Le traumatisme ancestral réduit au silence

Le traumatisme ancestral réduit au silence fait référence à des expériences très douloureuses ou sinistres vécues par une personne qui n'en parle pas. Ce traumatisme se transmettrait de génération en génération de manière inconsciente.
Le traumatisme ancestral réduit au silence
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 29 janvier, 2021

Le concept de traumatisme ancestral réduit au silence a commencé à prendre de l’importance il y a à peine quelques décennies. Si les courants, comme la psychanalyse, avaient déjà remarqué le rôle que pouvait jouer la répression dans l’histoire de la famille, c’est l’intérêt des neurosciences qui a montré toute l’importance de ce concept.

Chaque personne naît avec une empreinte phylogénétique. Une empreinte qui peut conditionner, au-delà de la maladie, nos vies de manière importante.

On croyait auparavant que l’information génétique était immuable : notre chance ou notre destin. Nous sommes nés avec, point final. Aujourd’hui, on sait que les gènes sont activés ou influencés par l’expérience, nos états et nos comportements, comme le stress ou l’exposition à la pollution.

Les abus, le stress post-traumatique et les expériences similaires agissent également comme des inhibiteurs ou des déclencheurs de la manifestation d’une grande partie de notre information génétique.

Le traumatisme ancestral réduit au silence fait partie de ces réalités qui pèsent lourdement sur le comportement de quelqu’un. Elles vous rendent, par exemple, particulièrement sensible à la frustration.

“Il est donc légitime pour nous de supposer qu’aucune génération n’est capable de cacher ses processus mentaux les plus substantiels à celle qui suit.”

-Sigmund Freud-

Les symptômes d'un traumatisme ancestral.

La transmission transgénérationnelle

On retrouve les antécédents du concept de traumatisme ancestral réduit au silence dans le travail de Sigmund Freud. Ce dernier a été à l’origine de certaines d’idées avec lesquelles nous travaillons aujourd’hui, sans les avoir développées en profondeur.

Nicolas Abraham, Mária Török, Françoise Dolto, Anne Ancellin Shützenberger et Didier Dumas ont analysé différents cas de délires chez les enfants. Ces derniers présentaient des éléments également présents chez leurs parents et grands-parents.

Ils ont ensuite donné forme à l’idée qu’il y avait un “inconscient de clan”, et que certains enfants étaient “les représentants d’une charge émotionnelle extraterrestre”. Depuis, l’idée d'”héritage transgénérationnel” a commencé à être incorporée.

Cette idée suggère que les contenus inconscients et, en particulier, les conflits étouffés, sont transmis afin que les générations futures puissent les résoudre. Ces conflits apparaissent donc chez les descendants, sous la forme d’un symptôme.

Le traumatisme ancestral réduit au silence

Le traumatisme ancestral réduit au silence renvoie à une condition dans laquelle les expériences du noyau familial ne peuvent pas être traitées par la personne qui les vit. Par conséquences, elles sont transmises inconsciemment aux générations suivantes (transmission transgénérationnelle).

Quiconque reçoit ce fardeau, sans le savoir, le vit comme un vide ou une incapacité à s’adapter et à vivre en paix. Les fardeaux ancestraux ont à voir avec des événements traumatisants qui provoquent horreur, honte, souffrance excessive et répression.

Pour diverses raisons, la personne concernée ne peut pas en parler et, par conséquent, le contenu n’est pas élaboré. Au lieu de cela, il est crypté et il devient un sujet tabou.

Pour la génération suivante, l’événement ou tout ce qui a à voir avec ce dernier devient “innommable”. Les membres de cette deuxième génération sentent qu’un fardeau existe, mais elles n’en connaissent pas le contenu. Le contenu étant inconscient, c’est un héritage qui a été reçu, mais qui n’a pas été accepté.

Pour la troisième génération, “l’innommable” devient “impensable”. On sait que “quelque chose” existe, mais cela est perçu comme totalement inaccessible à la conscience. Il n’y a aucune possibilité de lui donner une représentation verbale ou symbolique. Que se passe-t-il alors ?

Les effets de ce qui est non partagé

Comme on peut le voir, le traumatisme ancestral réduit au silence atteint les deux générations suivantes. Quand on arrive à la troisième, au registre de “l’impensable”, ce qui a été refoulé est devenue une souffrance sourde qui induit un malaise radical.

Ce qui se passe alors, c’est que le dépositaire de ce “secret” innommable et impensable est obligé d’échapper ou d’éviter tous ces mots ou idées qui se réfèrent à l’événement originel, celui qui a causé le traumatisme. Mais le fardeau le pousse à rompre le silence.

À ce moment-là, il construit un discours incongru, car c’est la seule manière possible de se référer au sujet. Ce dont on ne peut parler, mais qui est là et pèse, se manifeste comme un contenu désorganisé. Parfois, cela se transforme en psychose ou en une maladie grave.

Vivre avec un traumatisme ancestral.

Traumatisme ancestral et répétition

Le traumatisme ancestral réduit au silence n’a pas été totalement silencieux. Tout ce qui est refoulé refait surface, mais pas de manière organisée. De manière générale, il est revécu à travers des actes qui ne s’accompagnent pas de mots. Cette répétition prend cinq formes :

  • Répétition pure. Les événements se répètent de la même manière. Par exemple : mon grand-père a été emprisonné sans savoir pourquoi ; je commets des crimes.
  • Répétition par interprétation. La personne répète en fonction de son interprétation de l’événement. Par exemple : ma grand-mère s’est cognée la tête ; je souffre de migraines.
  • Répetition par identification. La manifestation d’une condition est répétée. Par exemple : mon grand-père était alcoolique, mon père avait des problèmes de foie et j’ai une hépatite.
  • Répétition par opposition. La personne vit le contraire de ce qui s’est passé. Par exemple : ma grand-mère a été victime de viol ; je n’ai de relations sexuelles avec personne.
  • Répétition pour compensation. Il y a tentative de réparer l’événement refoulé. Par exemple : mon grand-père est mort dans des circonstances étranges aux mains de criminels ; je suis policier.

Aujourd’hui, nous en savons encore très peu sur la transmission transgénérationnelle et les traumatismes ancestraux. Les spéculations continuent de fusionner dans certains domaines avec les connaissances que nous avons réellement.

C’est un terrain relativement nouveau et encore inexploré. Chacun peut explorer l’histoire de sa famille et y trouver des éléments précieux pour comprendre une bonne partie de sa façon d’agir.


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  • NICOLÒ, A. M. (2007). La familia y sus ancestros. Rev. Int. de Psicoanálisis de Pareja y Familia, (1), 3-8.


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