L'histoire d'une fille comme tout le monde

L'histoire d'une fille comme tout le monde

Dernière mise à jour : 10 février, 2017

Voici l’histoire d’une fille normale. Une fille sans nom puisqu’elle pourrait en avoir des milliers. Une fille qui tomba amoureuse de celui qu’elle croyait être le meilleur homme du monde : un homme de conte de fées, un prince sur son cheval blanc. Elle décida donc de devenir sa princesse.

Pour essayer d’y parvenir, elle renonça à sa liberté, à sa capacité à décider, à son sourire, à ses amies et à sa famille. Elle donna sa vie en échange de ce qu’elle pensa être son amourelle la mit à la merci des vagues qui roulaient seulement selon les humeurs d’un cœur égoïste qui pensait pouvoir tout posséder, même les personnes.

Se connaître

C’était un jour comme tous les autres, elle était à son bureau et travaillait tranquillement quand une collègue s’approcha pour lui raconter les nouvelles. Notre fille ne faisait d’habitude pas attention aux commentaires. Elle savait que ses collègues exagéraient toujours tout et que les potins et élucubrations étaient plus un produit de la nouvelle que de la réalité.

Lorsqu’elle le vit, elle réalisa qu’elle avait eu tort. C’était un garçon brun, aux yeux couleur noisette et au sourire charmeur. Ce n’était pas un garçon quelconque, c’était l’homme parfait. Et il s’avéra que le garçon parfait rentrait à la maison en prenant la même ligne de métro. Et c’est ainsi qu’iels firent connaissance.

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Tomber amoureux-se

Tomber amoureux n’est pas un acte conscient, c’est une sensation qui vous enivre peu à peu. Une sensation qui commence avec la joie de connaître quelqu’un qui est entré par les yeux mais qui petit à petit a conquis votre cœur. Les yeux peuvent vous tromper, mais le cœur sera toujours authentique.

Le garçon parfait la remarqua aussi et ne tarda pas à lui demander son numéro de téléphone. Il l’attendait pour qu’iels prennent le métro ensemble, craignant qu’à un moment donné il ait besoin d’elle et qu’elle ne soit pas là. Et il l’invita donc à un rendez-vous. Ce fut très romantique, à tel point que tout à ses côtés ressemblait à un rêve.

Certains jours, après lui avoir dit au revoir, il écrivait des messages à notre jeune fille comme si son absence signifiait la fin du monde pour lui. Tout n’était que tendresse et amour. Il la prenait dans ses bras pour lui dire au revoir, lui disant à quel point elle allait lui manquer dès qu’elle serait partie. Elle se sentait comme la femme la plus chanceuse du monde parce que, parmi toutes les femmes, il l’avait choisie elle.

La jalousie et l’isolement

Sa meilleure amie s’inquiétait parfois à propos des messages qu’il lui écrivait ; elle disait qu’au fond de ses mots se trouvait une anxiété qui ne lui plaisait pas. Mais notre fille, elle, trouvait tout cela  vraiment romantique qu’il veuille tout le temps être en contact avec elle. C’était son chevalier, et selon elle, il savait où elle était, et pouvait la sauver de tous les dangers.

Un jour, il est devenu un peu jaloux car il l’a vu parler à un autre collègue, mais ce ne fut rien d’autre que l’une de ses démonstrations d’amour, pour lui prouver à quel point elle était importante. Il lui demanda si cet homme lui plaisait, parce qu’elle riait avec lui comme lorsqu’elleux deux se sont connus. Elle était peut-être en train de flirter sans le vouloir, alors elle lui a promis qu’elle n’agirait plus jamais d’une manière aussi ouverte. Elle ne voulait pas le perdre, ni qu’il se fâche… Avec tout ce qu’il avait fait pour elle !

Un soir, il l’appela et le téléphone sonna occupé, car elle était en train de parler à sa meilleure amie, mais il est redevenu jaloux parce qu’il pensait qu’elle parlait à un autre homme. Il commença peut-être à devenir un peu dominateur, mais il était tellement aimant et gentil, et il le faisait parce qu’il l’aimait beaucoup, qu’elle ne pouvait rien faire d’autre que lui pardonner. S’il s’inquiétait autant pour elle, c’est parce qu’il l’aimait beaucoup. S’il voulait toujours l’avoir aussi près de lui, c’est qu’il ne la laisserait jamais.

Son amie se fâcha parce qu’elle ne comprenait pas son attitude. Le garçon parfait lui disait que c’est parce qu’elle était jalouse, qu’elle n’avait personne qui l’aimait autant. Il disait que c’était une mauvaise influence pour elle et qu’elle lui mettait des choses bizarres dans la tête. Il avait peut-être raison quand il disait qu’elle était jalouse, cela l’inquiéta de ne pas les voir s’entendre.

Un soir, elle sortit avec ses amies. Il se fâcha, la traita de pute. Il dit qu’elle avait mis un trop grand décolleté et qu’elle était beaucoup maquillée, comme si elle voulait provoquer ou chercher un autre homme, et qu’avec lui elle ne se faisait pas aussi belle. Sa tenue était peut-être un peu osée et elle pouvait comprendre que cela l’ait dérangé. Elle ne voulait pas le perdre, encore moins pour une bêtise de ce genre.


Elle ne sortirait plus comme cela.


Ses amies n’avaient pas de petit copain et elles pouvaient peut-être sortir habillées ainsi, mais elle, elle était avec quelqu’un et elle ne pouvait pas lui manquer de respect de la sorte. En plus, si lui faisait la même chose, elle se fâcherait probablement. Elles devaient comprendre qu’elle ne pouvait plus sortir comme cela, et si ce n’était pas le cas, cela voudrait alors dire qu’elles n’étaient pas de vraies amies.

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La peur

Elle avait peur de le perdre. Il se fâchait de plus en plus souvent, ses exigences étaient de plus en plus grandes, sa susceptibilité plus profonde. Il n’aimait pas la façon dont elle s’habillait, ni la façon dont elle souriait à d’autres personnes. Il ne voulait pas qu’elle porte de jupes ou de décolletés, même si lui l’avait connue ainsi.


Elle avait peur que la moindre chose qu’elle fasse l’éloigne de lui, de l’homme parfait, celui qu’elle avait la chance d’avoir à ses côtés. Elle ne l’aurait pas supporté.


Il en vint à lui dire qu’elle l’aimait peu par rapport à ce que lui ressentait pour elle. Comment pouvait-elle lui faire comprendre qu’il était son prince charmant ? Elle n’était qu’une fille banale et terrifiée de perdre le garçon parfait qu’elle avait eu la chance de rencontrer. Elle serait stupide de le laisser s’en aller, avec la chance qu’elle avait eue de le croiser. Quelqu’un d’aussi imparfaite qu’elle, avec quelqu’un d’aussi bien comme lui.

Un jour, elle lui cria dessus dans la rue car il disait qu’elle était une salope. Il s’énerva parce qu’elle avait parlé avec le vendeur d’un magasin de chaussures et ri à l’une de ses blagues. Elle voulait juste être sympathique, elle n’avait pas l’intention de flirter, d’autant qu’elle le fit de manière contenue car elle savait que son homme l’observait. Il lui reprocha d’en faire toute une histoire au milieu de la rue, mais ce qui est certain c’est qu’elle ne comprenais pas pourquoi il réagissait ainsi avec elle.

Elle aurait aimé pouvoir parler de tout ça à quelqu’un. Elle avait besoin d’en parler, mais il avait réussi à l’éloigner de toutes les personnes en qui elle avait confiance, à les sortir de sa vie avec des récriminations et des accusations fausses et disproportionnées.

En plus, elle ne voulait pas qu’il se fâche. Elle était un peu perdue. Selon elle, cela faisait partie de l’amour, c’était ça d’aimer quelqu’un, et la peur de la perdre le menait à ces folies, même si elle savait qu’il avait tort. Elle ne savait peut-être pas ce que cela signifiait, aimer pour de vrai.

L’agressivité

Elle avait peur, elle avait très peur alors qu’il ne lui faisait même pas de mal, il ne l’avait pas touchée. Il avait balancé la table et avait claqué la porte très violemment, alors elle s’était mise à trembler. Iels se disputaient encore parce qu’il l’avait vue parler avec son chef, alors qu’iels parlaient travail. Il ne comprenais plus cela.

Elle ne savait pas quoi faire. Elle l’aimait et elle avait la chance que quelqu’un d’aussi parfait que lui l’aime. Mais elle avait peur de ses attaques violentes, elle ne voulait pas que nous nous fassions du mal. Je devrais peut-être quitter mon travail pour qu’il soit plus tranquille, après tout, nous vivons ensemble et nous n’avons pas besoin de gagner d’argent tous les deux.

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C’est peut-être ça, l’amour ?

Non, ce n’est pas de l’amour, c’est de la manipulation, du contrôle et de la dépendance. Personne n’a le droit de vous dire comment vous habiller, vous maquiller, ou avec qui parler. Personne n’a le droit de vous faire trembler de peur alors qu’il devient agressif, même s’il ne vous touche pas.

Ce que nous vous racontons ici, c’est un récit de maltraitance psychologique. Il n’y a pas de coups, mais ils peuvent venir un peu plus tard. Les coups arrivent quand une fille comme les autres dépend tellement de l’agresseur et est tellement convaincue de faire quelque chose de mal qu’il lui est impossible de les dénoncer.

Il se peut même qu’il n’y ait jamais de violence physique puisque, comme nous le voyons, il n’y en a pas besoin. Elle est seule, à sa merci, elle fera tout ce qu’il lui dira. Elle cessera d’être elle-même pour dépendre totalement de lui. Il a réussi à la contrôler, il n’a pas besoin de lui laisser de marques pour qu’elle soit totalement à lui.

C’est l’histoire d’une fille comme tout le monde, vous pouvez lui donner le nom que vous voulez, car malheureusement, dans la réalité, elle en a beaucoup. Cette jeune fille peut être votre sœur, votre amie, votre voisine. Ce peut être n’importe quelle fille qui se croit amoureuse mais qui en réalité est contrôlée et humiliée.

Ne fermez pas les yeux, aidez les à voir la réalité en les éloignant de leur schéma de pensée. Même si elle veut vous effacer de sa vie, ne vous éloignez pas. Même si parfois vous êtes témoin de son chemin vers le précipice, ne pensez pas que c’est de sa faute, rappelez-lui qu’elle peut compter sur vous. Persuadez-la d’appeler le 3919 – en France ou au numéro qui correspond dans tout autre pays -, elle a besoin d’aide pour sortir de là et si vous la laissez seule, elle ne le pourra pas.


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