Mourir de peur : est-ce possible ?

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Edith Sánchez

Dernière mise à jour : 31 janvier, 2023

Dans notre langage quotidien, nous contemplons l’option de mourir de peur. « Je suis mort de peur », disons-nous, ou « j’ai failli mourir de peur quand j’ai vu ça ». Est-il possible que ce ne soit pas seulement une expression métaphorique, mais une réalité biologique ? Une personne peut-elle ressentir une peur si intense au point d’en mourir ?

Les scientifiques abordent la question comme une hypothèse. En fin de compte, nous mourons tous pour des raisons physiques : problème cardiaque, problème cérébral, ou les deux. Un médecin légiste établit toujours la cause du décès en se référant à la déficience organique qui a causé le décès. Même s’il y a eu un choc émotionnel antérieur, il ne serait pas déterminé que la personne est morte de peur.

Certains experts pensent qu’il est impossible de mourir de peur s’il n’y a pas de facteur de vulnérabilité dans l’équation, c’est-à-dire s’il n’y a pas d’anomalie organique antérieure. D’autres, au contraire, pensent qu’il s’agit d’un état extrême de stress émotionnel, d’anxiété ou de ce que l’on appelle communément la peur. Qui a raison ?

« L’amour chasse la peur et, réciproquement, la peur chasse l’amour. Et la peur ne fait pas qu’expulser l’amour, mais aussi l’intelligence, la bonté, toutes les pensées de beauté et de vérité, et il ne reste que le désespoir silencieux ; et à la fin, la peur parvient à expulser l’humanité elle-même de l’homme».

-Aldous Huxley-

Mourir de peur

De nombreux scientifiques se sont demandé s’il était possible de mourir de peur. D’un point de vue théorique, c’est parfaitement possible. Cependant, comme nous l’avons noté précédemment, il n’est pas facile de déterminer que la peur est la cause directe du décès. Malgré cela, le Dr Mark Gillinov, de la Cleveland Clinic, a entrepris de faire des recherches à ce sujet.

Dans cette étude, des cas de personnes qui souffraient déjà de problèmes cardiaques ont été examinés, par rapport à d’autres qui étaient en parfaite santé. Gillinov a expliqué que lorsqu’une personne est confrontée à un stimulus menaçant, le corps génère une réaction de combat ou de fuite : l’anxiété. Ce stress physique et émotionnel provoque une affection cardiaque connue sous le nom de cardiomyopathie de stress.

Cette condition empêche le cœur de pomper efficacement le sang vers le reste du corps. De cette façon, la personne affectée éprouve des palpitations, de la fatigue, un essoufflement et d’autres symptômes.

Ainsi, la probabilité que la fonction cardiaque diminue ou connaisse des problèmes augmente. Parfois, cela conduit le cœur à arrêter de pomper le sang et peut entraîner une mort subite. Cependant, la recherche indique que cela est extrêmement rare, bien que possible.

Oui, il est possible de mourir de peur

De manière générale, les cardiologues s’accordent à dire que vous pouvez mourir de peur. On en a même la preuve : lors d’un tremblement de terre à Los Angeles (Etats-Unis), les morts subites par insuffisance cardiaque ont quintuplé. Dans tous ces cas, les personnes ont ressenti une oppression thoracique soudaine, puis sont instantanément tombées mortes lors de l’événement très stressant.

Il est évident que les personnes ayant des antécédents de pathologies cardiaques sont plus susceptibles de mourir de peur ou, en d’autres termes, de réagir de manière inappropriée à une situation de stress physique et émotionnel élevé. Cependant, cela peut également se produire chez ceux qui n’ont aucune pathologie.

D’autres preuves intéressantes proviennent du physiologiste Walter Bradford de l’Université de Harvard. Dans son ouvrage Voodoo death, publié à la fin du XXe siècle, il met en évidence la mort d’une personne due à la peur provoquée par l’action d’un sorcier. Ce serait un cas de mort par peur. Il existe également d’autres travaux similaires qui rapportent des cas semblables.

Le corps et la peur

Il faut insister sur le fait que mourir de peur, ou en général d’un état émotionnel très intense, ne devrait pas nous surprendre. Si cela nous surprend, c’est parce que nous continuons à entretenir l’idée que le corps et l’esprit sont deux réalités distinctes, alors qu’en fait ils forment une unité à chaque instant.

La peur provoque une réaction dans le cerveau et celui-ci réagit en produisant une plus grande quantité d’adrénaline. Cela prépare le corps au combat ou à la fuite. Si la peur est très intense et que, par conséquent, des quantités plus élevées de neurotransmetteur sont produites, le cœur peut être affecté.

Plus précisément, l’adrénaline provoque l’ouverture des canaux calciques des cellules. Lorsqu’ils reçoivent plus de volume de cet élément, ils changent leur potentiel électrique. Cela conduit à la contraction du muscle cardiaque. Si cet état persiste, une « fibrillation ventriculaire » se produit, qui peut s’accompagner d’une chute de pression. Si des soins médicaux ne sont pas reçus, la mort survient. En conclusion : oui, il est possible de mourir de peur.