L'enfant doré, les parents avec un enfant préféré
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
L’enfant doré est l’enfant que les parents vénèrent comme une petite divinité. C’est le trophée de la famille, cette figure à laquelle on porte une plus grande attention et qui bénéficie de privilèges, discriminant le reste des frères et sœurs. Certains insistent sur le fait que ce favoritisme est un mythe mais, en réalité, il s’agit plus d’un tabou que d’un mythe. Un fait qui revient fréquemment et dont on préfère ne pas parler (ou qu’on refuse d’admettre).
Il y a des preuves que nous comprenons et défendons tous. Tout enfant qui vient au monde mérite deux choses : l’amour et la reconnaissance. L’affection pour les enfants doit être conditionnelle, mais le favoritisme enfreint ce principe et, à l’occasion, peut devenir un abus. Le frère ou la sœur qui se sent déplacé fait un effort indescriptible pour obtenir la reconnaissance de ses parents.
Petit à petit, cet enfant grandira et se développera avec une vision déformée d’elle-même. La vulnérabilité, la faible estime de soi et même la jalousie envers l’enfant doré seront des sentiments qui l’accompagneront pendant des années. Il est donc temps d’admettre que le traitement préférentiel dans la parentalité existe et que les effets psychologiques sont plus graves qu’on ne le pense.
L’enfant doré, une figure fréquente
Que ce soit admis ou non, une bonne partie des mères et des pères ont un enfant préféré. L’enfant doré habite de nombreuses dynamiques familiales. À tel point que la science démontre ce phénomène depuis des années. Une étude de l’Université de Californie fournit ainsi des données intéressantes sur l’éducation différentielle.
On sait qu’environ 74 % des mères et 70 % des pères font preuve d’un traitement préférentiel pour l’un de leurs enfants. Ce qui est frappant, c’est qu’eux-mêmes sont conscients de ce sentiment et ne peuvent s’empêcher de ressentir une certaine contradiction. Avoir une résonance particulière envers un seul de nos enfants est aussi un phénomène qui s’explique par divers facteurs.
Pourquoi avez-vous une plus grande préférence pour l’un des enfants ?
Ce que la science nous dit, ce n’est pas vraiment qu’un des enfants soit « plus aimé ». Ce qui se passe, c’est qu’il y a une plus grande affinité pour l’un des enfants, soit en raison de son caractère, soit de sa personnalité. Il se peut que sa façon d’être nous rappelle la nôtre. Il est également possible que cet enfant soit plus affectueux et docile que le reste de la fratrie.
Un autre facteur intéressant est relatif à l’ordre de naissance. Au fur et à mesure que les parents acquièrent de meilleures compétences parentales psycho-émotionnelles, ils sentent qu’ils s’en sortent beaucoup mieux avec leurs petits. Cette efficacité perçue peut les faire se sentir plus à l’écoute de l’un d’entre eux, faisant même de lui un enfant doré.
Il peut aussi y avoir des facteurs inconscients. Il y a des pères et des mères qui voient en certains de leurs enfants l’image d’eux-mêmes. Presque sans s’en rendre compte, ils commencent à projeter sur cet enfant des attentes et des espoirs frustrés de leur vie et qu’ils espèrent que leur enfant préféré réalisera.
Dans notre société, nous tenons pour acquis que les parents qui ont plus d’un enfant les aiment tous de la même manière. Cependant, le favoritisme est plus fréquent qu’on ne le pense et ces préférences laissent des séquelles dans le développement des enfants.
Les effets du favoritisme entre frères et sœurs
Même si les parents admettent rarement qu’ils ont un enfant préféré, les frères et sœurs peuvent vite l’identifier. L’enfant doré engloutit en effet toute attention, affection et déférence. Et, avouons-le, cette dynamique constante dans sa vie est vécue avec indignité et grande souffrance émotionnelle.
Cependant, il y a quelque chose dont nous devons également tenir compte. Le trophée ou l’enfant préféré subit également les effets de cette préférence dans sa vie et cette dalle invisible peut parfois laisser certains effets. Nous l’analysons.
Des enfants avec un amour de seconde classe
Il y a les enfants préférentiels et il y a ceux qui vivent dans le wagon de deuxième classe. Et ces préférences sont perçues très tôt. Les petits se rendent vite compte que l’enfant doré obtient toute la reconnaissance et la validation, alors qu’ils doivent travailler beaucoup plus dur pour parvenir à un « je suis fier de toi » ou « je t’aime ».
Cela les oblige à faire des efforts notables pour attirer l’attention des parents. Ils recherchent désespérément les signes d’amour que l’enfant préféré leur enlève. Cependant, avec le temps, ils peuvent assumer cette deuxième position et développer une image négative d’eux-mêmes.
Sans parler de la rivalité entre frères et sœurs, une graine que les parents eux-mêmes sèment étant donné le traitement différentiel et qui provoque cette distance persistante entre eux.
Le but de chaque enfant doré est d’être un exemple de réussite pour la famille et cela trace parfois une vie de pression, d’anxiété et de malheur.
L’enfant doré n’est pas toujours un enfant heureux
En effet, l’enfant doré est souvent un enfant malheureux et sous la pression de ses parents. On place souvent des attentes élevées sur lui. Cela implique souvent une pression silencieuse : celle qui lui dit qu’il doit être bon en tout, ne pas faire d’erreurs et réaliser ce que ses parents n’ont pas réalisé à leur époque.
Ces enfants trophées ont l’obligation d’être un exemple de réussite pour la famille et cela peut être très contre-productif. Si les frères/sœurs se sentent déplacés, le favori se sent tourmenté. L’hyperdemande familiale et la désaffection vis-à-vis des frères et sœurs peuvent les plonger dans des états précoces d’anxiété ou de dépression.
De même, d’autres facteurs peuvent apparaître, comme le besoin d’être plus mature, de grandir plus vite et de souffrir d’une peur irrationnelle de l’échec qui génère de la déception chez ses parents.
Alors, s’il est vrai qu’en tant que pères et mères nous pouvons (parfois) avoir une certaine inclination envers l’un de nos enfants, veillons à ce que cette harmonie ne soit pas discriminatoire vis-à-vis des autres enfants ou qu’il n’y ait pas une pression dysfonctionnelle envers l’enfant doré.
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