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Pourquoi nous arrive-t-il de parler seul ?

5 minutes
Il nous arrive parfois de parler seul pour conserver une certaine lucidité. Ce n'est pas un trait de folie mais une stratégie bénéfique qui nous permet d'approfondir nos propres besoins et de les résoudre.
Pourquoi nous arrive-t-il de parler seul ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Pourquoi nous arrive-t-il de parler seul ? Est-ce une caractéristique qui nous indique que nous perdons la tête ? Comme nous le savons, le fait de divaguer et de raisonner à voix haute sans avoir le moindre interlocuteur en face de soi est généralement mal vu.

Il s’agit cependant d’une pratique saine qu’il vaut la peine de réaliser de temps en temps. On dit que les grands savants comme Einstein ou Newton avaient l’habitude d’avoir de profondes et très complexes conversations avec eux-mêmes.

Lorsque Conan Doyle a créé son célèbre personnage, Sherlock Holmes, il n’a pas hésité à le doter de cette habitude. Il a ainsi montré que les esprits les plus avancés étaient non seulement un peu particuliers au niveau de leurs habitudes, mais avaient aussi leurs propres pratiques pour raisonner.

Ainsi, même si nous vivons dans un monde trop bruyant où le silence est un mécanisme de repos, il n’y a rien de mal à activer, de temps en temps, une bonne conversation avec notre « moi ». Nous nous tenons ainsi compagnie et mettons en ordre des choses qui réclament notre attention. Notre santé émotionnelle nous en remerciera.

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Parler seul : bienfaits et curiosités

On dit souvent que parler tout seul est un phénomène de personnes âgées. Ou pire encore, une chose réservée aux âmes solitaires qui, n’ayant pas de compagnie, se consolent désespérément, toutes seules.

Ce n’est pas vrai. Il est temps de mettre de côté ces fausses idées un peu chosifiantes vis-à-vis de certains groupes. Si vous vous demandez pourquoi il vous arrive de parler seul, la réponse est simple : c’est un phénomène normal chez l’être humain.

Nous nous sommes tous déjà lancé à nous-mêmes un petit mot d’encouragement ou un reproche du style : « Mais comment tu peux être aussi étourdi ? Il est évident que ce n’est pas ton jour… » Ces verbalisations  sont très habituelles. Tout comme la parole autodirigée, un dialogue au cours duquel nous approfondissons des aspects importants.

Vous le faisiez déjà quand vous étiez enfant : le discours égocentrique

Nous avons beaucoup à apprendre des enfants. En plus de ce regard toujours curieux et prêt à faire des expériences, à découvrir et à profiter du moment présent, nous devrions également faire attention à leurs discours égocentriques.

C’est le nom que Lev Vygotski a donné à cette phase infantile au cours de laquelle les petits n’ont pas encore internalisé la parole. Il est alors commun de les voir dialoguer, plongés dans leurs mondes. Et ils ne le font pas qu’avec leurs jouets. Cette parole autodirigée dure des années, puis finit par disparaître.

Parler avec soi-même optimise le cerveau

Cela nous est déjà arrivé à tous. Nous nous retrouvons parfois au beau milieu d’un carrefour. Nous avons un problème que nous ne savons pas comment résoudre, le dialogue interne ne nous aide pas et nous parlons donc à voix haute avec nous-mêmes.

  • Ce comportement n’est pas seulement un trait de lucidité : c’est aussi un trait d’intelligence. C’est ce que nous explique une étude réalisée à l’Université de Wisconsin-Madison. Lorsque nous passons du discours interne au discours externe et nous parlons en nous tutoyant, la mécanique du cerveau change.
  • Les auteurs de ce travail nous disent qu’en utilisant le langage et la communication avec nous-mêmes, nous améliorons notre perception, notre mémoire et notre capacité à résoudre des problèmes.
  • En fin de compte, nous disposons de cette capacité communicative qui nous a toujours donné un net avantage face au reste des êtres de la planète. Nous en servir, même si c’est avec nous-mêmes, est toujours bénéfique.
  • Comme l’a signalé le neurologue Alexander Luria (1980), le langage a plus qu’une fonction sociale. Selon lui, il nous aide aussi à diriger le traitement cognitif.

Vous pouvez être votre meilleur coach et agent motivant

Pourquoi attendre des soutiens externes ? Est-il vraiment nécessaire que d’autres nous motivent à réaliser certaines choses ? Nous pouvons compter sur nous-mêmes.

Vous pouvez être votre agent motivant si c’est ce que vous décidez de faire. Ainsi, si vous vous demandez pourquoi il vous arrive de parler seul, la réponse peut aussi être la suivante : votre cerveau veut que vous trouviez la motivation en vous.

« Je suis fier de toi. Tu te rends compte des progrès que tu as fait ? ». « Ne t’inquiètes pas à propos de cette erreur. Maintenant tu sais ce qu’il faut éviter. Nous allons prendre un nouveau départ après tous ces précieux apprentissages. Il est temps d’avancer, et tu vas y arriver. »

Ce type de parole autodirigée est très bénéfique. Se permettre d’activer ce haut-parleur externe, de temps en temps, aura de très bonnes répercussions sur notre croissance personnelle.

Nous ne pouvons pas non plus oublier un autre avantage notable : cela nous permet de nous concentrer. La parole autodirigée permet de centrer l’attention sur nos objectifs, sur ce qui est important.

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Parler seul pour se connecter à ses émotions

Le dialogue externe a une grande capacité d’autorégulation. Il nous aide à renforcer les processus cognitifs pour résoudre les problèmes, mais il nous permet aussi de prendre davantage conscience des choses et de mieux nous connecter aux émotions en les détectant, les clarifiant et les gérant.

Nous demander ce que nous ressentons, pour quelle raison et ce que nous pouvons faire face à cette émotion peut être réellement cathartique. Prendre pendant un instant cette distance psychologique qui nous permet de parler à notre moi sera toujours une pratique saine.

Nous nous trouvons donc face à une ressource supplémentaire à utiliser. Il s’agit d’une technique à laquelle nous pouvons avoir recours pour jouir d’un meilleur équilibre et d’un plus grand bien-être.


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  • Dolcos & Albarracín (2014) The inner speech of behavioral regulation: Intentions and task performance strengthen when you talk to yourself as a You. European Journal of Social Psychology; 44(6): 636-642.
  • Lupyan, G. & Swingley, D. (2011) Self-directed speech affects visual search performance. The Quarterly Journal of Experimental Psychology; 65(6): 1068-1085.

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