La résistance face au travail à son compte
Travailler à son compte est une option à la portée de n’importe quelle personne sachant réaliser un travail. Cependant, beaucoup sont ceux qui résistent à ce type d’option, même s’ils sont depuis longtemps au chômage ou n’ont pas de revenus qui leur permettent de vivre avec tranquillité.
C’est comme si le fait d’appartenir à une entreprise déjà constituée et d’avoir un chef leur donnait plus de tranquillité, de sécurité ou de bien-être psychologique, même si leur travail ne représente pas réellement une option pour se projeter et atteindre un plus grand équilibre économique. S’il est vrai que travailler à son compte implique des risques, il faut aussi savoir que ces risques sont contrôlables et gérables.
Il semblerait que le renoncement au travail à son compte soit davantage lié à certaines perceptions à propos du travail indépendant qu’à des possibilités ou limitations réelles. On voit surtout des aspects de type psychologique et culturel jouer un rôle important dans cette idée. Étudions maintenant cela de façon plus détaillée.
Le dilemme du travail à son compte
La décision de travailler à son compte implique la résolution d’un dilemme : autonomie vs incertitude. En général, la majorité des gens apprécient l’autonomie professionnelle. Ils pensent qu’ils pourront davantage tirer parti de leur travail, de leur temps ou de leur vie en dirigeant eux-mêmes leur activité. Gérer leurs horaires, décider de leurs priorités, etc.
Lorsque l’on travaille à son compte, on a effectivement cette autonomie. Cependant, en contrepartie, le travailleur reste exposé à une grande incertitude. Aucune entreprise n’est, à long terme, assurée de s’en sortir. Par ailleurs, s’il est aussi vrai que l’on bénéficie d’une plus grande indépendance, on voit aussi augmenter le niveau de responsabilité et l’obligation de décider.
Ce dernier aspect est peut-être celui qui influe le plus sur la résistance face à l’indépendance professionnelle. Il est toujours plus facile de voir un autre décider et être responsable des conséquences de ses décisions. Tout comme il est plus simple qu’un autre porte le poids de l’incertitude sur ses épaules. Il faut dire que toute entreprise, aussi solide soit-elle, peut mal finir. Ceci inclut les grandes industries, les grandes banques, etc.
La “sécurité” du travail salarié
Le rêve de beaucoup est d’avoir un bon travail salarié. Dans une entreprise solide, qui soit dynamique et garantisse un futur prospère sur le long terme. Ce schéma, d’influence paternaliste, est une option à laquelle ne peut accéder qu’une minorité de la population. Et il ne s’agit pas forcément des “meilleurs” car le hasard joue ici un grand rôle, à différents niveaux.
Celui qui vient d’une famille millionnaire ou d’un cercle fortuné a plus de chance d’avoir un excellent travail salarié grâce à ses contacts et pas nécessairement grâce à sa formation ou son talent.
De même, il peut arriver que les mécanismes de sélection ne soient pas nécessairement “justes”. Par exemple, une entreprise peut préférer des personnes plus jeunes (ou moins âgées ou avec d’autres caractéristiques) parce que cela coïncide avec sa politique. En fait, une personne avec un immense talent pourrait ne pas leur convenir.
Par conséquent, chercher ce grand emploi est peut-être une option extrêmement limitée. En outre, même si l’on y parvenait, l’économie mondiale est aujourd’hui très instable. Le renvoi de travailleurs est l’une des mesures les plus habituelles en temps de crise. Ainsi, dans la majorité des emplois salariés, il n’existe pas non plus de certitudes définitives.
L’indépendant et l’entrepreneur
Il est évident que, pour être entrepreneur, il faut une disposition spécifique. Mais personne n’a besoin d’être un grand entrepreneur pour travailler à son compte.
L’entrepreneur cherche à grandir, à se développer, à se capitaliser. Le travailleur à son compte, lui, ne veut pas nécessairement cela. Il cherche plutôt à générer des revenus de façon indépendante. C’est une modalité entrepreneuriale, mais elle n’implique pas de fonder une nouvelle entité en tant que telle.
L’idéal est qu’une personne décide de travailler de façon indépendante par plaisir et par conviction et non par besoin. Malheureusement, beaucoup n’envisagent cette option qu’après avoir cherché pendant très longtemps et ne pas avoir trouvé l’emploi de leurs rêves. Il s’agit là d’un autre facteur important qui suppose une résistance. Le travail à son compte ne représente parfois qu’une alternative disponible lors d’un moment de précarité alors que ce n’est pas le cas.
Parfois, nous n’apprenons à nager que lorsque nous tombons à l’eau. Nous découvrons alors qu’il s’agit d’un apprentissage définitif et nous finissions même par y prendre goût. La même chose se produit avec le travail à son compte. Il s’agit d’une option réelle, qui peut ouvrir de nombreuses portes.
Lorsque nous n’avons pas de travail mais résistons quand même à l’idée de travail indépendant, nous devrions nous demander si ce qui nous retient n’est autre que la peur, le préjugé ou le manque de confiance en nous-mêmes.
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- Morales, M. G. (2008). Análisis de las características que distinguen al trabajo por cuenta propia del empleo asalariado. Investig. Econ. la Educ., 3, 329-336.
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