L'effet boomerang du bonheur : qu'est-ce que c'est ?

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Dernière mise à jour : 13 mars, 2023

Peu d’expériences sont aussi frustrantes que de rechercher le bonheur. Certains diront qu’il s’agit là du résultat de cette culture d’entraide qui nous persuade que notre mission dans la vie n’est autre que de trouver un maximum de bien-être, une joie constante et un sourire indélébile. Cependant, n’est-ce pas ce que les êtres humains ont toujours visé? Rechercher le plaisir et éviter la douleur ?

Nous sommes neurologiquement programmés pour cela. Cependant, dans cette tentative, il est courant de tomber plus d’une fois, de marcher sur des peaux de banane et de trébucher sur les mêmes pierres qui nous font souffrir. Il est possible que la recherche du bonheur soit un piège, un cercle vicieux dans lequel plus on travaille à cette fin, plus il nous échappe.

Le problème est que, parfois, lorsque nous nous impliquons dans des activités, des relations ou des expériences censées apporter du bien-être, nous nous sentons soudainement frustrés, honteux ou mal à l’aise. On regarde autour de nous et on se dit que “mais, qu’est-ce que je fais ici ?”. Cette expérience a un nom et mérite d’être approfondie.

Le bien-être et le bonheur sont des entités très complexes qui ne suivent aucune norme, peu importe nos efforts.

L’effet boomerang du bonheur

Vous préparez une fête d’anniversaire pour l’un de vos enfants avec tout l’enthousiasme du monde et, le jour venu, vous ressentez une immense tristesse. Tristesse pour les enfants qui grandissent trop vite. Vous organisez la journée pour aider vos parents à déménager et, à votre arrivée, ils insistent pour que vous partiez. Que vous n’aviez pas à vous déplacer parce qu’ils pouvaient le faire eux-mêmes.

Il existe de nombreuses situations quotidiennes qui devraient nous procurer du bien-être et, néanmoins, elles nous apportent de la déception. L’effet boomerang du bonheur définit ces réalités dans lesquelles on se jette en espérant connaître l’épanouissement, alors que la vie est amène frustration, découragement et même malheur. Nous pourrions donner mille exemples de ces expériences, car nous les avons tous vécues.

Nous le savons, la science insiste sur le fait que les pratiques de gratitude, ainsi que celles d’aider les autres, font revenir le bonheur. Des travaux comme ceux menés à l’Université Adolfo Ibáñez, au Chili, mettent en évidence ce lien avec la qualité de vie. Cependant, à l’heure actuelle, les experts insistent sur un détail. Les pratiques que nous qualifions de positives ne nous apportent pas toujours le bonheur.

Parfois, des pratiques telles que la gratitude ou l’aide aux autres peuvent nous apporter des situations inattendues qui apportent déception ou confusion. Mais ce n’est pas pour cela que nous devrions renoncer à ces tâches.

Quand le positif devient désagréable

Sonja Lyubomirsky, professeur à l’Université de Californie à Riverside et l’une des plus grandes références dans le domaine de la psychologie positive, se pencha sur le concept de l’effet boomerang du bonheur. Elle nous fait remarquer que la plupart d’entre nous ont un concept et une idée très standardisés de ce que sont les activités positives.

Partager du temps avec des amis, exprimer sa gratitude, aider quelqu’un, profiter du temps libre ou même tomber amoureux sont des situations qui maximisent le bien-être et nous apportent le bonheur. De plus, s’il y a quelque chose que nous essayons en tant qu’êtres humains, c’est de promouvoir des situations et des activités positives dans notre quotidien.

Maintenant, il y a un fait inhérent que nous ne prenons presque jamais en compte. Les gens n’ont pas le contrôle sur chaque réalité et événement. Il y a en effet toujours cette variable chaotique qui peut nous revenir à un moment donné juste à l’opposé de ce que nous attendions.

C’est comme lancer un boomerang. Il est évident que dans 99% des cas il reviendra. Mais parfois, une brise ou un vent traître peut détourner son chemin et il finit par nous heurter… Ce que nous qualifions d’expériences positives ne le sont parfois pas tellement.

Le bonheur n’est pas une règle de trois

Nous avons tous subi l’effet boomerang dans notre propre chair à maintes reprises. Certaines personnes font de leur mieux pour obtenir un emploi et lorsqu’elles l’obtiennent, elles trouvent un environnement et des conditions de travail oppressifs. Il y a ceux qui font tout leur possible pour rendre certaines personnes heureuses parce qu’elles les aiment, mais elles leur rendent uniquement égoïsme et malheur.

Tôt ou tard, nous apprenons que le bonheur n’est pas une recette, une règle empirique ou un mode d’emploi. Ce qui fonctionne pour certains n’apporte que de la misère émotionnelle et de la perplexité à d’autres. Ce qui semble dévastateur pour certains, d’autres le trouvent excitant. Et parfois le destin joue aux dés avec nous et renverse notre château de cartes du bonheur.

L’être humain doit accepter l’incertitude et ce quota de chaos qui peut tout changer. Cependant, malgré la variable inconfortable de l’incertitude, nous ne pouvons pas renoncer à cette aspiration. Celui d’atteindre la plénitude et le bien-être.

Vis, prends soin de toi le bonheur t’embrassera

Viktor Frankl disait à juste titre que le bonheur est comme un papillon. Plus nous le cherchons, plus il nous échappe. Pourtant, parfois, il suffit de rester immobile pour qu’il se pose sur nous. C’est la clé. Aussi, comprenez que nous ne pouvons pas abandonner face à chaque déception, échec ou coup du sort.

L’effet boomerang du bonheur nous dit que ces effets contre-productifs nous permettent de mieux ajuster nos attentes pour rechercher le bien-être aux endroits appropriés. Il ne s’agit pas d’abandonner, il s’agit simplement de savoir comment mieux sélectionner les activités, les relations et les modes de vie dans lesquels nous devrions ou non nous impliquer.

Après tout, le bonheur authentique n’est rien d’autre qu’un bien-être psychologique, c’est être bien avec soi-même et avec ce qui nous entoure. Dans ce processus, il faut travailler sur de nombreux aspects, accepter les erreurs, assumer les chutes et les déceptions. Personne n’aime se jeter au hasard vers certaines expériences, il faut réfléchir, méditer et bien choisir ce que l’on fait et qui on a dans nos vie.

Enfin et surtout, acceptons l’imprévisibilité de la vie et que nous ne pouvons pas contrôler tout ce qui nous entoure. L’existence est complexe, presque aussi complexe que l’être humain. Acceptons donc cette composante chaotique.

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