Le sens du moi et la dépression : en quoi sont-ils liés ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Le sens du moi et la dépression entretiennent une relation très étroite. Dans de telles conditions psychologiques, l’image que nous avons de nous-mêmes est déformée. Cela donne ainsi lieu à une faible estime de soi. En outre, l’esprit ne cesse de consacrer du temps et de l’énergie dans l’image de soi, en l’affaiblissant davantage à travers la préoccupation constante et le dialogue intérieur négatif.
Peu de réalités cliniques peuvent devenir aussi complexes que les dépressions. Il existe autant de manières d’en souffrir que de patients. C’est une dimension multifactorielle, adverse et polyvalente. Cela ne fait aucun doute. Il existe néanmoins des facteurs communs qui apparaissent dans la majeure partie des cas cliniques qui pointent tous vers un ennemi largement connu. Celui où nos pensées et le comportement de notre esprit rendent cette présence plus grande et plus résistante.
Ainsi, un travail publié récemment indique que le sens du moi est un composant clé dans ce type de troubles psychologiques. C’est le cas jusqu’au point où la manière dont nous nous percevons, nous nous parlons et nous nous traitons, modifie notre architecture cérébrale.
Grâce à un IRM (imagerie à résonance magnétique), on a pu observer que les personnes ayant une faible estime d’elles-mêmes démontrent un moindre degré de matière grise dans diverses zones du cerveau. En outre, si on n’améliore pas cet aspect de notre personnalité, si on ne travaille cette force psychologique, la dépression peut devenir plus résistante et durer des années. Découvrons-en davantage à ce sujet ci-après.
Le sens du moi et la dépression : la construction de la prison de la souffrance
Lorsqu’une personne est déprimée, elle ne vit pas la même chose que son entourage. En effet, la dépression est, par-dessus tout, une isolation. C’est la déconnexion de l’entourage et à la fois, un retrait progressif vers cet univers interne où on finit prisonnier d’un corps qui fait mal et d’un esprit qui ne se repose jamais.
Ceci est sans aucun doute un premier aspect que nous devons prendre en compte : l’hyperactivité que mettent en évidence certaines zones de notre cerveau et, notamment celles qui sont liées à notre conscience de nous, notre réflexion et notre estime de nous-mêmes. Le sens du moi et la dépression sont intimement liées. En effet, la pensée ne cesse de porter atteinte à notre identité. Elle nous affaiblit avec des critiques, des souvenirs d’hier, des erreurs, des pertes subies et une ample gamme de boycotts.
Le stress comme antichambre de la dépression et du dialogue interne négatif
L’université de Calgary au Canada a récemment mené une étude, dirigée par le docteur Dencel Kopala. Les chercheurs ont donc mis en évidence dans ce travail la grande érosion qu’entraîne le dialogue interne négatif lorsqu’on définit une dépression. Il est ainsi important de savoir que cette usure du sens du moi surgit surtout lorsque nous traversons des périodes de stress intense.
Si nous ne nous occupons pas de ces tensions et problèmes, l’esprit s’habitue à alimenter un modèle constant de négativité. À partir de là, il nous est de plus en plus dur de maintenir une bonne estime de nous-mêmes, l’optimisme ou l’espérance. Presque sans que nous nous en rendions compte, notre “moi” se sera complètement affaibli. Ce qui est encore plus frappant, c’est que plusieurs zones du cerveau seront également touchées.
La faible estime de soi et sa relation avec la matière grise
Le docteur Johannes Klakl, de l’université de Salzbourg en Autriche, a réalisé une étude intéressante en 2014 où il a démontré un fait intéressant. En effet, les personnes présentant une faible estime d’elles-mêmes ont montré un niveau de matière grise moindre. Ce fait rendait ainsi les patients plus vulnérables au moment de dériver vers des troubles dépressifs.
Il existait une difficulté évidente pour gérer les émotions, pour planifier et prendre des décisions plus fermes et créatives au moment de sortir desdits états de souffrance.
L’importance du dialogue interne
Le sens du moi et la dépression se rétroalimentent mutuellement. Ce phénomène est tel qu’une faible estime de soi et une situation de stress peuvent dériver vers ce trouble psychologique. Mais à son tour, la dépression elle-même nous mènera aussi à boycotter encore plus la figure de ce “moi” tristement fragmentée.
Par ailleurs, dans tout type de thérapie, il existe un aspect qui est toujours clair : la manière dont nous nous racontons est importante pour la récupération. Autrement dit, la manière dont nous nous parlons, nous décrivons et nous percevons renforce ou affaiblit notre santé psychologique.
Le sens du moi mérite dignité et valeur. Il est ainsi essentiel que nous veillions à ces aspects pour le renforcer et éviter que cela ne dérive vers une dépression.
Une connexion saine (et émouvante) avec notre entourage
Ouvrez-vous à l’extérieur et connectez-vous avec le moment présent. L’idée est de cesser d’être prisonnier de cet esprit qui alimente encore et encore les mêmes modèles de pensée. Une manière de le faire consiste à nous connecter avec ce qui nous entoure, avec de nouveaux stimuli, avec d’autres sensations et expériences qui apportent de la nouveauté, des émotions et de la curiosité à un cerveau trop focalisé sur l’angoisse.
L’hygiène d’un dialogue interne compassif et non destructif
Le sens du moi et la dépression sont liés. En effet, la manière dont nous nous parlons affaiblit notre estime de nous-même. À partir de là, l’abîme de ce trou noir s’ouvre. Nous devons ainsi apprendre à nous parler de manière respectueuse. Le dialogue interne doit toujours être impeccable, compassif et résilient.
Si nous ne nous traitons pas nous-mêmes comme nous le méritons, personne ne le fera. L’amour propre et une estime de soi saine sont sans aucun doute les meilleures défenses pour prévenir la plupart des troubles de l’humeur. Travaillons sur cela et n’hésitons jamais à solliciter l’aide d’un professionnel quand nous en avons besoin !
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