Pourquoi ai-je de moins en moins de patience au fil des jours ?

Il y a des périodes où tout est plus difficile pour nous. Nous manquons de patience et n'importe quelle chose peut nous déprimer. À quoi est due cette situation ?
Pourquoi ai-je de moins en moins de patience au fil des jours ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Pourquoi ai-je de moins en moins de patience ? Le monde semble avancer, devant moi, avec la lenteur d’un pachyderme et cette parcimonie me désespère. Rien de ce que j’espère ne se produit, les buts que je me suis fixés ne se réalisent que rarement. Pire encore, je suis bloqué-e dans un tourbillon où tout tourne autour de la négativité et des attentes frustrées.

Vous connaissez cette sensation ? Vous n’êtes pas le/la seul-e. Beaucoup de personnes font l’expérience de cette réalité psychologique, se plaignent d’une douleur dans la mandibule à cause de leur tension, ressentent ce vide dans l’estomac et ont un esprit plus nerveux et suspicieux que d’habitude.

L’impatience, disait Kafka, est le fruit de toutes les erreurs humaines. Néanmoins, il arrive que cette réalité soit motivée par des éléments déclencheurs aussi complexes que particuliers.

Parfois, quelqu’un peut se définir comme ayant une personnalité patiente et détendue mais, subitement, et à cause de certaines circonstances, cette approche se déforme et s’épuise. C’est à ce moment que l’inquiétude apparaît, ainsi que ce mal-être qui fait s’évanouir la patience, l’espoir et même l’optimisme. À quoi cela est-il dû ? Qu’est-ce qui explique cette situation ?

Un homme inquiet.

Les raisons pour lesquelles j’ai de moins en moins de patience au fil des jours

Définir ce qu’est l’impatience est assez facile : elle caractérise la personne qui est incapable d’attendre quelque chose sans être nerveuse. Tout comme celle qui n’a pas la faculté de réaliser des tâches sans perdre son calme. Nous savons tous, plus ou moins, ce que l’on ressent et ce qui se passe quand cette dimension prend le contrôle. Mais nous ignorons pourquoi.

Pourquoi devenons-nous impatients ? Pourquoi y a-t-il des moments où nous avons plus de mal à tolérer l’attente, à accepter les manies des autres ou à assumer que les choses ne se passent pas toujours comme nous le voudrions ?

Il est vrai qu’il y a des impatients de pure souche. Des personnes qui ont toujours ce même comportement. Néanmoins, nous nous surprenons parfois nous-mêmes lorsque nous sentons qu’il nous manque cette dimension. Analysons pourquoi.

Le stress et une amygdale cérébrale hyperactive

Il y a des moments où les demandes externes dépassent les ressources psychologiques dont nous disposons. Le travail ou l’absence de ce dernier, la famille, le poids des incertitudes, les buts frustrés nous plongent dans un état de stress profond.

Dans ces circonstances, l’amygdale cérébrale, cette région liée au traitement émotionnel, commence à être plus hyperactive que d’habitude. Cela se traduit pas une sensation de menace constante.

Nous filtrons chaque événement, circonstance et stimulus à partir de la méfiance, voire de la peur. Tout cela fait que notre point de vue mentale se teinte d’angoisse et non de tranquillité, d’un besoin d’urgence et non d’un regard calme.

La dépression et un niveau plus faible de sérotonine

Pourquoi ai-je de moins en moins de patience au fil des jours ? Pourquoi est-ce que je me sens plus irritable ? Et pourquoi ai-je du mal à terminer les choses ou même à les commencer ?

Bien souvent, une dépression peut se cacher derrière cet état psychologique. Dans un travail de recherche publié dans la revue Current Biology, une chose très intéressante a été démontrée à ce sujet.

Le docteur Zachary Mainen et son équipe du Centre Champalimaud de l’Université de Lisbonne (Portugal) ont découvert une relation entre la faible activation des neurones de la sérotonine et le manque de patience. Nous savons que ces cellules nerveuses et leur neurotransmetteur sont liées au bien-être, à la motivation, à la capacité de réussite et au bonheur.

Ainsi, un faible niveau de ce composant neurochimique est surtout lié aux troubles dépressifs. Si nous percevons alors que nous avons de moins en moins de patience, que l’apathie nous ronge et que des altérations du sommeil ou de l’alimentation apparaissent, il est recommandé de consulter un professionnel.

Une femme triste.

Pourquoi ai-je de moins en moins de patience au fil des jours ? Une accumulation d’espoirs frustrés

Il y a un fait irréfutable dont nous avons tous fait l’expérience dans notre propre chair : aujourd’hui, nous avons besoin d’être plus patients que jamais. Actuellement, atteindre un objectif requiert beaucoup plus de persévérance.

La réalisation de nos projets nécessite plus de mois qu’il y a quelques années. Les relations affectives et la vie sociale en générale nous en demandent beaucoup plus.

Ce panorama nous emplit souvent de frustrations amères. Ainsi, quand on traîne plus d’un échec derrière soi, plus d’un objectif perdu sur le chemin ou d’un rêve évaporé, on a tendance à perdre patienceL’accumulation d’expériences frustrées finit par endommager le muscle du calme, de la tolérance, cet équilibre interne qui nous dote de mesure et de réflexion.

Inverser ce processus, c’est-à-dire passer de l’impatience à la patience, n’est pas facile. Mais ce n’est pas non plus impossible.

La bonne nouvelle est que l’art de la patience peut se pratiquer. Ainsi, une chose que nous devons comprendre est que nous ne pouvons pas accélérer le temps pour que les choses se fassent plus rapidement. Il n’est pas non plus possible de manipuler la réalité, les événements ou les personnes pour que tout soit comme nous le voudrions.

En somme…

Nous sommes d’abord obligés d’accepter que nous n’avons le contrôle de (presque) rien. Que le monde est faillible, comme ceux qui nous entourent. Comme nous.

Apprendre à être plus patient passe donc par la culture de l’espoir,par l’acceptation que les choses, même si elles ne sont parfois pas comme nous le voudrions, pourront finir par l’être, dans d’autres circonstances futures. La patience n’est pas toujours une qualité ; c’est parfois une approche que nous sommes obligés de pratiquer et de développer.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Miyazaki, K., Miyazaki, K. W., & Doya, K. (2012). The role of serotonin in the regulation of patience and impulsivity. Molecular Neurobiology. Humana Press Inc. https://doi.org/10.1007/s12035-012-8232-6
  • Yuzan, Syahrial & Mat, Nik & Mulyani, Sri & Kesuma, Sambas & Risanty, Risanty & Syahputra, Fadlian. (2012). The Effects of Waiting Time, Passive and Active Impatience on Anger and Waiting Acceptability. American Journal of Economics. 2. 109-115. 10.5923/j.economics.20120001.25.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.