Le cercle d'Eranos : l'importance du symbolique et le sens de l'existence
Rédigé et vérifié par Psychologue Francisco Roballo
Parmi les organisations qui ont marqué la psychologie et la philosophie, il ne faut pas oublier le Cercle d’Eranos. Tout comme le Cercle de Vienne, il s’agissait d’un mouvement interdisciplinaire orienté vers la recherche de nouveaux horizons. Cependant, le Cercle d’Eranos se distinguait de celui de Vienne par son intérêt pour les courants orientaux.
Cette organisation a vu le jour au début des années 1930. Il s’agissait alors d’une période difficile caractérisée par la confrontation entre les extrémismes idéologiques et culturels.
Le Cercle d’Eranos se composait d’une variété de scientifiques et de philosophes qui avaient en commun le désir de trouver les liens mystérieux entre la pensée orientale et occidentale. Ils avaient l’habitude de se rencontrer à Ascona en Suisse au bord du lac Majeur.
Le Cercle d’Eranos signifie en grec “le repas commun”. Il était composé de trois piliers principaux : Rudolf Otto, Olga Fröbe-Kapteyn et Carl Gustav Jung. À partir de 1933, ils ont donc commencé à se réunir et à tenir des conférences annuelles.
Certaines de ces conférences duraient 8 jours et elles ont parfois fait l’objet de textes et d’ouvrages publiés par la suite. Parmi leurs objectifs figuraient entre autres la recherche de sens, la compatibilité entre les oppositions, mais aussi l’intégration par le biais du symbole.
“Aucune science ne peut remplacer le mythe.”
– Carl G. Jung –
Les différentes étapes et les phases du cercle d’Eranos
Le Cercle d’Eranos a été fondé en 1933. On distingue trois étapes en fonction de la teneur des travaux.
La première étape commence en 1933 et s’achève en 1946. Elle est caractérisée par la mythologie comparative. Ensuite, la deuxième étape, entre 1947 et 1971, fait une large place à l’anthropologie culturelle. Enfin, la troisième étape, qui se déroule entre 1972 et 1988, se concentre sur l’herméneutique symbolique.
Aujourd’hui, au niveau général, on peut distinguer deux grandes phases. Tout d’abord, la principale de 1933 à 1988 et le nouveau cycle qui a commencé en 1989. Et ce, jusqu’en 2016. On y distingue différents professionnels. Dans les deux phases, l’objectif est l’exploration et l’approche de la dimension du symbolique et du sens de l’existence.
L’organisation continue de fonctionner aujourd’hui, bien que les grands événements annuels ne soient plus au cœur de l’activité de l’organisation. Les années de splendeur sont passées, mais la tâche qui consiste à relier les connaissances des différentes cultures demeure. L’organisation continue donc d’organiser des conférences et de produire du matériel dans le but d’un renouveau.
Les piliers du Cercle d’Eranos
La mission de l’organisation se fondait sur l’établissement de relations permettant l’échange de connaissances. Pour cette raison, lors des réunions annuelles, les participants dormaient, mangeaient et partageaient toutes sortes d’activités pendant 8 jours.
Chaque année, un thème et un orateur étaient choisis. A partir de là, les participants délibéraient ensemble. Cette synergie était portée par les organisateurs, qui formaient un triangle symbolique.
Rudolf Otto, le théologien
Rudolf Otto est un théologien protestant allemand qui s’est distingué par l’étude comparative des religions. C’est lui qui a choisi le nom de l’organisation et qui animait les discussions autour de la religion. Ses travaux se basaient sur l’étude des matières sacrées en tant qu’expériences humaines non rationnelles, qui se produisent dans toutes les cultures sous différentes formes.
Olga Fröbe-Kapteyn, la fondatrice
En plus d’être la fondatrice du cercle d’Eranos, cette spiritualiste et théosophe anglo-néerlandaise, était chargée d’accueillir tous les invités dans sa résidence, où se tenaient les réunions annuelles. Olga Fröbe-Kapteyn a étudié en profondeur les mystères de la philosophie et de la méditation indiennes.
Elle était activement liée aux principales idées de l’époque, comme la Gestalt. Ainsi qu’aux grands auteurs de l’interculturalisme, comme Richard Wilhelm.
Carl Gustav Jung, l’inspirateur
Il était peut-être le membre le plus éminent du Cercle d’Eranos en raison de son influence sur la pensée de l’époque. Le psychologue suisse qui formait le troisième pilier de l’organisation était considéré comme le grand inspirateur des thèmes et des réflexions qui avaient lieu au cours des réunions.
Jung a toujours ressenti une grande curiosité pour les différentes expressions culturelles. Il a ainsi théorisé sur leur connectivité dans l’idée d’un inconscient collectif. Sa participation était donc essentielle. En outre, l’échange multidisciplinaire a influencé nombre de ses œuvres majeures.
Cependant, peu à peu, des professionnels prestigieux ont rejoint l’organisation. Par exemple : le mythologue Joseph Campbell, le phénoménologue G. van der Leeuw et des psychologues comme E. Neumann, M. L. von Franz et J. Hillman.
L’étude du symbolisme
Les membres du Cercle d’Eranos étaient d’accord pour dire que les êtres humains sont tous unis par le symbolique, le primitif et le spirituel. Ces liens s’expriment cependant de manière désordonnée et cachée dans les différentes cultures, bien qu’ils soient biaisés par le dogmatisme unilatéral qui existe souvent en Orient et en Occident.
Leur but était alors très clair. Relier le symbolique, qui s’exprimait dans les idées moins rationnelles, comme celle de Dieu.
L’âme interactive
L’interprétation jungienne de la religion a eu une grande influence sur les autres penseurs du Cercle d’Eranos.
Jung a repris le concept de l’âme interactive de la philosophie aristotélicienne. Selon cette dernière, l’âme est en effet le moteur et la faculté de l’homme à connaître son environnement. D’autre part, les archétypes et l’inconscient collectif expliquent certains rôles et besoins spirituels qui transcendent les générations et l’histoire.
Ce que le cercle d’Eranos nous a laissé
La méditation étaient un des pilier d’une organisation qui tentait de dévoiler le lien entre l’homme, son âme et la nature. A partir d’une approche plurielle, qui n’a à aucun moment cherché à capitaliser sur une vision unilatérale, des ponts ont été construits entre le sens et les émotions.
Les thèmes abordés allaient de l’abstrait au transcendantal. Par exemple, l’adaptation de l’être humain à la cité, la migration et les défis des temps nouveaux.
Une référence contemplative
Un autre des grands héritages de l’organisation reste la capacité d’un groupe d’universitaires à repousser les limites de la connaissance. En effet, et contrairement à d’autres organisations qui se réunissaient pour discuter de certains sujets sous certains aspects immobiles, les membres du cercle trouvaient toujours dans leurs réunions une manière d’explorer l’inconnu.
Aujourd’hui, la mission de ce groupe transcende les frontières et la plupart des adeptes de l’école jungienne se disent ouverts à la contemplation de l’inconnu. Ce groupe de personnes, qui n’aurait pas trouvé leurs places dans d’autres organisations, a réussi à faire perdurer ses théories et à servir de guide à de nombreuses personnes aujourd’hui encore.
“L’homme est crucifié entre les opposés et souffre jusqu’à ce que vienne le tiers médiateur.”
– Carl G. Jung –
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- Steven M. Wasserstrom: Religion after religion. Gershom Scholem, Mircea Eliade, and Henry Corbin at Eranos. Princeton Univ. Press: Princeton, 1999.
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