Les trolls, une forme d'agression quotidienne
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Pour certaines personnes, Internet et les réseaux sociaux sont comme le Far-West. Prenons un exemple: les trolls et l’agression en ligne qui se fait dans le but de créer une réponse émotionnelle, de provoquer, de bâtir des antagonismes ou, tout simplement, de harceler. Le trolling est, pour les experts, une forme d’abus. Il est exécuté par un profil narcissique avec une faible estime de soi et motivé par la vengeance ou l’ennui.
Ce type de phénomène est de plus en plus étudié. Nous possédons donc davantage d’informations. Notre société dispose déjà de cette marque digitale qui a changé (en bien et en mal) la façon dont nous nous lions et dont nous concevons notre réalité. Et le sujet en lui-même, d’un point de vue psychologique et anthropologique, est assez curieux.
“Deux types de trolls sont très présents sur les réseaux sociaux. Le premier est le troll amusant qui se sert de l’ironie. Le second est le troll flamer ou blessant. C’est celui qui sort la personne de ses gonds et produit un impact important.
Il n’y a pas si longtemps, nos interactions avaient lieu avec des personnes que nous voyions plus ou moins fréquemment. Cela donnait lieu, en quelque sorte, à un principe de coopération qui facilitait la cohabitation. Une sorte d’équilibre vertueux existait grâce à un principe qui a facilité notre survie en tant qu’espèce pendant des générations: celui du respect et du sens de la coopération. Or, ceci est actuellement en train de disparaître.
Aujourd’hui, nous vivons majoritairement dans des bulles virtuelles. Celles-ci nous permettent de nous lier à des personnes que nous ne connaissons pas. Nous contactons et nous suivons des profils que nous ne verrons jamais réellement mais dont nous connaissons des choses grâce aux réseaux sociaux. Cette commodité, celle de pouvoir agir de façon anonyme, nous permet de montrer notre côté le plus sombre. Nous pouvons attaquer, discréditer et même harceler quelqu’un. Comment? En invitant les autres à nous suivre dans ce canular, à diffuser l’injure et la moquerie jusqu’à détruire complètement une personne sous tous les niveaux, sociaux et émotionnels.
Ce qui se cache derrière un troll
Le troll est une créature anthropomorphe de la culture scandinave. Il aurait l’habitude de vivre sous des monticules de terre, des carrefours de chemins ou des ponts, dans un seul but: attaquer les hommes, les dépouiller ou enlever leurs enfants. Aujourd’hui, les véritables trolls vivent dans l’obscurité des forums, sur les réseaux sociaux et dans n’importe quel fil de commentaires. Leur fonction est simple et maligne : dynamiter les débats, répandre la mauvaise humeur, être le plus destructeur possible.
Selon une étude de l’Université de Stanford, nous pouvons tous, à un moment donné, avoir le comportement d’un troll. Si les conditions idéales sont réunies, n’importe quelle personne pourra révéler sa face la plus sombre sur une scène virtuelle. Or, un journal, le International Journal of Cyber Behavior, Psychology and Learning, n’est pas d’accord avec cette idée. La docteure Laura Wydyanto nous explique que le phénomène du trolling est une forme d’abus. Ceux qui le pratiquent de façon habituelle partagent des traits psychologiques communs :
Analyse d’un troll et de ses typologies
- Les types de trolling les plus habituels sont ceux motivés par le sexisme, l’humiliation, le racisme et le désir de répandre des mensonges.
- Il y a généralement deux types de trolls. Le premier s’ennuie et cherche à créer des situations “amusantes” ou trompeuses pour sortir quelqu’un de ses gonds. Il s’agit du trolling typique. De l’autre côté, nous avons le troll flamer ou blessant. Celui-ci a d’autres motivations, comme le désir de vengeance, l’envie ou le simple souhait de faire du mal ou de déstabiliser.
- Diverses études nous révèlent que les trolls peuvent passer jusqu’à 70 heures par semaine à réaliser ce type de dynamiques malicieuses. Ils détruisent les vies des autres parce qu’ils manquent d’empathie et ne disposent pas d’un réseau social valide et significatif.
- Derrière un troll, on retrouve habituellement un homme entre 17 et 32 ans (il s’agit d’une moyenne). Comme ces derniers l’expliquent, ils se sentent bien lorsqu’ils mettent quelqu’un en colère. C’est un stimulus qui les motive, les amuse, les rend heureux.
- Aaron Balick, célèbre psychothérapeute et expert en réseaux sociaux, explique que la triade noire se cache souvent derrière un troll: narcissisme, machiavélisme et psychopathie. Il s’agit d’un fait aussi sérieux que révélateur qui devrait être pris en compte.
Comment nous défendre des trolls ?
Personne n’est à l’abri de l’attaque d’un troll. Cependant, le plus frappant (et alarmant) chez le troll est qu’il agit comme un agent chimique et infectieux. Presque sans savoir comment, il produit une réaction chez les autres. Très rapidement, une série de commentaires encore plus néfastes apparaissent. Car les trolls, nous ne devons pas l’oublier, savent comment attirer les autres. Plus leur opinion sera extrême, plus elle causera d’impact. C’est comme cela qu’un grand débat se créera.
On dit souvent qu’on peut tuer un troll en cessant de le nourrir. Etant donné qu’il s’appuie sur son ego et sur l’impact émotionnel qu’il cause, certains choisissent de se taire, de ne pas suivre son petit jeu et de ne pas répondre. Cependant, comme nous l’avons signalé, il n’est pas nécessaire que la victime le suive dans son jeu… Même si elle se tait, un écho se sera créé chez les autres. Et cela débouchera sur des bataillons de mini-trolls.
La meilleure solution est donc de porter plainte. Le trolling est illégal et passible de prison. Ainsi, si nous en sommes victimes, nous ne devons pas avoir peur de dénoncer cette pratique. Par ailleurs, évitons nous-mêmes d’être des trolls ou de suivre leur petit jeu.
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