La proposition paradoxale contre la méfiance

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Dernière mise à jour : 09 juillet, 2017

Quand la méfiance s’installe dans une relation, il est très difficile de récupérer les sensations perdues. La suspicion peut facilement se transformer en obsession. Si cela se produit entre ami-e-s, il est relativement simple de prendre une certaine distance. Mais qu’arrive-t-il quand cela a lieu au sein du couple ? Si nous la mettons en doute, la personne va sans doute se sentir accusée par notre faute. Nous pouvons également avoir peur de faire du mal, alors comment devons-nous réagir ?

La formule de la confiance a beaucoup de variables que nous n’avons pas encore calibrées avec précision. Parfois, nous plaçons toute notre tranquillité en une personne que nous venons de rencontrer. Au contraire, il est possible que notre collègue de travail depuis 6 ans ne nous confère toujours pas cette sensation de certitude. La méfiance paraît, à première vue, le chemin le plus simple vers lequel nous dirige, tout du moins celui qui nous protège le plus.

Si nous choisissions plusieurs personnes au hasard et si leur demandions ce qu’est la confiance et ce qu’est la méfiance, nous trouverions sans doute plus de points commun pour le second terme que pour le premier. Se méfier de ce qu’on ne connaît pas serait la réponse juste si nous suivions notre instinct de survie. Faire confiance est compliqué. Il y a de nombreux ingrédients à contrôler selon les émotions, l’intensité, la situation et les personnes qui nous entourent.

La méfiance passagère

Choisir volontairement de faire confiance à quelqu’un demande des efforts. C’est quelque chose de conscient. C’est un défi personnel que nous réalisons en laissant de côté le sentiment de contrôle. Nous laissons nos émotions et notre comportement dans les mains de la conduite future d’une autre personne. Voilà pourquoi il est facile que la confiance se brise et il est difficile de la récupérer, parce que les ingrédients susceptibles d’échouer sont nombreux.

Il est inévitable de penser que les gens font toujours les choses pour une raison. Parfois, notre façon de penser est conditionnée par ce que l’on connaît sous le nom de distorsions cognitives. Parmi elles, on trouve la divination de pensée, la divination de futur et de généralisation. C’est-à-dire qu’au moment où nous croyons qu’on nous a trahi-e-s, nous attribuons une raison à cette personne (normalement méchante). D’autre part, nous ferons une projection du futur où cette personne nous trahira à nouveau. Si elle l’a déjà fait une fois, pourquoi ne le ferait-elle pas une deuxième fois ?

Selon le degré de la “trahison” que nous ayons vécue, nous réagirons de façon plus ou moins extrême. Au final, la roue de la méfiance se sera mise en marche. Nous évitons cette personne, nous nous éloignons, nous prenons de la distance. C’est-à-dire que nous entrons dans une dynamique qui nous pousse vers la fin de cette relation, sauf si nous essayons de la freiner de manière consciente : un objectif jamais facile.

Le virus dans le couple

Contrairement à d’autres types de relations (familiales ou amicales), en couple, nous ne pouvons pas prendre ce chemin. Il existe une cohabitation émotionnelle où les sentiments ne suivent pas de modèles ou de règles. D’autre part, il existe des forces contraires qui nous poussent dans des directions opposées : de l’amour à la méfiance.

Une fois que nous commençons à nous méfier, c’est là que commencent les batailles infiltrées. Les agissements cachés et les suspicions. Alors, la réflexion facile lorsqu’on parle de méfiance dans le couple, elle semble désigner l’infidélité. Tout cela est bien loin de la réalité. La méfiance peut s’inclure dans de nombreuses routines quotidiennes et hebdomadaires. Nous pouvons parier sur notre couple de plein de façons : avec notre famille, avec son travail, avec nos ami-e-s, avec les siens, etc. Et tout cela peut nous faire défaut.

“Quelle solitude est plus solitaire que la méfiance ?”

-George Eliot-

La suspicion tend souvent à l’obsession. L’espace que les deux partagent est semé de mines cachées par l’autre. Lui ou elle ne connaît certainement pas ce qui est en train de dynamiter la relation. Finalement, la spirale devient un chemin de reproches où nous passons de 0 à 100 en moins d’une minute.

Antidote ou vaccin ?

La communication est la clé dans tout cela. La méfiance est un virus sibyllin qui s’installe dans la relation entre deux personnes. Il peut rester tapi dans le silence et, au moment où on s’y attend le moins, il surgit en faisant tout exploser. Reconstruire ces relations est très complexe. Une fois l’antidote inoculé, il est difficile de l’intégrer dans nos sentiments et nos émotions. Il existe des composants de surcharge de responsabilité, de recherche de perfectionnisme, de sentiment de culpabilité et de doute sur comment améliorer la situation d’une part et d’autre part. Ce n’est pas impossible, mais le chemin est ardu.

“Ta méfiance m’inquiète et ton silence me vexe.”

-Miguel de Unamuno-

Tout semble indiquer que le vaccin est meilleur que l’antidote. C’est-à-dire que l’idéal est de travailler ce qui unit le couple, mais aussi de ne pas survoler les petites choses qui, au fond, nous affectent. Les couples qui disposent d’un espace partagé de plainte sont ceux qui ont le plus de chances de préserver une relation saine. Même si cela semble incroyable, il existe même une évidence mathématique liée à cette hypothèse.

La mathématicienne Hanna Fry, lors d’une conférence, démontre sous forme d’équation une formule qui peut nous aider à comprendre pourquoi il est positif de ne pas passer sous silence une suspicion. Le point le plus important de l’équation est que les deux membres du couple influent l’un sur l’autre. Pour que cette influence existe, la communication doit être continue. Les couples qui ont le plus de chances de rester ensemble dans le futur n’ignorent pas ce qui peut paraître des sottises, mais qui équilibrent pourtant la relation en permanence, très souvent de manière automatique ou inconsciente.

Étonnamment, la compréhension et l’engagement ne sont pas le ciment d’un couple. C’est vrai que ces deux choses sont indispensables, mais au final, si nous ne communiquons pas en situations de méfiance, elles ne suffiront pas pour que notre relation avance. Le plus important est de prendre soin des espaces communs de dialogue (par rapport aux petits problèmes quotidiens) et d’influence mutuelle.