Précrastiner : un danger pour l'efficacité

Exécuter une tâche au début du laps de temps que nous avons pour le faire n'est pas toujours l'option qui convient le mieux à nos intérêts… Parlons de la précrastination.
Précrastiner : un danger pour l'efficacité
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

“J’aime avoir mes affaires à jour”. “Je ne peux pas me détendre pendant que j’ai des tâches en attente”. “Je préfère terminer les projets à temps”. Vous sentez-vous identifié à ces déclarations ? Si tel est le cas, vous vous considérez sûrement comme une personne assez productive et efficace. Cependant, remplir vos obligations le plus tôt possible n’est pas toujours la meilleure stratégie. Cela peut même être un symptôme de votre tendance à la précrastiner.

Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de ce terme, mais vous en connaissez probablement un similaire : la procrastination. On peut dire que ce sont les deux extrémités d’un continuum. Alors que procrastiner c’est remettre à plus tard les tâches en attente, précrastiner c’est se précipiter pour les faire le plus tôt possible, avant même que ce ne soit nécessaire. Bien que  la première option ait mauvaise réputation, aucune des deux n’est appropriée ou bénéfique. Nous vous expliquerons pourquoi ci-après.

Qu’est-ce que la précrastination ?

La précrastination est la tendance à s’occuper des tâches en attente le plus tôt possible. A s’en débarrasser rapidement même si ce moment n’est pas le plus approprié pour les aborder.

Ceux qui précrastinent veulent finir le travail rapidement et remplir toutes leurs obligations dans les plus brefs délais. Ils se sentent ainsi productifs et responsables. Ils ne supportent pas d’avoir des affaires inachevées et sont incapables de remettre quelque chose à plus tard.

Voici quelques traits que partagent ce types de personnes et qui caractérisent bien leur façon de procéder :

  • Ce sont des personnes très actives, nerveuses et qui ont des difficultés à réguler leur niveau d’énergie.
  • Elles ont peu de patience et ont tendance à être immédiates. Il leur est difficile de tolérer l’attente.
  • Avoir des tâches en attente génère un grand stress et une charge mentale qu’elles ne savent pas gérer,. Elles choisissent donc de « déblayer le terrain » le plus tôt possible. En effet, les recherches suggèrent que pour alléger cette charge mentale, nous pouvons opter pour des actions qui demandent plus d’efforts physiques et sont moins efficaces.
  • Il peut s’agir de personnes peu sûres d’elles et ayant une faible estime d’elles-mêmes, qui s’accrochent à cette « production rapide » pour faire leurs preuves. Elles estiment qu’en anticipant elles se révèlent efficaces et valides.
  • Elles ont du mal à faire la distinction entre ce qui est urgent et ce qui est important. Ces personnes doivent s’occuper de tout “maintenant”, même si cela signifie un mauvais investissement de ressources et de temps.
précrastiner

Comment cela affecte-t-il l’efficacité?

Nous savons tous que la procrastination nous rend plus inefficaces. Si nous reportons les obligations et les traitons à la dernière minute, nous sommes susceptibles de les faire avec une dose de pression supplémentaire qui ne favorisera pas la performance. Cependant, la précrastination présente également des inconvénients majeurs.

Admettons que l’efficacité est la capacité de remplir adéquatement une fonction, d’obtenir le meilleur résultat avec le moins d’investissement possible. Cependant, réaliser un bon travail nécessite de la planification, de l’analyse et du temps. Un excès de vitesse dans l’exécution d’une tâche peut facilement conduire à ce que l’exécution comporte des erreurs, soit incomplète ou ne présente pas la qualité attendue.

Il est essentiel de savoir choisir le moment le plus approprié pour assister à chaque activité afin d’investir les ressources nécessaires dans chacune. Écrire un projet à onze heures du soir, après avoir travaillé toute la journée, n’est peut-être pas la meilleure option, car nous serons fatigués physiquement et mentalement.

De même, prendre une décision immédiatement nous empêche de peser les options, d’analyser le pour et le contre et de choisir la meilleure option. Se précipiter n’est pas un bon conseil et “le faire plus tôt” ne veut pas dire “le faire mieux”. C’est généralement le contraire.

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Comment arrêter de précrastiner ?

Se débarrasser de l’habitude de précrastiner est délicat, d’autant plus qu’elle est perçue comme une vertu. Agir le plus tôt possible est associé à la responsabilité, l’efficacité, la productivité et la valeur. De plus, s’occuper de ces questions atténue rapidement l’anxiété et la culpabilité d’avoir à réaliser des tâches.

La rapidité d’exécution est généralement considérée comme un avantage, même si en agissant en dehors du temps et en anticipant les efforts, nous obtenons un résultat beaucoup plus médiocre que ce que nous pourrions obtenir. Par conséquent, la première étape consiste à prendre conscience de la façon dont cette tendance nous conduit à être moins efficaces.

De plus, les conseils suivants peuvent être mis en pratique :

  • Commencez à faire la distinction entre urgent et important, et établissez une hiérarchie de priorité entre les tâches.
  • Planifiez le temps en fonction des délais disponibles pour chaque tâche. Trouvez le moment idéal pour réaliser chacune d’entre elles.
  • Respectez le temps imparti et n’avancez pas les délais. Apprenez à réguler l’impatience et l’intolérance en attendant.
  • Habituez-vous à travailler sereinement et tranquillement.

La mise en œuvre de ces directives peut être difficile au début si pendant des années nous avons eu tendance à précrastiner. Nous constaterons néanmoins bientôt une amélioration de notre efficacité. Choisir judicieusement la meilleure façon d’investir du temps et de l’énergie nous permettra d’obtenir de bien meilleurs résultats que ceux dérivés d’une action rapide et prématurée.

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  • Rosenbaum, D. A., Gong, L., & Potts, C. A. (2014). Pre-crastination: Hastening subgoal completion at the expense of extra physical effort. Psychological Science25(7), 1487-1496.
  • Wasserman, E. A. (2019). Precrastination: The fierce urgency of now. Learning & behavior47(1), 7-28.

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