Pensée divergente : qu'est-ce et comment la développer ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La pensée divergente, ou latérale, se caractérise par la capacité de générer des solutions multiples et ingénieuses à un même problème. Il s’agit d’une approche mentale spontanée, fluide et non linéaire, basée sur la curiosité et la non-conformité. En effet, il s’agit également d’un type de pensée très commun chez les enfants, là où la joie, l’imagination et la fraîcheur offrent plus de liberté à leur raisonnement.
La pensée divergente est d’actualité. Dans une société habituée à produire des compétences similaires, arrive le moment où les grandes entreprises commencent à valoriser d’autres type de compétences, d’autres dimensions qui apportent de l’ingéniosité, de la vitalité et du capital humain authentique à leurs projets. Ainsi, une personne capable d’offrir de l’innovation, de la créativité et de nouveaux objectifs peut devenir un excellent candidat à un certain nombre de ces projets organisationnels.
Nous devons toutefois admettre une chose. Nos écoles, instituts et universités continuent à privilégier, à travers leur méthodologie, un type de pensée clairement convergent. Dans les années 1960, JP Guilford a différencié et défini la pensée convergente et la pensée divergente.
Bien qu’il ait lui-même souligné l’importance de former les enfants à ce dernier type d’approche mentale, les établissements d’enseignement y prêtèrent que peu d’attention. En général, ils priorisèrent un type de réflexion (ou plutôt, son absence) où l’étudiant-e devait appliquer une pensée linéaire et une série de règles et de processus structurés afin de parvenir à une solution unique : celle qui est évaluée comme étant correcte.
S’il est vrai que dans de nombreux cas cette stratégie est utile et nécessaire, nous devons admettre que la vie réelle est suffisamment complexe, dynamique et imprécise pour ne pas croire que nos problèmes n’ont qu’une seule solution. Par conséquent, nous devons développer une pensée divergente authentique.
Il existe à cet effet de nombreux centres éducatifs qui encouragent leurs étudiants à ne pas uniquement rechercher la réponse correcte. L’objectif est que ces derniers soient à même de créer et de proposer de nouvelles questions.
La pensée divergente et ses processus psychologiques
Avant de continuer, il serait bon de clarifier un point. Aucun type de pensée n’est meilleur qu’un autre. La pensée convergente est utile et nécessaire dans de nombreuses situations. Cependant, le véritable problème réside dans le fait que nous avons été “entraîné-e-s” à penser d’une certaine manière, en laissant de côté (voir même en l’annulant complètement) cette spontanéité, cet ingéniosité et cette liberté captivante.
Dans de nombreux cours visant à former les personnes à la pensée divergente, il est fréquent de poser aux élèves des questions telles que :
- Quel genre de choses pourriez-vous faire avec une brique et un crayon ? Quel utilisations pourriez-vous faire si nous vous offrions une brosse à dents et un cure-dent ?
Nous sommes conscient-e-s qu’au début, il pourra s’avérer difficile d’obtenir ne serait-ce qu’une seule idée. Néanmoins, il existe des personnes capables de donner de multiples réponses et idées ingénieuses car elles possèdent un fort potentiel dans ce que Edward de Bono appelait à l’époque “la pensée latérale”. Pour mieux comprendre comment cela fonctionne, voyons désormais quel genre de processus psychologiques composent la pensée divergente.
Les réseaux sémantiques ou la théorie de la connectivité
La pensée divergente est capable de trouver des relations entre des idées, des concepts et des processus qui apparemment ne présentent aucune similitude. Les psychologues expert-e-s en créativité nous disent que les individus disposent de différents réseaux mentaux d’association :
- Les personnes disposant de réseaux sémantiques “abrupts” sont davantage gouvernées par la logique et la pensée linéaire.
- D’autre part, les personnes disposant de réseaux sémantiques “plats” possèdent des réseaux mentaux beaucoup plus connectés et laxistes. En d’autres termes, ces personnes mettent parfois en relation deux choses qui n’ont aucun sens, mais qui progressivement, en s’aidant d’autres réseaux, parviennent à générer une idée ingénieuse et innovante.
Hémisphère droit et hémisphère gauche
Nous avons tou-te-s entendu parler de cette théorie selon laquelle l’hémisphère droit est l’hémisphère créatif, l’hémisphère gauche est celui de la logique. Par conséquent, et selon cette théorie, les personnes qui utilisent une pensée divergente ou latérale feront un usage préférentiel de l’hémisphère droit. Nous devons toutefois faire attention à ce genre de croyances sur la latéralisation ou la domination cérébrale car en réalité, elles présentent d’importantes nuances.
Nous ne pouvons pas considérer le cerveau comme une entité disposant de zones délimitées. En effet, lorsque nous générons une idée, qu’elle soit ingénieuse, conservatrice, logique ou hautement créative, nous utilisons la totalité de cet organe. Cependant, la clé se situe dans la façon dont nous connectons une idée avec une autre. Les personnes les plus ingénieuses font usage d’une pensée arborescente, c’est-à-dire que leurs connexions cérébrales sont très intenses dans les deux hémisphères, et non dans un seul.
“L’imagination est le début de la création. Imaginez ce que vous voulez, poursuivez ce que vous imaginez et enfin, créez ce que vous poursuivez.”
-George Bernard Shaw-
Comment pouvons-nous entraîner notre pensée divergente ?
Comme nous l’avons précisé au début, nous pouvons tou-te-s, quel que soit notre âge, entraîner notre pensée divergente. Pour cela, nous devrons nous concentrer sur 4 objectifs très clairs :
- Améliorer notre fluidité : capacité pour produire un grand nombre d’idées.
- Améliorer notre flexibilité : être capable de créer des idées variées basées sur différents domaines de connaissances.
- L’originalité : la capacité à créer des idées innovantes.
- Améliorer notre élaboration : capacité à améliorer nos idées, à les développer avec plus de sophistication.
Voici quatre manières d’y parvenir :
Exercices synectiques
Le terme “Synectique” a été inventé par le psychologue William JJ Gordon. Il signifie fondamentalement d’être capable de trouver des connexions et des relations entre les concepts, les objets et les idées qui n’ont apparemment aucun lien. Cet exercice requiert une activité mentale élevée, et nous pouvons y travailler quotidiennement en choisissant nous-mêmes les concepts. Par exemple :
- Que puis-je faire avec un clip et une cuillère ?
- Quelle relation pourrait-il exister entre le fleuve Limpopo en Afrique et le lac Baïkal en Sibérie ?
Technique de scamper
La technique Scamper est une autre stratégie de développement d’idées créatives développée par Bob Eberle. Elle nous sera très utile pour créer quelque chose d’innovant et former notre pensée. Supposons, par exemple, que nous devons générer une idée pour notre travail. Une fois que nous disposerons cette “idée”, nous la soumettrons à une série de “filtres” :
- 1) Remplaçons un élément de cette idée par un autre (que pouvons-nous changer dans notre façon de nous amuser et dans notre façon de travailler ?)
- 2) Maintenant, combinons-les toutes (Que pouvons-nous faire pour rendre notre travail plus amusant ?)
- 3) Adaptons-les (Que font-ils dans d’autres pays pour travailler avec moins de stress ?)
- 4) Modifions-les (Comment travailler et ne pas stresser ?)
- 5) Donnons-leurs d’autres fonctions (Qu’est-ce qu’il y a dans mon travail qui peut le rendre plus amusant (même s’il n’a pas été conçu spécifiquement pour cela ?)
- 6) Éliminons certaines (et si nous commencions un peu plus tôt pour profiter davantage de la journée ?)
- 7) Réformons (Que se passerait-il si j’osais … ?)
L’humeur et le repos adéquat
Dans une étude menée par la psychologue Nina Lieberman, recueillie dans l’ouvrage Playfulness: Its Relationship to Imagination and Creativity, un élément intéressant nous a été révélé. La pensée divergente va de pair avec la joie, l’optimisme et le bien-être intérieur. Les bonnes relations sociales, le fait de profiter d’une pause agréable et d’être libre de toute pression, d’anxiété et de stress, permet d’optimiser la pensée divergente.
Il est certain que parfois, dans nos missions d’adulte, dans notre style de vie si chargé de pressions et d’inquiétudes, nous négligeons énormément ces précieuses dimensions. Nous pourrions donc également conclure que ce type de pensée trouve en outre son origine dans l’attitude que nous avons face à la vie, là où nous pourrions être plus libres, joyeux-ses, non-conformistes, ouvert-e-s à l’expérience …
Cultivons ces dynamiques. Vivre bien pour mieux penser peut incontestablement être un excellent objectif sur lequel travailler au quotidien…
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- Bono, Edward (2014) Lateral Thinking: An Introduction. UK: Vermilion
- Runko, A. Mark (1991) Divergent Thinking (Creativity Research). Creativity Research
- Lieberman J. Playfulness and Divergent Thinking: An Investigation of their Relationship at the Kindergarten Level. Journal of Genetic Psychology. 1965; 107(2): 219-224.
- Vosburg S. The Effects of Positive and Negative Mood on Divergent-Thinking Performance. 1998; 11(2): 165-172.
- Abbasi K. A riot of divergent thinking. J R Soc Med. 2011; 104(10): 391.
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