La "surgénitalisation" des relations sexuelles
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Si on demandait à la plupart des gens ce qu’ils entendent par relations sexuelles, la plupart d’entre eux répondraient certainement la même chose. Vous y avez pensé également ? Probablement que le sexe est surtout une question de pénétration. Et, plus spécifiquement, implicitement même, la pénétration vaginale.
Si nous devions poser cette question dans pratiquement tous les pays du monde, la réponse serait probablement la même. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui fait que la plupart des gens associent les mots “relations sexuelles” à une pratique aussi concrète que la pénétration vaginale ? La réponse est qu’il y a une surgénitalisation des relations sexuelles. Développons ensemble dans la suite de cet article.
Relations sexuelles, érotiques ou génitales ?
En se souvenant de l’origine du mot sexe, nous pouvons constater qu’il fait référence à notre condition d’êtres sexuels. En d’autres termes, le sexe a plus à voir avec notre identité sexuelle qu’avec toute autre signification.
A partir de ce prisme, parler de relations sexuelles engloberait une très large série de comportements. A tel point que si l’on s’en tient au sens littéral de “relations sexuelles”, il s’agirait de toute relation où deux personnes interagissent alors qu’elles sont des êtres sexuels (serrer la main, avoir une conversation, un câlin, un baiser…).
Cependant, si nous repensons ce terme et le reconvertissons en “relations érotiques”, tout cela a beaucoup plus de sens. Étymologiquement, “sexuel” ne se réfère pas (seulement) à ce qui se fait dans l’intimité, mais, comme nous le disions, davantage à la notion d’identité sexuelle.
Ce “Eros” présent comme préfixe dans “érotique” est bien lui le signe d’une intimité entre des personnes sexuées, de leur désir et de leurs pulsions. N’oublions pas qu’Éros, ce dieu de la mythologie grecque, était responsable de l’attirance sexuelle, et son équivalent romain est Cupidon.
Aujourd’hui, même en reformulant le concept, nous l’associons encore à un type d’interaction intime : la pénétration. Les relations fondées sur la pénétration ne sont pas l’aboutissement ou le but de toute interaction intime.
Si tel était le cas, peut-être serait-il plus logique de les appeler relations génitales et non relations sexuelles ou relations érotiques. Mais la vérité, c’est que si nous ne les appelons pas ainsi, c’est parce que la pénétration ne constitue pas leur clef de voûte. Les relations érotiques ont tant de possibilités qu’il semble presque ridicule d’en considérer une seule.
Des attentes peu réalistes
Les idées sur les relations intimes sont souvent fortement influencées par de nombreux facteurs sociaux. Le cinéma ou la télévision nous ont appris que les parties génitales sont le seul moyen d’entrer en relation pour obtenir un vrai plaisir.
Et, bien sûr, la pornographie a aussi accentué cette surgénitalisation des relations érotiques. Le porno est rempli de dynamiques, de moments, de formes, de tailles et d’attitudes qui ne sont en aucun cas représentatives de ce qui se passe dans la réalité.
Si nous nous laissons emporter par ces influences et ne les remettons pas en question, nous vivrons très probablement nos relations intimes avec frustration.
Quand les parties génitales “échouent”, tout échoue
C’est vrai, les organes génitaux masculins et féminins peuvent échouer. À bien des égards, pour de nombreuses raisons, ils peuvent défaillir.
Au-delà des causes et des situations de ce problème, que se passe-t-il s’ils échouent ? La relation érotique est-elle terminée ? Nos relations érotiques sont-elles si fragiles qu’elles dépendent exclusivement de nos organes génitaux ? Non, bien sûr que non. Pour autant, la sur-énitalisation des relations sexuelles, ainsi que la croyance populaire, indiquent que oui et que cela produit toutes sortes de malentendus et de difficultés.
Curieusement et tristement, il est fréquent que l’homme, avant ou pendant une relation érotique, perde tout ou partie de son érection. Dans bien des cas, son partenaire attribue cette perte d’érection au fait qu’il n’y a aucun désir érotique envers lui ou elle. Cette situation nous révèle le surdimensionnement de la réponse génitale, puisqu’une plus grande validité est attribuée au comportement génital qu’au témoignage même de la personne sur le désir ou l’excitation qu’elle éprouve.
Nous passons à côté d’une infinité d’expériences agréables
Le prix que nous payons pour cette surestimation des relations sexuelles est très élevé. Si nous nous concentrons sur une seule pratique érotique, nous passons à côté de tout le reste.
Ce faisant, nous nous fermons à des sensations inconnues qui peuvent nous faire ressentir des plaisirs aussi ou plus intenses que la pénétration. De fait, s’ouvrir à la diversité des comportements érotiques contribue à améliorer notre connaissance de soi et notre puissance érotique.
De plus, il est faux que les hommes et les femmes veulent toujours avoir ce type de relation. En réalité, nous ne voulons ou ne devons pas systématiquement atteindre l’orgasme. Parfois, nous pouvons avoir besoin de prendre du plaisir dans différents contextes par le biais d’interactions différentes.
Idéalement, nous devons préalablement bien nous connaître nous-mêmes pour profiter de tous les plaisirs des relations érotiques. Et ce quelle que soit leur intensité, leur durée ou les pratiques qu’elles impliquent. Une éducation sexuelle adéquate devrait promouvoir cette connaissance de soi, afin que les gens deviennent plus indépendants et plus libres.
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