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Les enfants ne divorcent pas

8 minutes
Les enfants ne divorcent pas
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Selon les données de l’état civil espagnol, 48 608 divorces furent prononcés en 2016. Le divorce fournit un cadre légal régulant les relations afin que tou-te-s les membres de la famille soient protégé-e-s, mais cela peut consister en l’une des expériences les plus problématiques de la vie de famille. Parfois, le processus est réalisé d’un commun accord, bien qu’il soit courant que l’une des deux parties fasse le premier pas. La famille suppose de tou-te-s des implications très profondes de protection, d’amour et de reconnaissance. Son naufrage fait place à la solitude, la peur, la douleur ou la rage.

La rupture du mariage ouvre la porte aux fantômes du passé. Cette crise reflète notre histoire personnelle et dévoile notre capacité à affronter le présent. Par conséquent, pour chaque question, chaque conjoint dispose d’une réponse. Ainsi, nous trouvons celleux qui mettent de côté la haine et le ressentiment, celleux qui effacent les bons moments ; celleux qui ne font pas face à la réalité et qui restent dans l’attente d’une réconciliation qui ne vient jamais ; celleux qui oublient en trouvant un autre conjoint ; ou de nombreux-ses et successif-ve-s partenaires… Comme nous pouvons le constater, la gamme des réactions est très large.

Mais si le mariage est réversible, la maternité et la paternité durent toute la vie. Pour élaborer un divorce, les adultes doivent assumer la dissolution du couple, mais non leur rôle de parents. Les enfants ne devraient pas être impliqués dans un climat de violence et de ressentiment. Les mineur-e-s ne devraient jamais devenir des instruments : faire office de balles pour blesser l’autre ou de messager-ère-s d’espoir pour une éventuelle réconciliation.

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Quand la guerre ne finit pas

Le divorce ne doit pas constituer un obstacle à l’exercice de la paternité ou de la maternité ni un processus qui nuit à l’intimité, à la confiance et à la sécurité dont l’enfant a besoin. Les enfants ne sont pas des membres du couple et n’appartiennent à aucun des parents. Par conséquent, ils ne devraient pas devenir un instrument au service de la vengeance, de la haine ou des disputes.

Les mineur-e-s sont dépendant-e-s de leurs parents et, bien qu’iels ne leur appartiennent pas, iels ont besoin de maintenir la relation avec les deux parents pour grandir sainement. Il est fréquent de voir comment l’une des parties prétend avoir un amour plus important et offrir davantage de soin, suggérant que l’affection de l’autre n’est pas nécessaire ou de volonté insuffisante. C’est l’une des erreurs les plus graves et les plus dommageables pour les mineur-e-s. Les enfants ont besoin de contact avec leurs deux parents pour disposer d’un développement affectif sain. Il s’agit d’un droit de l’enfant et d’un droit des parents de pouvoir profiter les un-e-s des autres.

Suite à un divorce conflictuel, il est fréquent que les parents entravent les relations mutuelles. Dans les cas les plus graves, l’un des deux parents se désengage vis à vis de l’enfant, voir même les deux le délaissent. Les hypothèses peuvent être très diverses, par exemple que le père et la mère abandonnent les enfants, qu’un seul des parents quitte les mineurs ou que le père et/ou la mère mêlent les enfants dans les conflits liés au divorce.

Les répercussions des conflits sur le couple, sur les enfants et sur les relations parentales dépendront de la manière dont ils sont gérés et de la place qui leur sera accordée. En outre, le coût émotionnel peut être intensifié eu égard à la façon dont nous essayons de les résoudre et la durée que cela nécessite. Lorsque les conflits sont gérés de manière inadéquate, générant de l’insatisfaction, de l’agressivité et de la tension pour les parties, cela produit généralement une plus grande détresse émotionnelle et une distanciation chez les membres de la famille.

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Conséquences de l’abandon

Un divorce implique un grand changement dans la dynamique familiale, surtout de la relation, mais ne devrait en aucun cas impliquer l’abandon des enfants. La souffrance du/de la mineur-e augmente si au divorce conflictuel vient s’ajouter l’absence, l’inconstance ou la disparition de l’un-e des membres de l’ex-couple. Assumer le fait qu’un des parents n’est pas présent est très difficile et devient une bataille encore plus douloureuse lorsque l’enfant comprend que ledit parent se trouve loin, qu’il ne respecte pas le régime de visite ou qu’il ne veut rien savoir de lui.

L’enfant qui a été abandonné est généralement attaché avec anxiété au parent qui le prend en charge. Il est fréquent qu’il essaie de contrôler la relation en tentant de monopoliser tout le temps dudit parent à travers des comportements très exigeants. Derrière tout cela se cache la peur de le perdre, un sentiment d’insécurité profondément enraciné. Le travail relatif à l’acceptation de la séparation du parent absent est très difficile. L’enfant doit se détacher intérieurement. Il est commun pour lui d’imaginer son retour et de réaliser des rêves à cet effet, idéalisant ainsi la relation et évitant le détachement.

Si les parents disparaissent, l’enfant peut avoir l’impression d’avoir été puni. Il peut se sentir obligé de réprimer toute manifestation d’hostilité et de colère, voire même de devenir extrêmement obéissant et soumis, retournant contre lui-même la violence. A l’inverse, il pourrait choisir une variante impulsive et adopter une posture agressive et combative.

La loyauté est un sentiment de solidarité et d’engagement qui unifie les besoins et les attentes de plusieurs personnes. Cela implique un lien, une dimension éthique et, dans le cas de la famille, une compréhension et une cohérence entre les membres. Génération après génération, des systèmes de valeurs ont été transmis entre parents. L’individu est intégré dans un réseau de loyautés multi-personnelles, où la confiance et le mérite sont importants.

Dans de nombreuses familles, de telles loyautés peuvent être dissimulées, c’est-à-dire que les attentes ne sont pas explicitement exprimées mais supposent une série de règles implicites que tous les membres de la famille sont censés remplir. Il s’agit d’une sorte de justice au sein même de la famille, une éthique des relations qui permet l’identification avec le groupe. Tout ceci implique que chaque membre de la famille doit adapter ses besoins individuels au réseau familial.

Lorsqu’une rupture conjugale ou de couple survient, et cela ne signifie pas la fin de la confrontation mais un nouveau cadre dans lequel prolonger le conflit, il facile que les enfants ressentent le besoin de s’assurer l’affection d’au moins un des parents. C’est ce que nous appelons un conflit de loyauté, les enfants font l’objet de pressions, généralement dissimulées, pour se rapprocher de l’un ou de l’autre et, s’ils ne prennent pas parti, se sentent isolés et déloyaux envers les deux parents. En revanche, s’ils décident de s’impliquer afin de trouver plus de protection, ils auront l’impression de trahir l’un des deux. Une dynamique familiale dans laquelle la loyauté à l’un des parents implique la déloyauté envers l’autre.

“Le meilleur héritage d’un père à ses enfants est un peu de son temps chaque jour.”

-Battista-

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La responsabilité du conflit

Il est essentiel de ne pas envoyer de messages à double sens aux enfants, c’est-à-dire de générer des situations communicatives dans lesquelles l’enfant peut percevoir des contradictions. Par exemple, dire à notre enfant que cela ne nous dérange pas qu’il allie avec son père, mais lui retirer notre tendresse. Ce type de message est à double tranchant, le langage verbal et non verbal envoie des messages contradictoires, de telle sorte qu’ils provoquent une forte dissonance chez le/la mineur-e. L’enfant perçoit qu’il ne fait pas les choses correctement, mais il ne comprend pas quoi, puisque c’est l’adulte lui-même qui provoque le conflit émotionnel. Ces types de dynamiques sont très dommageables pour la santé mentale des mineur-e-s.

Le succès ne consiste pas en ce qu’un couple dure pour la vie, si les deux personnes et la famille souffrent, si une relation est très destructrice, peut-être que le succès réside-t-il dans la séparation. Lorsque l’union est source de douleur, il est nécessaire de prendre des décisions, peut-être en envisageant un divorce ou en demandant l’aide d’un-e professionnel-le pour réaliser une thérapie familiale ou de couple. Cependant, une séparation ne signifie pas ignorer les responsabilités en tant que parents ou utiliser les enfants contre l’ex-conjoint. Le processus de divorce concerne deux adultes qui, en tant que tel, doivent agir de manière mature en essayant de gérer les conflits et les sentiments rencontrés sans inclure les enfants. Les enfants et les adolescent-e-s ont besoin du soutien et de la protection des adultes pour se sentir en sécurité et protégé-e-s. Il est de la responsabilité des parents de promouvoir une telle stabilité.

Dans l’hypothèse où le processus dépasse l’un-e des membres du couple, ou les deux, il est conseillé de demander une aide psychologique pour recevoir des directives à cet égard. Par exemple, comment réguler les émotions, gérer les conflits, prendre des décisions, gérer les responsabilités, rechercher du soutien, etc. En définitive, être capable de faire face à une nouvelle étape en surmontant et en fermant la précédente. C’est la façon dont nous gérons les conflits qui les rendent constructifs ou destructeurs, d’autant plus si des enfants se trouvent impliqués.

“Exiger des parents, pour les respecter, qu’ils soient dépourvus de défauts et qu’ils soient la perfection de l’humanité, est prétentieux et injuste.”

-Silvio Pellico-


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.