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Pourquoi certaines personnes souffrent-elles d'hallucinations ?

5 minutes
Que sont les hallucinations et pourquoi certaines personnes y sont-elles sujettes ?
Pourquoi certaines personnes souffrent-elles d'hallucinations ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Paula Villasante
Dernière mise à jour : 15 octobre, 2024

Les hallucinations sont des phénomènes fascinants. On peut les définir comme une sensation subjective qui n’est pas liée à une information sensorielle. Pourquoi donc hallucinons-nous ?

Le mot hallucination est utilisé pour la première fois par le théologien suisse Lavater. Il l’emploie alors pour désigner “des fantômes et des esprits qui marchent dans la nuit”. Plus tard, le terme a été utilisé pour décrire un comportement jugé sensé par la personne qui en souffre, mais qu’un observateur perçoit comme étrange et insensé (1).

Au sens technique, le terme “hallucination” a été introduit pour la première fois en 1837. C’est à cette époque que le psychiatre français Jean Etienne Esquirol (1772-1840) a publié son manuel Des maladies mentales considérées sous le rapport médical, hygiénique, et médico-légal (2). Il y définit alors clairement le mot hallucination.

En bref, on peut définir les hallucinations comme des perceptions qui se produisent en l’absence de stimulus externe associé. En outre, cela peut inclure n’importe quel stimulus perceptif. Il existe donc plusieurs types d’hallucinations : auditives, visuelles, tactiles, olfactives et gustatives.

Pourquoi peut-on avoir des hallucinations ?

Pour commencer, tous les patients qui ont des hallucinations ne souffrent pas nécessairement d’un trouble psychotique. Il semble donc que les raisons pour lesquelles nous hallucinons peuvent être à la fois psychiatriques mais aussi non psychiatriques.

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Les hallucinations auditives

Les hallucinations auditives sont également connues sous le nom de paracousie. Il s’agit donc de perceptions de sons en l’absence de stimuli externes identifiables. Les causes possibles de ce type d’hallucination sont également les suivantes (3) :

  • Lésions périphériques
  • AVC
  • Maladie de l’oreille moyenne
  • Maladie de l’oreille interne
  • Trouble du nerf auditif
  • Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT)
  • Dépression psychotique
  • Trouble dissociatif de l’identité
  • Manies
  • Délire
  • Syncope
  • Hallucinose alcoolique
  • Schizophrénie
  • Malformations artério-veineuses
  • Epilepsie du lobe temporal
  • Lésions pontines
  • Troubles du système nerveux central (SNC)

Ainsi, environ 60 à 90% des patients atteints de schizophrénie et environ 80% de ceux atteints de psychose affective ont des hallucinations auditives (3). En outre, dans le cas des hallucinations auditives liées aux psychoses, celles-ci sont souvent complexes. Une manifestation courante consiste, par exemple, à entendre des voix.

La personne peut ainsi entendre deux voix différentes parler d’elle à la troisième personne. Les voix peuvent être perçues comme venant de l’intérieur ou de l’extérieur de la tête de la personne. De plus, certaines patients entendent leurs propres pensées à haute voix.

Le type visuel

Les hallucinations visuelles se manifestent par des perceptions visuelles et sensorielles en l’absence de stimulus extérieurs. (4) Ces fausses perceptions peuvent prendre des formes complexes (des personnes, par exemple) ou des formes plus élémentaires (comme des lumières, par exemple) (5).

Ce type d’hallucination peut se manifester en raison de nombreux troubles (6). Parmi eux :

  • Troubles neurologiques
  • Epilepsie
  • Migraines
  • Troubles du nerf optique
  • Glaucome
  • Lésions hémisphériques
  • Lésions du tronc cérébral
  • Narcolepsie
  • Problèmes ophtalmologiques
  • Maladie de la rétine
  • Prise de produits toxiques
  • Utilisation d’hallucinogènes
  • Troubles affectifs
  • Maladie de la rétine
  • Enucléation oculaire
  • Problèmes de choroïde
  • Aanomalies maculaires
  • Formation de la cataracte
  • Consommation excessive de drogue et d’alcool
  • Encéphalopathie toxique métabolique
  • Troubles de la conversion
  • Méthodes de privation sensorielle
  • Privation de sommeil
  • Hypnose
  • Expériences émotionnelles intenses

En outre, le DSM-IV-R considère les hallucinations visuelles comme un diagnostic de base pour certains troubles psychotiques. Il s’agit notamment de la schizophrénie et des troubles schizo-affectifs (7).

Les hallucinations olfactives

Les hallucinations olfactives sont des odeurs que la personne ressent et qui ne proviennent pas non plus d’un stimulus physique réel. Elles peuvent apparaître dans le cadre de diverses maladies psychiatriques. Parmi celles-ci figurent les suivantes :

Il y a aussi le cas des patients qui se perçoivent eux-mêmes comme la source de mauvaises odeurs. On parle alors du syndrome de référence olfactive. Ainsi, les personnes atteintes de ce syndrome peuvent avoir tendance à se laver excessivement, à consommer de façon abusive des parfums ou des déodorants. Certains peuvent même avoir tendance à se replier sur eux-mêmes (8).

Le type gustatif

Les patients souffrant d’hallucinations gustatives peuvent éprouver de la soif, saliver excessivement mais aussi connaître des modifications du goût. Ces hallucinations peuvent se produire lorsque le sillon latéral du cerveau est stimulé électriquement (9).

Tout comme les hallucinations olfactives, les hallucinations gustatives sont associées à des troubles du lobe temporal et également à des lésions de l’opercule pariétal (9, 10).

Les hallucinations tactiles

Les hallucinations tactiles peuvent inclure par exemple la sensation de la présence d’insectes sur ou sous la peau ou encore la perception de pression sur la peau (11). Elles sont aussi souvent associés à l’abus de drogues ou au sevrage (12). En outre, ce type d’hallucination est caractéristique de la consommation de cocaïne ou d’amphétamine (11).

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Le type somatique

Les patients qui ont des hallucinations somatiques ressentent des sensations corporelles ou des expériences physiques anormales. Par exemple, il peut arriver qu’une personne ait la sensation de ne pas avoir d’estomac lorsqu’elle mange (11). Ces types d’hallucinations ont été associés à l’activation des zones du cerveau suivantes :

  • Gyrus post-central
  • Lobule pariétal inférieur
  • Insula

Il apparaît donc que les raisons pour lesquelles une personne peut halluciner soient nombreuses et variées. Ainsi, selon le type d’hallucination dont il est question, on peut l’attribuer à certains troubles. En outre, certaines zones du cerveau s’activent en fonction du type d’hallucination. En bref, la raison pour laquelle nous hallucinons dépend dans une large mesure d’autres symptômes susceptibles de nous aiguiller afin d’en déterminer les causes possibles.

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  1. Siegel, R. K., & West, L. J. (1975). Hallucinations: Behavior, experience, and theory. John Wiley & Sons.
  2. Esquirol, J. D. (1837). 1845. Mental Maladies: Treatise on Insanity.
  3. Cummings, J. L., & Mega, M. S. (2003). Hallucinations. Cummings JL. Clinical neuropsychiatry. New York: Grune & Stratton, 19851221-233.
  4. Norton, J. W., & Corbett, J. J. (2000, February). Visual perceptual abnormalities: hallucinations and illusions. In Seminars in neurology (Vol. 20, No. 01, pp. 0111-0122). Copyright© 2000 by Thieme Medical Publishers, Inc., 333 Seventh Avenue, New York, NY 10001, USA..
  5. Kaplan, H. I., & Sadock, B. J. (1989). Typical signs and symptoms of psychiatric illness. Comprehensive textbook of psychiatry, 1, 538-542.
  6. Cummings, J. L., & Miller, B. L. (1987). Visual hallucinations: clinical occurrence and use in differential diagnosis. Western Journal of Medicine, 146(1), 46.
  7. SHAPSE, S. N. (2008). THE DIAGNOSTIC AND STATISTICAL MANUAL OF MENTAL DISORDERS i.
  8. Ropper, A. H., Samuels, M. A., & Klein, J. P. (2009). Disorders of smell and taste. Adams and Victor’s principles of neurology. 9th ed. New York, NY: McGraw-Hill Companies, 216-224.
  9. Ropper, A. H., & Samuels, M. (2009). Epilepsy and other seizure disorders. Adams and Victor’s principles of neurology, 9.
  10. Capampangan, D. J., Hoerth, M. T., Drazkowski, J. F., & Lipinski, C. A. (2010). Olfactory and gustatory hallucinations presenting as partial status epilepticus because of glioblastoma multiforme. Annals of emergency medicine, 56(4), 374-377.
  11. Nurcombe, B., & Ebert, M. H. (2008). The psychiatric interview. Ebert MH Nurcombe B, Loosen PT, et al, eds. Current diagnosis and treatment: psychiatry. 2nd ed. New York, NY: McGraw-Hill Companies, 95-114.
  12. Lewandowski, K. E., DePaola, J., Camsari, G. B., Cohen, B. M., & Ongür, D. (2009). Tactile, olfactory, and gustatory hallucinations in psychotic disorders: a descriptive study. Ann Acad Med Singapore, 38(5), 383-385.

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