Mercedes Sosa, biographie d'une voix merveilleuse
Mercedes Sosa vécut deux concerts au cours desquels elle peina à gérer ses propres émotions. Le premier eut lieu à Barcelone, en 1973, lors de sa première présentation en Espagne.
Le pays était alors gouverné par la dictature de Francisco Franco et toute publicité inhérente à sa présentation était interdite. Le public afflua néanmoins pour chanter ses chansons et “La Negra” finit par pleurer d’émotion.
Le deuxième de ces concerts inoubliables eut lieu en février, dix ans plus tard. Elle était de retour dans son pays après un exil amer. Les Argentins chantèrent ses chansons et Mercedes avoua qu’elle s’obligea à ne pas regarder le public pour ne pas fondre en larmes.
On raconte que, après ce concert, l’amiral Carlos Alberto Lacoste posa la question suivante : “Qui a autorisé Mercedes Sosa à entrer dans mon pays ?”
« La pire chose qui puisse vous arriver est de ne croire en rien. Celui qui ne croit en rien devient étranger à la vie. »
-Mercedes Sosa-
Mercedes Sosa était « la voix de l’Amérique ». Une femme d’origine modeste qui ne fit jamais de compromis avec les pouvoirs abusifs et qui paya de sa chair la fidélité à ses principes. Il s’agissait surtout d’une voix prodigieuse qui fit du chant un mode de narration de la réalité latino-américaine aux yeux du monde.
Mercedes Sosa, une fille humble
Son prénom de baptême était Haydée Mercedes Sosa, bien que ses parents aient convenu que son nom serait Marta Mercedes. C’est son père qui l’enregistra et décida de changer les plans à la dernière minute. Sa famille l’appela néanmoins « Marta » tout au long de sa vie. Elle vint au monde le 9 juillet 1935 à San Miguel de Tucumán, en Argentine.
La date de sa naissance et la date de son décès sont des faits curieux. Mercedes naquit le jour même de la célébration de l’indépendance de l’Argentine, indépendance qui fut signée précisément dans sa ville natale, Tucumán. La Negra décéda le 4 octobre à 74 ans, date qui coïncidait avec la naissance de Violeta Parra, une femme que Mercedes rendit célèbre.
Sosa était la fille d’un humble ouvrier et d’une femme qui gagnait sa vie en lavant les vêtements de familles riches.
Ses parents étaient des péronistes convaincus. Ils se rendirent par ailleurs à Buenos Aires le 17 octobre 1950 pour célébrer la Journée de la fidélité péroniste. La professeur de chant ne vint pas à école ce jour-là et Sosa fut chargée de chanter l’hymne national de l’Argentine. Ce fut sa première représentation publique.
Le début d’une carrière à succès
Certaines camarades de classe la convainquirent de se rendre à une station de radio locale qui, à l’époque, organisait un concours de chant. Mercedes se décida donc. Le propriétaire de la radio annonça la fin du concours lorsqu’elle termina sa présentation. Il la désigna alors comme vainqueur du concours.
Mercedes Sosa commença dès lors à chanter régulièrement à la radio. En 1957, elle épousa Óscar Matus, un musicien folklorique. Ils déménagèrent ensuite à Mendoza, une province d’Argentine qu’elle aima beaucoup. Son fils, Fabián Matus, naquit quelques temps plus tard.
Avec son mari et le poète Armando Tejada Gómez, elle créa le mouvement du Nouveau Chansonnier latino-américain.
Le mariage ne dura que huit ans. Son mari la quitta pour une autre femme. Mercedes déménagea à Buenos Aires.
Un événement presque magique se produisit cette même année. La musicienne Jorge Cafrune l’invita à chanter sur scène lors du Festival Folk de Cosquín, le plus important de ce genre en Argentine, alors qu’elle n’y était pas invitée. Elle fascina néanmoins immédiatement le public.
La voix de l’Amérique
Le succès de Mercedes Sosa ne cessa jamais de croître depuis lors. Elle conquit d’abord son pays, puis toute l’Amérique latine, puis le monde entier.
Elle eut un nouveau conjoint, “Pocho” Mazzitelli, un représentant de musiciens qui ne la quittait jamais. Elle n’hésita d’ailleurs pas à considérer son deuxième mari comme « le grand amour » de sa vie.
Des moments difficiles vinrent pour elle après le coup d’État militaire en Argentine. Ses disques furent d’abord interdits. Elle fut ensuite inscrite sur la liste noire de la dictature.
Les militaires interrompirent l‘une de ses présentations en 1978, lors d’un récital à La Plata. Ils la giflèrent en public et l’arrêtèrent elle et les autres participants. Cet événement l’amena à s’exiler, d’abord à Paris, et plus tard à Madrid.
L’exil fut une expérience amère, d’autant plus qu’il coïncida avec le décès de son conjoint. Elle déclara avoir eu besoin de neuf ans pour accepter cette perte. Malgré tout, l’amour, la vénération du public et le chant lui redonnèrent le goût de vivre.
De nouveaux concerts, de nouvelles expériences musicales incluant le rock, vinrent alors. Et enfin la mort, le 4 octobre 2009, dans un hôpital de Buenos Aires, à l’âge de 74 ans, avec une carrière plus que réussie et une voix absolument immortelle.
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Braceli, R. E. (2003). Mercedes Sosa: la negra. Sudamericana.
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