Pourquoi votre cerveau est-il programmé pour se concentrer sur le négatif ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Voir les problèmes plutôt que les solutions, se souvenir des événements traumatisants plutôt que des moments agréables, se concentrer davantage sur les menaces que sur les opportunités… Le cerveau est programmé pour se concentrer sur le négatif. Cela explique donc pourquoi il nous est si difficile d’atteindre le bien-être ou d‘être” un peu plus heureux”. Il n’est pas facile d’aller à l’encontre des bases neurologiques ou de milliers d’années d’évolution.
Les racines neurologiques de la négativité existent. Nous les possédons tous pour une raison précise : nous permettre de survivre. C’est une évidence, c’est une réalité et un besoin fondamental qui nous aida à en arriver là où nous en sommes. Si l’être humain n’avait pas orienté son esprit pour détecter les dangers et les menaces de l’environnement, il est fort probable qu’une autre espèce nous aurait remplacé à un moment donné.
Au classique postulat évolutif selon lequel seuls les plus forts survivent, nous pourrions peut-être ajouter que seuls ceux qui écoutent leur instinct de peur et savent réagir avec souplesse pour s’adapter à l’environnement réussissent. Ce biais de négativité ne cherche pas à nous bloquer ou à nous immobiliser. Il cherche plutôt à faire en sorte que nous émettions une réponse et un plan d’action à chaque défi.
L’évolution nous programma pour accorder plus de valeur aux expériences négatives qu’aux expériences positives. Nous devons tirer les leçons de l’expérience pour agir ensuite plus rapidement face aux dangers.
Raisons pour lesquelles votre cerveau est programmé pour se concentrer sur le négatif
Nous aimerions que des commentaires comme « concentre-toi davantage sur le positif ou arrête de penser aux choses tristes » fonctionnent pour nous. Ce serait merveilleux, sans aucun doute, si après avoir vécu un événement indésirable, notre regard continuait à ne s’occuper que des choses agréables et pleines d’espoir du quotidien. Cependant, le cerveau ne suit pas cette règle. En effet, il ne se soucie pas de savoir si nous sommes heureux ou non. Il veut juste que nous survivions.
Prenons un exemple : nous sortons travailler avec notre voiture un matin et apparaît soudain à un carrefour une autre voiture effectuant une mauvaise manœuvre, sur le point de provoquer un grave accident. Rien ne se passe. Cette expérience restera néanmoins gravée dans notre esprit. Cela signifie que nous essayons chaque jour d’être plus prudents et conscients des risques.
Des travaux de recherche, tels que ceux réalisés à l’Ohio State University, parlent également d’une autre situation. Si l’on nous montre une photo avec deux personnes en train de s’embrasser et une autre avec ce même couple blessé et en mauvais posture, nous nous souviendrons davantage de cette dernière. Le cerveau enregistre en effet une plus grande activité électrique face aux événements négatifs. Cela génère par ailleurs un plus grand impact sur notre mémoire.
Se concentrer sur le négatif pour apprendre
Les personnes apprennent des bonnes expériences, mais c’est des expériences négatives que nous apprenons le plus. Si quelque chose nous fait mal, nous l’évitons en toutes circonstances. S’il s’avère qu’une expérience nous rapporta davantage de coûts que bénéfices, nous intégrons cet enseignement. D’une certaine manière, les événements négatifs sont des dimensions que nous apprenons de force et qui servent à mieux guider nos comportements et nos décisions.
Si le cerveau est programmé pour se concentrer sur le négatif, c’est parce qu’il cherche avant tout à nous adapter à un environnement de plus en plus complexe. C’est un instinct qui nous vient de nos ancêtres lesquels, nous le savons bien, durent faire face à un grand nombre de stimuli aversifs.
De l’instinct de survie au biais de négativité
L’Université de Pennsylvanie mena une étude intéressante au début de l’an 2000. Elle montra que cet instinct qui, par le passé, garantissait notre survie ne remplit plus aujourd’hui son objectif de manière aussi efficace. Notre environnement ne présente plus à l’heure actuelle autant de dangers que par le passé. Le cerveau fonctionne néanmoins de la même manière.
Les experts soulignent que cet instinct de survie se transforma pour constituer aujourd‘hui un biais négatif. Nous disposons d’un réseau cérébral hypersensible qui nous fait souvent voir des risques et des menaces là où il n’y en a pas. L’esprit ne fait plus de distinction entre les stimuli neutres et dangereux. Il est donc très facile de tomber dans la préoccupation excessive, dans des états de stress et d’anxiété.
Votre cerveau est programmé pour se concentrer sur le négatif en raison de l’amygdale qui l’orchestre ainsi
Le mécanisme qui régule une bonne partie des émotions et des motivations repose sur une petite région appelée l’amygdale. Le neuropsychologue de l’Université de Californie, Rick Hanson, indique que cette structure utilise environ les deux tiers des neurones pour détecter la négativité et pouvoir ensuite la stocker rapidement dans la mémoire à long terme.
L’énergie, les ressources et les structures que le cerveau utilise pour traiter les stimuli et les expériences négatives sont donc très remarquables.
Une grande partie de ce que nous vivons et observons pendant l’enfance et la maturité est stockée dans le cerveau pour nous permettre d’agir en toutes circonstances. Cependant, dans de nombreux cas, cet apprentissage vital commence à partir de chaque événement négatif que l’on traite.
Comment désamorcer le biais de la négativité ?
Nous savons que le cerveau est programmé pour se concentrer sur le négatif. Est-il toutefois possible de le désactiver ou de le dissuader pour qu’il cesse de regarder tout stimulus négatif réel ou irrationnel ? Parce qu’ils constituent d’authentiques usines de pensées catastrophiques sur des choses qui ne se produisirent pas encore. Celles qui nourrissent l’anxiété et le stress.
La réponse à cette question est complexe. Pour commencer, le biais de négativité a une fonction spécifique, faciliter la survie. Que nous le voulions ou non, il est nécessaire de détecter les risques dans notre quotidien pour se préparer et disposer de mécanismes d’action adéquats pour s’adapter à tout ce qui se présente à nous.
La clé réside dans l’équilibre. Il convient de ne pas vivre en nous focalisant uniquement sur la peur de ce qui peut ou ne peut pas arriver. L’idéal est de développer un peu plus cette attention qui se concentre aussi sur le positif et d’en profiter. Il s’agit de détecter les pensées inutiles et ne pas se laisser emporter par elles, les transformant en idées plus saines.
Quelque chose de tel suppose un engagement ferme pour prendre soin de tout ce qui vient et passe par notre esprit …
Cela pourrait vous intéresser…
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Rozin P, Royzman EB. Negativity Bias, Negativity Dominance, and Contagion. Personality and Social Psychology Review. 2001;5(4):296-320. doi:10.1207/S15327957PSPR0504_2
- Ito TA, Larsen JT, Smith NK, Cacioppo JT. Negative information weighs more heavily on the brain: the negativity bias in evaluative categorizations. J Pers Soc Psychol. 1998 Oct;75(4):887-900. doi: 10.1037//0022-3514.75.4.887. PMID: 9825526.
- Lindquist, K. A., Wager, T. D., Kober, H., Bliss-Moreau, E., & Barrett, L. F. (2012). The brain basis of emotion: a meta-analytic review. The Behavioral and brain sciences, 35(3), 121–143. https://doi.org/10.1017/S0140525X11000446
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.