Pourquoi y-a-t-il tant de violence dans le football?

Les supporters ont parfois des comportements violents. Comment peut-on expliquer cette tendance ?
Pourquoi y-a-t-il tant de violence dans le football?
Francisco Javier Molas López

Rédigé et vérifié par Psychologue Francisco Javier Molas López.

Dernière mise à jour : 04 janvier, 2023

La violence parmi les supporters de football est un phénomène trop fréquemment observé. A quoi ce comportement est-il dû ? Dans cet article, nous évoquerons certaines théories qui abordent la question.

Pourquoi y-a-t-il tant de violence dans le football, et plus concrètement parmi les passionnés ? Nous voyons trop souvent se produire de terribles événements opposants des rivaux.

L’un des derniers événements violents a été observé lors de la finale de la Copa Libertadores qui opposait les équipes argentines River Plate et Boca Juniors. La conséquence de la violence générée entre différents groupes de supporters fut la suivante : au lieu d’être jouée en Argentine, la finale a dû être jouée en Espagne.

Nombreux sont ceux qui se montrent perplexes et dubitatifs face à de tels comportements collectifs et qui ne comprennent pas les raisons qui les justifient.

Néanmoins, la psychologie étudie le comportement social des groupes depuis des années. Pour cette raison, nous tenterons au travers de cet article de mettre en lumière ce qui se cache derrière de telles conduites, des comportements si violents et agressifs.

Violence dans football à partir du processus de désindividuation

Il n’existe pas de théorie unique réunissant toutes les raisons expliquant ces faits, mais il existe en revanche des théories qui les abordent.

Premièrement, nous aborderons la désindividuation pour expliquer la violence dans le domaine du football. Ce processus n’explique pas la violence en soi, mais le comportement de groupe.

désindividuation et violence dans le football

Imaginons que nous assistions à un match de football et que l’un des joueurs de l’équipe adverse se trouve à nos côtés. Si nous avons l’intention de l’insulter mais que nous sommes entouré de supporters de l’équipe adverse, il est fort probable que nous ne passions pas à l’acte. En revanche, que se passerait-il si nous étions entouré de supporters de notre propre équipe ?

Si les supporters qui nous entourent sont pour la même équipe que nous et que leur intention est également d’insulter, nous finirons en fait par agresser verbalement le joueur de l’équipe rivale. Quelle est la différence entre les deux situations ? L’anonymat et la responsabilité

“La violence est l’ultime recours de l’incompétent”.

-Isacc Asimov-

Comme l’ont signalé Moral, Gomez et Canto (2004), “dans ces situations, l’anonymat, le groupe et la conscience personnelle individuelle réduite poussent les individus à avoir des comportements désinhibés, impulsifs et contraires aux normes”.

Lorsque nous pouvons compter sur l’anonymat, nous devenons plus enclins à réaliser des actions violentes. Il sera plus probable que nous nous laissions aller aux insultes si personne ne sait que nous le faisons que si nous sommes au centre de l’attention.D’autre part, lorsque l’on se trouve dans un groupe, la conscience personnelle diminue. Cela se produit car nous transférons notre responsabilité au groupe tout entier. Nous cessons d’être nous-même et nous devenons le groupe. Nous pouvons même finir par penser “je n’insulte pas, c’est le groupe qui insulte“.

Processus de conformisme

Le conformisme est un autre processus qui pourrait expliquer la violence dans le football. Ce processus consiste à modifier la réponse d’un individu en la rapprochant de celle que la majorité des individus exprime. Cela revient en fait à modifier notre attitude afin de l’adapter à celle du groupe.

Comme le signalait Paéz et Campos (2003), “le conformisme est le changement de croyances ou de conduites dû à la pression d’un groupe qui modifie les dispositions préalables du sujet vers la norme établie par le collectif en question“.

Au sein des groupes, nous pouvons trouver différents types de normes. Parmi elles :

  • La norme descriptive, qui fait référence à la manière d’agir dans un groupe
  • La norme prescriptive, qui fait référence au comportement attendu

Le conformisme est un type d’influence normative. En effet, l’individu est capable de changer son comportement personnel afin de l’adapter à celui du groupe. Il est même capable d’avoir des comportements totalement opposés à ceux qu’il aurait de manière individuelle.

“La victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée.”

-Gandhi-

Ainsi, si notre groupe de référence se comporte de manière violente, il ne serait pas étrange de notre part d’adopter ce type de comportement. Ce conformisme augmente à mesure que les niveaux de contrôle du groupe sur ses membres et l’interdépendance entre eux augmentent eux aussi. Mais également lorsqu’il existe une certaine incertitude ou ambiguïté. Cela se produit donc lorsqu’on se dit “je ne sais pas quoi faire, donc j’adopte le comportement du groupe”.

Le conformisme augmente lorsqu’il existe une similitude entre le groupe et l’individu. Si quelqu’un se sent très identifié à l’équipe de football qu’il supporte et à l’idéologie violente d’un groupe de supporters, il sera davantage à même de faire preuve de conduites violentes.

violence dans le football

Réflexion finale

La violence dans le domaine du football est une réalité que nous vivons trop fréquemment. Des attentes démesurées des stimulations externes favorisent le transfert de notre bonheur dans des événements tels que des matchs de football. 

Si nous n’avons pas reçu une éducation adéquate et que nous sommes habitués à résoudre les différences en ayant recours à la violence, il nous sera difficile de ne pas avoir de réflexes agressifs en cas de désaccord. Ainsi, une éducation correcte et respectueuse vis-à-vis des autres est une base importante afin d’éviter ce type de comportements.

Un monde intérieur riche et un esprit ouvert et réfléchi nous apporteront la solidité nécessaire et réduira notre besoin d’appartenance à un groupe. Derrière ce besoin se cache souvent un manque d’estime de soi, que l’on tente de palier en appartenant à un groupe.

Le sentiment d’appartenance génère en nous une sensation de plénitude émotionnelle. En fait, lorsque l’on n’a pas su développer sa propre plénitude personnelle, on la cherche ailleurs.

Apprendre et se connaître sera fondamental pour ne pas finir dans des groupes où la violence règne. Plus notre estime personnelle est basse et plus “fort” est notre groupe, plus nous aurons besoin d’appartenance. Ainsi, si nous commençons par nous respecter personnellement et par respecter les autres, ce type d’événements n’appartiendra bientôt plus qu’au passé.

 


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