, d’images et de connaissances que les membres d’une collectivité partagent. Les représentations sociales ont une double fonction: connaître la réalité pour planifier l’action et faciliter la communication.

Un autre point de vue avec un grand impact est un point de vue venant des Etats-Unis (Lewin, 1977). Cette façon de comprendre la cognition sociale se centre sur l’individu et sur ses processus psychologiques. Selon cette vision, l’individu construit ses propres structures cognitives à partir des interactions avec son environnement physique et social.

Comme on a pu le voir, la cognition sociale représente la façon dont nous traitons la grande quantité d’information sociale que nous recevons au quotidien. Les stimuli et données que nous recueillons à travers les sens sont analysés et intégrés dans des schémas mentaux, qui vont ensuite guider nos pensées et comportements lors d’occasions postérieures.

Ces schémas, une fois formés, seront très difficiles à changer. C’est pour cela que, selon la phrase attribuée à Albert Einstein, il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. Nos premières impressions vont être cruciales, sauf si nous mettons en marche une pensée critique qui nous aide à développer une cognition sociale plus efficace et ajustée à la réalité.

Bibliographie

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Damasio, AR (1994). Descarte’s error: Emotion, reason and the human brain. New York: Picador.

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Lewin, K. (1997). Resolving social conflicts: Field theory in social science. Washington, DC: American Psychological Association.

Merton, R. K. (1948). The self fulfilling prophecy. Antioch Review, 8, 195-206.

Moscovici, S. (1988). Notes towards a description of social representations. Journal of European Social Psychology, 18, 211–250.

Selman, R. L., Jaquette, D. y Lavin, D. R. (1977). Interpersonal awareness in children: Toward an integration of developmental and clinical child psychology. American Journal of Orthopsychiatry, 47, 264–274.

 


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  • Adolphs, R (1999). Social cognition and the human brain. Trends in Cognitive Sciences 3: 469-79.
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  • Skinner, B. (1974). Sobre el conductismo. Barcelona: Fontanella.
  • Zegarra-Valdivia, J. y Chino, B. (2017). Mentalización y teoría de la mente. Revista Neuropsiquiatría, 80 (3).

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