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L'usage d'opioïdes et ses effets sur le cerveau

4 minutes
Que sont les opioïdes et comment agissent-ils sur le cerveau ?
L'usage d'opioïdes et ses effets sur le cerveau
Sergio De Dios González

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Sonia Budner
Dernière mise à jour : 15 octobre, 2024

La grave crise de santé qui sévit aujourd’hui aux États-Unis en raison de l’épidémie de dépendance aux opioïdes met le pays et ses institutions dans une situation très délicate. Le fait est que ce problème, pour le moment, ne semble pas avoir de solution ferme et définitive.

Voici un chiffre étonnant : 80% de la production mondiale d’opioïdes, que ce soit sur ordonnance ou sur le marché illégal, sont consommés aux États-Unis. Les services de santé ne peuvent pas faire face aux nombreux décès causés par l’usage d’opioïdes.

On estime qu’environ 200 personnes meurent chaque jour d’une dépendance aux opioïdes aux États-Unis. Mais, qui plus est, le nombre total de morts depuis le début de cette crise se situerait déjà au niveau du nombre de soldats américains tués lors de la guerre du Viêt Nam.

Les données qui nous parviennent aujourd’hui sur l’incidence élevée de la dépendance qui génère la consommation d’opioïdes, comme l’OxyContin, ou de dérivés morphiques, comme le Fentanyl, ont déclenché toutes les alarmes. Les statistiques parlent de dépendance chez plus de 10 % des patients au cours des cinq premiers jours d’utilisation seulement.

Cette crise a déjà été déclarée “urgence nationale de santé publique” aux Etats-Unis. Par conséquent, nous allons maintenant examiner ce que sont les opioïdes, comment ils agissent sur le cerveau humain et quelles études les chercheurs mènent actuellement à cet égard.

“Dès qu’un dépendant atteint une forme de satisfaction plus profonde qu’un comportement autodestructeur, la sortie s’ouvre naturellement devant lui.”

-Deepak Chopra-

dépendance aux opioïdes aux Etats-Unis
Les opioïdes : de quoi s’agit-il exactement ?

Les opioïdes sont des médicaments analgésiques dont les ingrédients actifs sont extraits de la capsule de la plante d’opium. Ce sont des substances naturelles que l’homme connait depuis bien longtemps et que l’on trouve dans le jus des graines de pavot. En 1803, les scientifiques ont isolé un alcaloïde à partir de l’opium : la morphine. Plus tard, ils ont alors développé des dérivés, tels que la codéine et l’héroïne.

Les opioïdes ou narcotiques sont des analgésiques puissants que l’on prescrit dans les cas de douleur aiguë ou chronique, en particulier dans la douleur qu’induit le cancer. Le problème, c’est qu’il y a de nombreux risques associés à leur usage, principalement les taux élevés de dépendance qui se produisent chez les patients. Nous parlons de patients parce que bon nombre de ceux qui ont une dépendance sont des personnes à qui on a prescrit des opioïdes après une opération chirurgicale, un accident ou une fracture du bras, par exemple.

Jusqu’en 1914, l’opium était légal aux États-Unis, mais les autorités ont fini par l’interdire en raison de sa forte tolérance et du syndrome de sevrage grave qu’il provoque. C’est l’une des drogues les plus toxicomanogènes, car elle atteint le cerveau très rapidement. L’opium produit un effet puissant d’analgésie et de somnolence, ainsi que des sensations gratifiantes de plaisir.

Il existe trois types de substances opiacées :

  • Les alcaloïdes de l’opium, comme la morphine (l’opiacé prototype) et la codéine
  • Les opioïdes semi-synthétiques, comme l’héroïne et l’oxycodone
  • Les opioïdes entièrement synthétiques, comme la péthidine et la méthadone

Quels sont les effets des opioïdes sur notre cerveau ?

Tous les abus de substances addictives activent les voies de gratification du cerveau. Ce système comprend l’aire ventrale tegmentale, le noyau accumbens et le cortex préfrontal. La perception de la douleur implique l’implication de plusieurs structures neurales.

Par les voies afférentes, ces substances atteignent les régions du tronc cérébral et du diencéphale, y compris le thalamus et la substance grise périaqueducale. En outre, des synapses se produisent dans le thalamus, se projetant vers d’autres zones telles que le lobe frontal, le système limbique ou l’hypothalamus, principalement.

Les opioïdes agissent dans le système afférent (voies par lesquelles le stimulus se rend au cerveau), mais ils agissent aussi dans le système efférent (voyage inverse). Ils activent également les connexions excitatrices entre la substance grise périaqueducale et les noyaux du raphé. Le stimulus douloureux est réduit en inhibant les interneurones contenant du GABA.

addiction aux opioïdes
Que fait-on pour s’attaquer à la crise des opioïdes ?

Cette crise des opioïdes a ouvert de nombreux fronts. Il y a une demande très importante d’aide pour les personnes qui ont développé une dépendance à ces drogues. En l’absence de nouvelles prescriptions, ces personnes se tournent vers le marché illégal et les remplacent par de l’héroïne, qui est moins chère et plus facile à obtenir.

Le plus remarquable est le travail effectué par l’équipe de recherche du Mont-Sinaï en Floride. Cette recherche s’est concentrée sur un réseau intracellulaire qui contrôle les actions des opioïdes dans la substance grise périaqueducale, car ce réseau joue un rôle très important dans la réponse analgésique.

Ces chercheurs ont réussi à bloquer le gène RGSz1, responsable du codage du modulateur négatif de la tolérance aux opioïdes. Il en a résulté une réduction significative de la douleur avec des doses beaucoup plus faibles de médicaments. De plus, on a obtenu un effet moins gratifiant, un facteur important dans le développement de la dépendance.

En ce moment, l’équipe évalue les opioïdes qui sont actuellement prescrits. Ils veulent les classer selon leur potentiel d’abus en fonction de la protéine RGS qu’ils activent. Leurs conclusions pourraient être décisives dans la lutte contre cette grave épidémie de consommation d’opioïdes.

 


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Maldonado, R. (2010). Le système opioïde endogène et l’addiction aux drogues. Annales Pharmaceutiques Francaises. https://doi.org/10.1016/j.pharma.2009.12.001


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