Non reconnaissance familiale : lorsqu’ils vous font croire que nous n’en valez pas la peine
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La non reconnaissance familiale est un processus qui apparaît plutôt fréquemment. Elle apparaît dans les environnements au sein desquels une ou plusieurs personnes génèrent un type de dynamique qui boycotte l’estime personnelle des enfants. On a alors recours à la dévalorisation, à la communication passivo-agressive, à la manipulation émotionnelle et à la maltraitance invisible qui laissent une empreinte permanente.
Les experts en thérapie familiale systémique nous disent que tout enfant ne recevant pas de reconnaissance court le risque d’être dans le futur un adulte invisible. Ce sont des personnes auxquelles on a fait croire que leurs besoins n’étaient pas importants. De plus, leurs identités sont restées tellement mises de côté qu’ils ne sont pas parvenus à trouver un sens réel au « moi ».
« Tout ceux ayant une paire de blessures douloureuses enterrées dans leur cœur sont capables d’aller de l’avant même avec celles-ci, avec le temps ils deviendront même insensibles à la douleur. »
-Kim Bok Joo-
Ainsi, nous pourrions dire que nous somme face à un sujet très sérieux qui est laissé de côté par une bonne partie des géniteurs. Donnons un exemple : Ana a 9 ans et passe ses journées à se moquer, à pincer et à pousser sa petite sœur Carla. L’aînée est agitée et turbulente tandis que la petite est réservée et très timide.
Chaque fois que Carla va voir sa mère entre deux crises de larmes pour demander de l’aide, celle-ci répond toujours la même chose : « Tu dois te réveiller une bonne fois pour toutes, maman est occupée et ne peux pas toujours être sur ton dos. » Cette situation qui pour beaucoup semble innocente cache en réalité de nombreuses nuances. La non-reconnaissance du géniteur dans ce cas est double et les conséquences assez sérieuses.
La première, car la mère ne tient pas compte des émotions de sa petite fille. La seconde, car le message qui est donné à cette enfant est très simple et direct : « Je suis occupée, tu es donc toute seule pour cela, règle toi-même tes problèmes. » Comme nous pouvons le comprendre, une enfance marquée par ce type de dynamiques non reconnaissantes peut laisser des traces profondes à l’âge adulte.
De la non reconnaissance familiale à la non reconnaissance personnelle
La non reconnaissance familiale est une forme de négligence émotionnelle et pour autant, une des formes de maltraitance subtile étant les plus dangereuses. Marsha Linehan, une experte reconnue dans les troubles mentaux et dans la thérapie dialectique comportementale, explique dans ses travaux que ce type d’interactions génère des conflits très graves dans l’esprit infantile.
Pensons par exemple à un bébé qui n’a presque jamais reçu d’attention pendant la nuit lorsqu’il pleurait. Imaginons maintenant ce même enfant à deux ans faisant une crise terrible devant des parents exaspérés car ils ne savent pas gérer l’enfant en question. Quelques années après, ils le réprimandent car il ne sait toujours pas s’attacher les chaussures, car il est lent à s’habiller, lent pour manger et lent pour s’exprimer. « Tu es maladroit et tu pleures pour un rien » sont les phrases que cet enfant a le plus écoutées pendant ses 6 premières années de vie.
Toute cette situation cristallisera dans la personnalité de l’enfant de différentes manières. Par exemple, le docteur Linehan nous explique que la non reconnaissance familiale génère tôt ou tard la non reconnaissance personnelle. Si depuis le début les nécessités émotionnelles de l’enfant ont été mises de côté et si on caractérise cet enfant comme étant « celui qui pleure pour un rien », tôt ou tard celui-ci finira par ne pas se reconnaître personnellement en interprétant ses émotions négativement et en préférant les cacher, les enfouir volontairement.
Aussi, ce qui se passe généralement dans ce type de situations est l’apparition de la prédiction auto-réalisatrice. Si dès notre enfance on nous répète qu’on n’arrivera à rien, que cela n’est pas pour nous, que c’est trop dur pour nous, que dans la répartition des talents nous héritons de la pire partie, il est fort probable que nous finissions par intérioriser cela comme une motivation vénéneuse.
« Néanmoins, briser l’effet de la non-reconnaissance familiale n’est pas seulement possible mais plutôt nécessaire. On peut survivre à cela en nous reconnaissant nous-mêmes comme nous le méritons, comme les autres auraient dû le faire. »
Nous reconnaître à l’âge adulte : le dialogue interne
Les thérapies familiales et systémiques doivent beaucoup à la théorie de la communication humaine de Paul Watzlawick. Mais également à d’autres experts du « Mental Research Institute » qui donnèrent forme à une approche exceptionnelle qui fut la clé pour la future thérapie familiale et la meilleure compréhension de ces dynamiques compliquées.
Par exemple, on fit référence aux techniques de dévalorisation, un type de communication vide, blessante et voire même agressive, où le message envoyé à l’autre contribue à le sous-estimer et à générer du mal-être. Aussi, un fait qui a pu être prouvé par des psychologues comme le docteur Lineham, est qu’un enfant qui a été non reconnu et dévalorisé pendant son enfance créé à l’âge adulte un dialogue interne basé également sur sa propre dévalorisation.
Des processus tels que l’autocritique, les attitudes limitantes, l’indécision, le sentiment de culpabilité, la peur constante et ce monologue répétitif dans lequel il n’existe pas un grain d’amour propre contribue à perpétuer la dévalorisation, quasiment comme un faux ami avec lequel nous détruire davantage…
Cela n’en vaut pas la peine. Si les autres ont ancré en nous toute cette série de cavités dans notre identité et notre autoestime avec leur style d’éducation et de communication, ne soyons pas héritiers de cette dynamique, ne soyons pas nos propres ennemis.
Nous reconnaître nous-mêmes est possible, mais pour cela, nous devons changer notre dialogue interne. Nous devons nous parler avec respect et amabilité, nous traiter comme des êtres courageux, des personnes qui ont encore beaucoup à réaliser et qui sont déjà fatiguées du « tu ne peux pas, tu ne sais pas ou tu ne mérites pas »…
C’est le moment de tout pouvoir.
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