Le ton hédonique et sa relation avec la santé mentale
Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz
Les troubles psychologiques sont multifactoriels. En d’autres termes, des variables d’ordre biologique, mental et comportemental interviennent dans leur genèse et leur maintien. Cependant, certains éléments sous-tendent plusieurs d’entre eux et nous aident à mieux comprendre ce qui arrive à ceux qui en souffrent. C’est ce qui se passe avec le ton hédonique. Il semble en effet lier des troubles aussi disparates en apparence que la dépression, le TDAH et les addictions.
C’est un concept qui peut particulièrement plaire à ceux qui ont le sentiment que rien ne les intéresse, ne les motive ou ne les fait se sentir récompensés. Même s’ils s’impliquent dans des situations de plus en plus risquées, il semble que tout autour d’eux ait perdu la capacité à les intéresser. Même s’il n’en fut pas toujours ainsi, ou pas au même degré. Mais, progressivement, tout ce dont on jouissait auparavant cessa de produire cet effet.
Si vous pensez que c’est quelque chose qui vous arrive, continuez à lire pour identifier ses causes possibles.
Qu’est-ce que le ton hédonique ?
Généralement, le terme ton hédonique s’utilise comme synonyme de valence pour définir le degré auquel nous aimons ou n’aimons pas un stimulus. Ainsi, un ton hédonique positif est associé à ce qui génère du plaisir et de la récompense. Le négatif a quant à lui un lien avec ce qui cause le mécontentement et le mal-être.
Par exemple, des émotions comme la joie, la satisfaction ou le soulagement appartiendraient au premier groupe. D’autres comme la colère, la tristesse ou la peur, seraient classées dans le second.
Cependant, dans ce contexte, nous nous intéressons au concept de ton hédonique en lien avec l’excitation ou au degré auquel une personne se sent excitée, intéressée ou activée par un stimulus. Dans ce cas, le positif et le négatif ne se définissent pas eux-mêmes puisqu’ils dépendent de l’état de la personne.
Selon la théorie de l’investissement d’Apter, il y a deux états dans lesquels nous nous trouverions en ce qui concerne la motivation. L’état télique, en lien avec des objectifs imposés et corrélé à une préférence pour une faible excitation. Ainsi, dans ce cas, la forte excitation produit de l’anxiété.
D’autre part, l’état paratélique est lié aux objectifs choisis et à une préférence pour la haute intensité. De cette façon, à ce stade, il s’agit d’une excitation qui provoque une gêne, puisqu’elle conduit à l’ennui, tandis que le high est perçu comme agréable.
De ce point de vue, les situations que l’on éviterait a priori (parce qu’elles génèrent de la peur, de l’angoisse ou un risque) deviennent appétissantes, puisqu’elles procurent cette activation avec laquelle on cherche à éviter l’ennui et le désintérêt. Nous pouvons tous y recourir. Par exemple, lorsque nous regardons un film d’horreur ou que nous montons dans des montagnes russes. Le problème se pose si nous avons toujours besoin de plus.
Le ton hédonique et la santé mentale
La situation précédente se produit lorsque la personne a un faible ton hédonique. C’est-à-dire qu’elle présente une sensibilité réduite à la récompense. En d’autres termes, son seuil pour atteindre l’excitation désirée et agréable est plus élevé. Il nécessite donc une plus grande quantité de stimuli positifs pour se sentir bien, intéressé et motivé.
C’est quelque chose de très typique du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, qui amène ces personnes à s’impliquer dans des activités plus extrêmes et intenses ou apparemment dangereuses ou irresponsables. Il est aussi très présent dans la dépression. Dans ce cas, l’un des principaux symptômes est l’anhédonie ou la difficulté à ressentir du plaisir. L’intérêt de la personne à s’impliquer dans l’effort diminue alors que l’apathie et la passivité augmentent.
Certaines études explorèrent la relation entre ces deux troubles. Elles constatent que le ton hédonique est l’élément qui sous-tend les deux conditions. En fait, il semble qu’une grande proportion de patients souffrant de dépression qui ne répondent pas au traitement présentent un TDAH non détecté et non diagnostiqué.
De plus, les deux troubles sont liés à un risque accru de consommation de substances. Il s’agit en effet d’un moyen d’obtenir cette stimulation intense qui manque, qui ne s’obtient pas par d’autres moyens et dont l’absence cause tant d’inconfort. Paradoxalement, le cerveau s’habitue à la substance et il perd sa capacité stimulante et gratifiante. Il en faut donc de plus en plus.
recommandations finales
Certaines recherches montrent qu’un faible ton hédonique est lié au dysfonctionnement de certains circuits cérébraux impliqués dans le traitement des récompenses. Et cette altération est présente à la fois dans le TDAH et dans la dépression et la toxicomanie, ce qui explique pourquoi ces trois conditions apparaissent si fréquemment ensemble.
Cependant, cela ne signifie pas que rien ne peut être fait à ce sujet. Considérer le faible ton hédonique dans le traitement de ces affections est un bon point de départ. en effet, s’il est ignoré, l’intervention ne sera ni complète ni efficace. De plus, dans le cas de la dépression, non seulement les problèmes affectifs doivent être traités, mais aussi un éventuel TDAH non détecté.
Enfin, il est important que la personne cesse de s’engager dans des comportements de plus en plus à risque ou dans une consommation croissante de substances, pour stopper l’escalade qui l’empêche de ressentir normalement du plaisir et de la satisfaction. Dans tous les cas, il est crucial de s’adresser à un spécialiste qui pourra effectuer une évaluation en temps opportun et proposer les lignes directrices appropriées à suivre.
Cela pourrait vous intéresser …
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Apter, M. J. (1982). The experience of motivation: The theory of psychological reversals. Academic Press.
- Sternat, T., Fotinos, K., Fine, A., Epstein, I., & Katzman, M. A. (2018). Low hedonic tone and attention-deficit hyperactivity disorder: risk factors for treatment resistance in depressed adults. Neuropsychiatric disease and treatment, 14, 2379–2387. https://doi.org/10.2147/NDT.S170645
- Sternat, T., & Katzman, M. A. (2016). Neurobiology of hedonic tone: the relationship between treatment-resistant depression, attention-deficit hyperactivity disorder, and substance abuse. Neuropsychiatric disease and treatment, 2149-2164.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.