Les personnes optimistes ont aussi besoin de pleurer
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Même les personnes les plus optimistes, les plus énergiques et les plus joyeuses savent ce que signifie vivre une dépression. Par ailleurs, celui/celle qui illumine les autres grâce à ses sourires, sa franchise et ses joies a besoin d’évacuer, de pleurer et de réparer ses blessures, ses traumatismes et ses abîmes intérieurs. Alors seulement nous pourrons continuer de maintenir notre résilience, notre optimisme rationnel, objectif et fort pour faire face à n’importe quelle difficulté.
Si nous disions que l’idée que nous nous faisons généralement des personnes optimistes est quelque peu biaisée, nous ne commettrions aucune erreur. Nous connaissons tou-te-s des personnes qui disposent de cette facilité à rendre simple ce qui est compliqué, il s’agit de profils qui encouragent, qui génèrent de l’espoir et facilitent le rapprochement, des ami-e-s ou des membres de la famille qui disposent toujours d’un “oui” pour nous, pour qui l’adversité ou la complexité de la vie ne semble pas exister.
Les personnes optimistes ont toujours un plan, les pessimistes des excuses.
Nous pensons de ces personnes qu’elles sont nées “sous une bonne étoile” et que toutes ces merveilleuses compétences sont innées. Cependant, la réalité est très différente, et tout aussi intéressante. Il existe deux types d’optimisme. Le premier a été dénommé “optimisme aveugle” par Martin Seligman, père de la psychologie positive. Cette approche, où la personne pense que tout se passera bien, donne lieu à un comportement peu responsable dans la mesure où il suffit de faire confiance au bon vouloir du destin.
D’autre part, le pôle opposé correspondrait à “l’optimisme rationnel”. Ici, l’individu est conscient que la positivité, en elle-même, n’apportera aucun changement. Être optimiste, c’est avant tout avoir une perspective, ne pas se décourager face à un échec ou des pensées négatives qui tendent à en émaner.
En outre, il est important de savoir que l’optimisme est un préjugé/attitude qui se construit. En effet, notre cerveau a naturellement tendance à diriger notre attention sur d’éventuelles menaces externes qui pourraient compromettre notre survie. L’optimisme, par conséquent, peut être entraîné et travaillé quotidiennement pour renforcer notre caractère, pour apprendre de nos échecs et savoir gérer nos émotions dans ces moments difficiles que nous devons tous affronter à un moment ou un autre.
Comment être optimiste lors de moments difficiles
Les personnes optimistes ne sont pas nécessairement naïves. Il est vrai que beaucoup d’entre elles pratiquent cette positivité vide, dans laquelle elles se confinent à respirer profondément et à confier, sans cesser à aucun moment d’être spectateur-trice-s de tout ce qui leur arrive ; cependant, de nombreuses autres personnes transposent cette positivité dans l’action. Nous le précisons car il est très commun d’avoir une idée erronée de ce qu’est et de ce qu’implique l’optimisme : dans la second cas, nous sommes confronté-e-s à une dimension psychologique d’une telle valeur qu’elle mérite les efforts que nous y consacrons.
L’Association Américaine de Psychologie a mené une enquête il y a quelques années afin d’évaluer l’impact de la crise sociale et économique actuelle sur la population en général. Cette étude a fourni des données aussi intéressantes qu’utiles. Il a été découvert que le groupe le plus affecté est celui des femmes. Ce sont également elles qui éprouvent le plus de symptômes psychologiques : stress, anxiété, maux de tête, fatigue, troubles de l’alimentation…
Dans un monde en crise, l’inégalité salariale et les possibilités d’emploi reposent avant tout sur le genre féminin, d’où la nécessité d’aborder ce problème dans de nombreux domaines.
L’Association Américaine de Psychologie voulait savoir, en second lieu, quelles stratégies ces femmes avaient mis en oeuvre pour faire face à une situation difficile, pour se placer progressivement dans une position de pertinence ou de pouvoir.
L’optimisme résilient
Lorsque ces femmes expliquèrent tous les mécanismes d’adaptation quotidiens qu’elles utilisaient, les psychologues étiquetèrent cet ensemble de dynamiques sous le terme “optimisme résilient”. Ce ne serait plus l’optimisme rationnel dont parlait Seligman à l’époque. En effet, il serait désormais nécessaire d’aller plus loin. Nous sommes à une époque où il est nécessaire d’intégrer de nouvelles stratégies psychologiques pour pouvoir nous nous maintenir à flot en ces temps difficiles. Ces nouvelles stratégies psychologiques seraient les suivantes :
- Rester fidèle aux idées sur lesquelles nous avons réfléchi et auxquelles nous croyons aujourd’hui.
- Accepter les émotions négatives : écouter leur message et gérer intelligemment l’énergie dont elles nous dotent.
- Comprendre que vivre, c’est passer par de nombreuses expériences dont beaucoup ne seront ni positives ni agréables.
- Les moments difficiles doivent être considérés comme des défis à partir desquels commencer, afin d’apprendre et continuer à avancer.
- Allier la ténacité à la résistance, la motivation au sens pratique, la créativité à l’opportunité.
- Par ailleurs, nous considérons que beaucoup d’entre nous vivent dans des environnements où le pessimisme demeure. Si nous voulons vraiment développer un optimisme résilient, il sera parfois nécessaire de changer d’environnement, de réduire l’impact que les personnes pessimistes ont sur nous, voire même de nous en éloigner…
Personnes optimistes, personnes courageuses
En analysant toutes ces données nous parvenons à plus d’une conclusion. La première est que tou-te-s les ami-e-s ou parents que nous considérons optimistes par nature ne le sont pas toujours. Peut-être ont-iels appris à l’être et à lutter quotidiennement pour maintenir cette perspective, cette approche vitale que nous aimons tant et que, parfois, nous tenons démesurément pour acquis.
D’un autre côté, il est nécessaire d’accepter que l’optimisme le plus logique, le plus résilient et le plus rationnel a également ses moments de faiblesse. En effet, de nombreuses personnes ont traversé une dépression pour s’être senties trop fortes, pensant que l’optimisme les protégerait d’une cape d’invulnérabilité, tel un véritable super-héros : capable d’atteindre tous les besoins et toutes les obligations. Alors qu’en réalité, même le/la plus courageux-se de tou-te-s a un point faible, sa kryptonite.
Par conséquent, essayons de disposer d’une vision plus utile du positivisme. Comprenons que l’optimiste ne garde ni ressentiment ni rancoeur, ne se détourne pas des défis qui se présentent et accepte l’existence de l’adversité ainsi que le fait qu’elle se doit d’être affrontée. Les personnes optimistes s’entourent de bon-ne-s ami-e-s, savent comment remercier et pardonner, et surtout font usage de cette attitude courageuse et résiliente : un kaléidoscope qui inspire confiance dans l’avenir vers lequel elles regardent.
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