Le syndrome d'abstinence émotionnelle : la douleur après une rupture affective
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Le syndrome d’abstinence émotionnelle surgit après une rupture de couple. Se défaire d’un tel lien affectif n’est pas une tâche aisée. Qui plus est, la souffrance psychologique ressentie est habituellement dévastatrice pour notre cerveau. Ce processus ressemble au syndrome d’abstinence dont souffrent les drogués, une sorte de chaos neurochimique très difficile à surmonter.
Qui connaît personnellement les effets de cette expérience ? Les adolescents, quand ils vivent une rupture pour la première fois. Quand ils font l’expérience de la douleur de la distance ou de la déception d’un rejet. Les adultes, car notre équilibre vital ne sert finalement plus à rien quand l’amour arrive à expiration, quand l’infidélité vient nous jouer un sale tour ou quand nous nous rendons simplement compte qu’il est nécessaire de mettre fin à une relation sans futur ou trop douloureuse.
“Quand je laisse partir ce que je suis, je deviens ce que je pourrais être. Quand je laisse partir ce que j’ai, je reçois ce dont j’ai besoin.”
-Lao Tseu-
Laisser partir quand on aime encore fait du mal. S’habituer à l’absence, assumer la fin définitive et l’obligation de reconstruire notre vie sans cette personne est une chose pour laquelle nous ne sommes pas préparés. Cependant, nous le faisons, et le fait d’y parvenir nous confère des forces internes et des ressources psychologiques adéquates.
Malgré tout, l’authentique problème apparaît quand quelqu’un, au lieu de tourner la page, tombe dans le cercle de l’obsession, dans un cercle vicieux de nouvelles opportunités, dans le besoin de contacter la personne, de mendier pour des attentions, de réclamer un amour impossible ou terminé. Nous parlons d’un profil caractérisé par la dépendance affective. Le syndrome d’abstinence émotionnelle plonge alors cette personne dans un état de vulnérabilité absolue et de souffrance extrême.
Le syndrome d’abstinence émotionnelle ou l’impossibilité de dire au revoir
Charles a 30 ans et cela fait six mois qu’il a rompu avec sa compagne. Il a connu Pauline au lycée, à 16 ans. Ils ont étudié ensemble à l’université et, plus tard, ils ont ouvert un petit commerce ensemble. Les dernières années n’ont pas été faciles : les dettes, une entreprise qui n’a jamais fonctionné et le découragement de Pauline pour ce projet qui n’avançait pas ont fini par affecter leur relation.
Même si Charles insistait pour continuer à aller de l’avant, Pauline a fini par rompre après une conversation où elle lui a clairement et sincèrement expliqué que non, il n’y aurait plus d’autres opportunités. Leur relation s’achevait ici. Malgré tout, et en dépit de ses explications, Charles continue d’essayer de la contacter. Il regarde quotidiennement ses pages sur les réseaux sociaux pour savoir ce qu’elle fait et cherche des façons de coïncider avec elle.
Notre protagoniste n’est pas seulement obsédé par l’idée de reprendre cette relation. Il est désormais incapable de travailler ou d’entreprendre n’importe quelle activité. Son syndrome d’abstinence émotionnelle est si intense qu’il est devenu l’ombre de lui-même, une personne dépendante plongée dans un cercle anxieux et dépressif.
Voyons maintenant quelles sont les caractéristiques associées à ce type de profil.
Les 5 caractéristiques du syndrome d’abstinence émotionnelle
S’il faut bien avoir une chose à l’esprit, c’est que quand une relation affective prend fin, en général, nous pouvons tous souffrir de ce syndrome d’abstinence émotionnelle. Cependant, celui-ci ne constitue qu’une partie du deuil, une étape qui doit nous motiver à mettre en place des stratégies d’affrontement intelligentes et utiles. Une série de ressources qui nous permettront de simplifier notre chemin pour surmonter cette rupture avec maturité.
- Malgré tout, cette condition psychologique marquée par la stagnation et la souffrance persistante est commune chez les personnes qui ont une faible auto-estime et qui se caractérisent par une haute dépendance émotionnelle au niveau du couple.
- Un autre aspect caractéristique du syndrome d’abstinence émotionnelle est l’absence de conviction à propos de la fin de la relation. Un clair refus se dégage.
- Le comportement anxieux et obsessif est une autre clé. Ces personnes sont incapables de respecter le “zéro contact”, elles trouveront toujours une excuse pour chercher, contacter, appeler…
- Par ailleurs, et c’est un fait non négligeable, les personnes dépendantes sont incapables de tolérer la douleur émotionnelle. Elles manquent d’outils pour la gérer, se sentent paralysées et, face à la souffrance, réagissent en cherchant davantage d’opportunités.
- Enfin, nous ne pouvons pas non plus oublier toute cette complexe symptomatologie, intense et usante, qui affecte clairement la santé de la personne: insomnie, perte de l’appétit, problèmes de concentration, désintérêt pour la vie, découragement…
Comment affronter le syndrome d’abstinence émotionnelle ?
Charles, le personnage de notre exemple, possède tous les traits psychologiques et comportementaux du syndrome d’abstinence émotionnelle. Dans son cas, il a surtout besoin de l’aide d’un professionnel et d’une thérapie psychologique adéquate. Personne ne mérite de vivre dans un tel état de vulnérabilité, personne ne doit cesser de s’aimer au point de rester suspendu dans une existence dépourvue de sens et dans un état de souffrance émotionnelle si destructrice.
Par ailleurs, que nous soyons arrivés à cet extrême ou que nous soyons en train d’affronter une rupture affective, il serait bon de réfléchir aux stratégies suivantes. À ces clés élémentaires qu’il faut garder à l’esprit.
- Souffrir du syndrome d’abstinence émotionnelle -avec une intensité et une durée limitées- est normal. Cependant, il est nécessaire d’assumer que c’est une chose transitoire, un état qui doit passer pour déboucher sur un état plus équilibré, centré et fort.
- Nous accepterons les émotions négatives comme la tristesse, la désolation, le doute. Ce sont des états qui, tôt ou tard, se dissiperont pour favoriser l’acceptation et la capacité à surmonter cette épreuve.
- Le contact “zéro” est un point basique dans ces cas. Il est essentiel de ne pas garder notre ex-compagnon/compagne dans nos contacts ou sur nos réseaux sociaux. C’est le premier pas pour déconnecter de sa vie et pour éviter de tomber dans des dynamiques perverses.
- Effectuer des changements dans notre vie est gratifiant. Des choses aussi simples que se faire des nouveaux amis ou chercher d’autres hobbies nous seront d’une grande aide pour “libérer notre esprit”, pour rompre le cycle de l’obsession.
Tout au long de ce processus, nous ne mettrons pas de côté des aspects aussi précieux que notre auto-estime, notre dignité, nos valeurs ou nos objectifs vitaux. Une rupture affective ne doit jamais être vue comme la fin du monde mais plutôt comme la fin d’une étape et le début obligé de quelque chose qui nous apportera surement de bonnes surprises ainsi qu’une plus belle version de nous-mêmes. Une version plus forte.
“L’amour ne réclame pas de possessions. Il offre la liberté.”
-Rabindranath Tagore-
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