Les traumatismes de l'enfance apparaissent sur les scanners cérébraux
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Avec le développement des technologies de neuroimagerie, des découvertes clés sont faites en médecine et en psychologie. L’une d’elles est le fait de pouvoir voir exactement comment les traumatismes de l’enfance apparaissent sur les scanners cérébraux.
Des zones neuronales grandes et petites sont touchées, marquées par des altérations subtiles qui réduisent complètement le bien-être de la personne. Une enfance d’abus laisse une marque profonde.
L’abus, les cris, la négligence, les coups, le vide et l’ombre persistante de la peur ne font pas que jeter les bases du stress post-traumatique. Aujourd’hui, on sait même que l’enfant maltraité entre 4 et 7 ans devient un adulte avec une espérance de vie plus courte.
Ce noyau de la population s’est avéré à risque accru pour tout, du diabète aux maladies cardiovasculaires. Au-delà du choc que suscite cette découverte, force est de constater qu’il existe une lueur d’espoir. Ce genre de découvertes nous permet de développer des approches médicales plus efficaces pour améliorer la vie d’une personne.
Le terme “traumatisme” vient du grec et signifie blessure. S’il est vrai que ces premières expériences altèrent le développement optimal de l’enfant et affectent sa santé mentale, il existe des stratégies pour les traiter. Les traumatismes ne sont pas des condamnations à perpétuité.
Un traumatisme de l’enfance apparaît sur les scanners cérébraux et voici ce qu’il révèle
Un exemple de la façon dont les expériences traumatiques sculptent le cerveau de l’enfant est le taux élevé de dépression majeure qui est mis en évidence à l’âge adulte. Cependant, ce trouble psychologique se développe chez ces patients de façon particulière. Il est plus persistant et il y a même des altérations de l’architecture du cerveau.
Avant d’atteindre ce trouble dépressif le plus grave entre 20 et 30 ans, il est courant que tout au long de l’enfance et de l’adolescence, ils traversent déjà une série de problèmes. Manque de concentration, retard scolaire, troubles du sommeil, hyperactivité, problèmes de contrôle des impulsions, maladies somatiques, comportements d’automutilation…
Pr ailleurs, ces personnes croient que personne ne peut comprendre leur souffrance. Que vivre c’est souffrir. Qu’il n’est pas facile de trouver quelqu’un qui les aime vraiment. Ces sentiments persistants de solitude et d’impuissance sont la voix de la blessure psychique, l’écho du traumatisme logé dans l’architecture cérébrale la plus profonde.
Les traumatismes de l’enfance interfèrent avec le développement du cerveau
Les traumatismes de l’enfance apparaissent sur les scanners cérébraux. Il y a quelques mois à peine, l’Université de l’Alberta au Canada a présenté une étude intéressante sur ce sujet. Ils ont conclu que les expériences traumatisantes vécues entre 4 et 7 ans empêchent le cerveau de se développer normalement.
Ce sont de petites altérations qui rendent les gens plus vulnérables lorsqu’il s’agit de développer de l’anxiété, un stress post-traumatique, une dépression, un manque de contrôle des impulsions, une mauvaise gestion émotionnelle, etc. Cependant, cela n’est pas décisif dans 100 % des cas. C’est juste une variable de risque.
De même, il a également été observé qu’il existe des déficits dans les transmetteurs de la sérotonine et de la noradrénaline. Cela se traduit par une plus grande réactivité à la peur, à l’inquiétude et à l’incertitude. La personne est plus susceptible de ressentir de l’angoisse, qui à son tour réactive le souvenir des expériences traumatisantes.
Traumatismes de l’enfance : l’amygdale et l’hippocampe sont les zones les plus touchées
Un aspect que l’équipe de recherche de l’Université de l’Alberta a également pu constater était la façon dont deux des régions les plus touchées étaient l’hippocampe et l’amygdale. Si un traumatisme infantile apparaît dans les scanners cérébraux, la première chose constatée sera une altération du volume de ces zones (il est plus réduit).
- L’hippocampe et l’amygdale sont liés aux émotions et à la mémoire. Ainsi, les personnes qui ont vécu des expériences traumatisantes précoces montrent des difficultés à gérer la peur, la tristesse et les conflits.
- Ces variations de volume se traduisent également par des blocages lors de la résolution de problèmes et par une plus grande tendance à agir par impulsion. Cela se traduit souvent par des comportements à risque, comme la consommation de substances, l’implication dans des relations émotionnelles nocives…
- Les enfants qui subissent un traumatisme éprouvent de la détresse, parce qu’ils manquent de soutien et d’une protection physique et émotionnelle. Cela se traduit par une peur constante qui altère l’architecture du cerveau et qui demain peut laisser place à une dépression majeure.
Cette découvert permet d’améliorer les traitements
Dans un article de recherche de l’Université de Stanford et publié dans la revue Nature, il a été découvert que plus de 62 % des personnes souffrant de dépression majeure avaient subi un traumatisme dans leur enfance. Ainsi, ceux qui ont subi ces expériences ne répondent pas aux traitements tels que la sertraline (antidépresseur).
Maintenant que les traumatismes de l’enfance apparaissent sur les scanners cérébraux et que chaque cas peut être étudié individuellement, les méthodes d’approche peuvent être améliorées. En effet, il a été démontré que ces expériences ralentissent souvent la croissance de l’amygdale basolatérale et que cela se traduit par des comportements plus anxieux.
Par conséquent, un autre type de médicament en plus d’une thérapie psychologique spécifique serait plus adapté. À l’heure actuelle, il n’est pas courant de réaliser des IRM chez les patients ayant subi un traumatisme pendant l’enfance. Cependant, cela pourrait bientôt devenir une ressource essentielle pour décider de l’approche thérapeutique la plus appropriée.
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