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Pourquoi certaines personnes n'admettent pas leurs erreurs

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Pourquoi certaines personnes n'admettent pas leurs erreurs
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Si le fait de se tromper nous rend plus humains, le fait d’admettre nos erreurs et de demander pardon nous rendrait (comme l’affirma Alexander Pope) divins. Cependant, nous vivons dans une époque marquée par l’apparence infaillible. Une époque où les personnes qui n’admettent pas leurs erreurs affluent. Une société où les hommes politiques n’assument pas la responsabilité de leurs maladresses et où les institutions n’acceptent pas le prix de leurs erreurs.

Pourquoi est-il si difficile de faire un pas vers la reconnaissance de nos erreurs et de nos maladresses ? Aussi curieux que cela puisse paraître, il est généralement plus probable de recevoir des excuses pour quelque chose de déterminé plutôt que des excuses admettant avec courage clarté l’existence d’une erreur ou d’un préjudice. Une étude réalisée à l’Université d’Etat de Ohio nous démontra cela.

Les psychologues Roy Lewick et Leah Polin découvrirent qu’il est plus facile de dire “d’accord, excuse moi si je t’ai dérangé” plutôt que “c’est vrai, je me suis trompé, j’ai commis une erreur”. Dans le premier cas, on tente de réparer brièvement le facteur émotionnel mais on ne démontre aucun sens authentique des responsabilités. Dans le second cas, on assume pleinement sa culpabilité en l’exprimant de manière ouverte, sincère et courageuse.

Il n’est pas simple d’admettre devant les autre que l’on est faillible. Pour sembler intouchables, invulnérables à l’échec et d’une efficacité extraordinaire, nous créons des scénarios très rigides, complexes et insalubres. On oublie peut-être que le bonheur ne se trouve pas dans le fait d’être divin. En réalité, il ne suffit que d’être humain. Lorsque l’on admet nos erreurs, c’est finalement une opportunité exceptionnelle de croissance et d’amélioration.

“L’unique homme qui ne se trompe pas est celui qui ne fait jamais rien.”

-Goethe-

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Personnes qui n’admettent pas leurs erreurs : facteurs qui l’expliquent

Les personnes qui n’admettent pas leurs erreurs nous désespèrent au début. Avec le temps, nous tentons de leur faire voir calmement l’évidence de leurs actes. Nous terminons ensuite par admettre qu’ils sont des cas désespérés. C’est le cas car souvent, ce sont des styles de personnalités rigides qui manquent de compétences sociales. Nous prenons donc conscience qu’il vaut mieux ne pas perdre de temps, le moral et la santé pour rien.

L’année dernière, le New York Times publia un article intéressant au sujet de cela. Paul Krugman, professeur de l’université de Princeton signalait que le monde vit actuellement une épidémie étrange d’infaillibilité. En fait, les hommes politiques, les agents sociaux, tous les individus souhaitent donner une image d’efficacité absolue. Admettre ses erreurs, assumer la responsabilité de certaines maladresses ou mauvaises décisions ayant eu des conséquences,… c’est une ligne rouge que personne ne veut dépasser.

Cela est dû aussi bien à l’idée classique du fait qu’assumer ses erreurs est un signe de faiblesse. Dans un monde caractérisé par l’incertitude constante, montrer de la faiblesse revient à précipiter sa chute. Au-delà de ce macro-scénario social connu (et souffert par tous), il est intéressant d’analyser ce comportement quotidien et proche. Analysons ces personnes qui n’admettent pas leurs erreurs et vivent avec nous. Que se cache-t-il derrière ces profils ?

Narcissisme

L’université de Brunel (Royaume-Uni) réalité une étude intéressant pour analyser les styles de personnalité et leur manière d’interagir sur les réseaux sociaux. On a pu voir que les narcissiques sont des personnes obsédées par la publication quasiment constant de leurs réussites, objectifs atteints, vertus apparentes et compétences élevées. 

Cependant, ce type de personnalité caractérisé par une vision élevé de soi-même n’admet jamais ses propres erreurs. Le faire supposerait une violation directe de ses attentes de compétence absolue. Il est bien plus préférable de détecter les erreurs des autres pour se mettre en avant. 

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Irresponsabilité personnelle

L’irresponsabilité personnelle est liée à l’immaturité émotionnelle et au manque de compétences sociales. Ainsi, les personnes qui n’admettent pas leurs erreurs sont également celles qui présentent de graves carences. Elles manquent de compétences basiques pour cohabiter, respecter, créer des liens significatifs, savoir faire équipe ou même créer un projet futur.

Si je ne prends pas la responsabilité de mes erreurs, j’assume qu’elles n’existent pas et que je suis infaillible. J’assume que mes actes n’ont pas de conséquences et que cela m’autorise à tout faire. Cette approche personnelle mène irrémédiablement à l’échec et au malheur. 

Mécanismes de défense

Nous commettons tous des erreurs et lorsque c’est le cas, deux options s’offrent à nous. La première et la plus raisonnable consiste à admettre l’erreur et à prendre nos responsabilités. La seconde option est de la refuser, de la bloquer et de construire autour d’elle un mécanisme sophistiqué de défense.

Le plus commun est certainement la dissonance cognitive. Lorsque deux situations contradictoires se produisent, une personne peut décider à un moment donné de ne pas les voir ou de ne pas les accepter afin de ne pas voir son identité affectée. 

Par exemple, dans un article publié dans le European Journal of Social Psychology, on a pu prouver quelque chose de très intéressant. Les personnes qui décident de ne pas prendre la responsabilité de leurs erreurs croient que grâce à cela, elles sont plus fortes. Elles sont persuadées d’avoir plus de pouvoir sur les autres et un plus grand contrôle d’elles-mêmes. Ainsi, même en étant conscientes de l’erreur commise et de la présence d’une dissonance cognitive, elles décident de les passer sous silence afin de protéger entièrement leur ego.

 

Pour conclure, comme nous pouvons le voir, les personnes qui n’admettent pas leurs erreurs ont recours à des stratégies psychologiques afin de fuir ouvertement leurs responsabilités. Leur faire ouvrir les yeux sera un parcours laborieux et difficile. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’elles seront incapables de faire le pas.

Il n’est jamais trop tard pour descendre de notre piédestal et être humains. Admettons nos erreurs et nous aurons devant nous une merveilleuse opportunité de croissance personnelle. 

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


Festinger, Leo (1990) Teoría de la disonancia cognitiva. Paidós (Madrid)

Lowen, Alexander (2000) El narcisismo, la enfermedad de nuestro tiempo. Paidós América

Festinger, Leo (1992) Métodos de investigación en ciencias sociales. Paidós (Madrid)


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